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Le stress de l’étudiant : peut-on le contrôler ?

Gabriel, un étudiant en deuxième année de commerce, n'en pouvait plus. Il n'arrivait pas à se concentrer. Bien que son manuel soit ouvert devant lui, ses pensées s'égaillaient en tous sens. Il était en retard dans ses devoirs et dans ses lectures. La date fatidique d'un compte-rendu sur les stratégies de commercialisation d'une entreprise qu'il n'avait pas encore visitée approchait. Dans deux semaines, il y aurait un examen, et il avait encore des cours, son travail à temps partiel et sa vie sociale.

En outre, il y avait d'autres signes. Gabriel ne dormait pas bien. Il se sentait débordé et médiocre. Parfois même, des pensées suicidaires lui traversaient l'esprit.

Assurément, il avait besoin d'aide, avant que le problème ne s'aggrave davantage. Il se laissa persuader de consulter un conseiller d'expérience. Après quelques semaines de ce traitement, Gabriel avait repris le contrôle de sa vie.

Qu'est-ce qui n'allait pas chez Gabriel ? Ce n'était pas une dépression. Du moins pas encore. Son problème, c'était le stress, l'un des maux communs de la vie estudiantine. Mais comment son traitement l'a-t-il aidé ? Comment l'a-t-on empêché de tomber dans la dépression ? Que feriez-vous dans des circonstances similaires ?

Le stress, comment se produit-il ?

Le stress est une réaction physiologique de notre corps lorsque nous sommes sous pression. La tension provoquée est physique et psychologique.

Lorsque nos sens, notre mémoire ou une combinaison des deux nous avertissent d'une situation stressante, l'organisme tout entier se prépare à faire face au danger. Le stimulus peut être réel (par exemple : une voiture brûlant un feu rouge sous votre nez) ou symbolique (se faire du souci au sujet de l'entrevue du lendemain pour un emploi). Mais les réactions physiologiques sont les mêmes : lutte ou fuite.

Qu'est-ce qui déclenche ces réactions ? C'est l'hypothalamus, un petit centre nerveux à la base du cerveau qui contrôle plusieurs fonctions vitales du corps. Il reçoit les impulsions qui transmettent un message d'alarme. Pour s'assurer que le message arrive à destination, il utilise deux moyens de communication indépendants. Premièrement, l'hypothalamus agit au moyen des nerfs, utilisant le système nerveux sympathique, et deuxièmement, il agit via la circulation sanguine pour atteindre le système corticosurrénal.

Le système nerveux sympathique, ayant reçu l'ordre de l'hypothalamus, transmet le message d'alarme via les nerfs vers plusieurs muscles et vers la partie centrale de la glande surrénale, qui sécrète de l'adrénaline et de la noradrénaline. Ces hormones intensifient l'état d'excitation.

L'hypothalamus stimule aussi l'hypophyse, qui produit l'hormone corticotrope (A.C.T.H.), aussi appelée « hormone du stress ». Elle est transportée par le sang jusqu'au cortex surrénal (l'enveloppe de la glande surrénale) et dans d'autres glandes endocrines. Les effets sont immédiats. Une émission d'environ trente hormones produit les effets suivants :

  • Augmentation de la pression sanguine et des battements du coeur
  • Accélération de la respiration
  • Dilatation des pupilles
  • Augmentation de la transpiration
  • Augmentation des taux de sucre dans le sang
  • Formation accélérée des caillots sanguins en cas de blessure.
  • Diminution de l'activité gastro-intestinale
  • Changements au niveau de l'épiderme (chair de poule, changements dans sa composition chimique, par exemple)

Quand les situations stressantes sont fréquentes, certaines fonctions (surtout les systèