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Ingrid Klämberg : Dialogue avec une sexologue adventiste en Suède. Ronald Strasdowsky
Comment êtes-vous devenue adventiste ? Ma mère était adventiste. Son exemple et ses paroles m'ont encouragée à abandonner ma vie à Christ et à rejoindre les rangs de l'Eglise. J'ai pris cette décision à 18 ans. Johnny, que j'ai rencontré quand j'avais 17 ans et qui plus tard devint mon mari, s'avéra être une influence positive dans ma décision personnelle. Nous avons étudié et décidé ensemble de devenir membres de l'Eglise. Pouvez-vous décrire une semaine typique de votre vie professionnelle ? Toutes les semaines, je travaille trente heures au centre d'assistance-jeunes et je donne six heures de cours d'éducation sexuelle au lycée local. Plus de 5 000 jeunes sont passés par notre centre l'année dernière. Personnellement, je rencontre de quinze à vingt jeunes tous les jours. Ces jeunes gens viennent chercher conseil auprès de mes collègues et de moi-même sur des sujets tels que l'utilisation des contraceptifs et des tests ou des traitements pour les maladies sexuellement transmissibles. Les jeunes couples veulent parler d'une grossesse possible, et de leur relation. D'autres hésitent entre l'avortement et garder le bébé. Une fois par semaine je donne aussi des consultations privées pour les plus de 25 ans. A quels défis devez-vous faire face dans votre travail ? Un bon nombre des jeunes gens qui passent par notre centre viennent de familles séparées et de foyers déchirés. Tout en expérimentant leur sexualité, ils luttent pour leur propre identité. Ils passent par le rejet, la colère, la douleur émotionnelle et la solitude. Ils posent toutes sortes de questions : « Suis-je normal ? » « Mes parents sont en train de divorcer, pourquoi ? » « Qu'est-ce que je peux faire de ma vie ? » Les cas les plus difficiles sont ceux des filles violées et des victimes de l'inceste. C'est dur d'être jeune aujourd'hui ! Parfois je suis bouleversée et triste parce que les jeunes ne prennent pas garde à eux-mêmes et s'attirent des problèmes. Ils manquent de principes fermes. On dirait que certains pensent : « Ça ne m'arrivera jamais ! » ou « Je n'attraperai jamais de maladie et je n'aurai jamais de grossesse non désirée. » Je suis aussi atterrée par le nombre de jeunes adolescents qui souffrent de maladies sexuellement transmissibles. Comment réagissez-vous à ces cas douloureux ? Quand, le soir venu, je ferme la porte du centre, je ne peux pas y laisser la douleur et les problèmes. Ils ne cessent de tourner dans ma tête. Je rêve même parfois de certains jeunes qui comptent beaucoup pour moi. Heureusement, j'ai une famille formidable, très compréhensive, qui m'apporte chaleur et soutien. Je cherche aussi à vivre près de Dieu et à lui parler en prière. Nous avons tous besoin de quelqu'un qui veuille bien nous écouter quand nous sommmes contrits, en colère ou en proie à la confusion. Une fois par mois, je discute avec un psychologue des cas difficiles que je rencontre au centre. Qu'est-ce qui vous apporte satisfaction dans votre travail ? Pouvoir aider un jeune à prendre sa vie en charge et à la reconstruire sur de solides fondations morales, malgré les déceptions et les erreurs. C'est tellement encourageant de voir quelqu'un faire des progrès et guérir ! Vos convictions chrétiennes jouent-elles un rôle dans votre vie professionnelle ? Tout le monde dans la région sait que je suis adventiste du septième jour. En fait, il arrive souvent que des jeunes filles qui viennent au centre demandent à parler avec « la sage-femme chrétienne ». Mon travail au centre en tant que conseillère sur la sexualité m'a fait ressentir un besoin plus profond de la sagesse et des directives de Dieu. Tous les jours, il m'aide à conseiller et à encourager les jeunes qui viennent vers moi avec leurs questions et leurs problèmes. En tant que chrétienne, comment envisagez-vous la dimension sexuelle de votre vie ? La sexualité est un cadeau de Dieu et nous devons en prendre bien soin. Au sein d'une relation d'amour, c'est une source de joie qui favorise une union spirituelle profonde entre mari et femme. Quelles questions les jeunes chrétiens vous posent-ils d'habitude ? Pourquoi les chrétiens associent-ils le sexe avec le péché ? Pourquoi est-il mauvais d'avoir des relations sexuelles avant le mariage ? Si deux personnes s'aiment vraiment et projettent de se marier, pourquoi devraient-elles s'abstenir de relations sexuelles ? Même si la Bible condamne la promiscuité sexuelle, pourquoi les chrétiens la voient-ils comme l'un des péchés les plus graves ? Quels conseils donneriez-vous à nos lecteurs, dont la plupart sont encore célibataires, en ce qui concerne leurs relations mutuelles ? Développez vos propres convictions, fondées sur la Bible, et tenez-vous fermement à vos principes. Ne cédez pas à la pression des autres. Dans vos relations mutuelles, traitez-vous avec respect, comme des créatures de Dieu. Ne nouez pas une relation intime que vous regretterez plus tard. Souvenez-vous que chaque pas que vous faites dans le domaine de la sexualité affectera le reste de votre vie. Si vous faites une erreur, demandez à Dieu son pardon et sa force pour changer de comportement. Faire l'amour, c'est donner une partie de vous-même à quelqu'un. Soyez très prudent avec ce cadeau, parce que vous ne pourrez jamais le reprendre. Dans la salle d'attente de notre centre d'assistance-jeunes, il y a des stylos et du papier à l'intention de ceux qui veulent écrire quelque chose pour préparer leur visite. Une jeune femme a écrit récemment : « La vie est vide sans toi. J'ai l'impression qu'un morceau de moi est encore avec toi. S'il te plaît, aide-moi à le récupérer pour que je me sente bien de nouveau ! » Jeunes gens et jeunes filles envisagent-ils le sexe différemment ? J'ai rarement rencontré un jeune homme célibataire regrettant son premier rapport sexuel, mais la plupart des jeunes femmes le regrettent. Je me souviens d'une jeune chrétienne qui, très amoureuse, croyait que son histoire d'amour durerait toute la vie. Elle faisait tellement confiance à son petit ami qu'ils s'engagèrent sexuellement. Puis tout à coup, leur relation prit fin. Elle était effondrée. Au lieu d'une expérience amoureuse qui s'approfondit, elle ne voyait plus que douleur et rejet. Parlez-nous de votre famille. Mon mari est homme d'affaires, et nous avons deux enfants d'une vingtaine d'années. Patrik, notre fils, est marié. Sa femme et lui nous ont récemment donné notre première petite-fille. Quelle joie ! Notre fille Cecilia est infirmière. C'est une grande voyageuse, douée pour les langues. Dieu m'a bénie d'une famille formidable. Comment conciliez-vous votre travail avec vos autres responsabilités ? J'ai découvert que si vous donnez à Dieu le meilleur de votre temps -- par l'étude, la prière et le service -- il vous accorde assez de temps et d'énergie afin de poursuivre les autres buts de votre vie. Où en est l'Eglise adventiste du septième jour en Suède ? Nous sommes 3 300 adventistes dans un pays d'environ huit millions d'habitants. Nous gérons deux centres médicaux et un internat d'enseignement secondaire, Ekebyholmsskolan, où je vais souvent parler. Dans la situation actuelle, notre Eglise ne grandit pas comme nous le souhaitons. Notre assemblée de Boras est assez dynamique, avec beaucoup de jeunes gens et de jeunes familles. Nous accordons une attention spéciale aux activités de jeunesse. Il y a aussi quelques étudiants qui vont à l'Université de Göteborg. Par expérience, nous savons que si nous consacrons du temps à nos enfants et à nos jeunes, en les faisant participer à la vie de l'église, la plupart adopteront notre foi et resteront eux-même attachés au message et à la mission que nous aimons tant. Interview par Ronald Strasdowsky. Ronald Strasdowsky (Ph.D., Université de Freiburg) est directeur du département de l'Education et représentant de Dialogue à la Division eurafricaine, à Berne, en Suisse. Adresse de Mme Klämberg : Kvarnberga Pl 5508 ; 505 94 Boras ; Suède. |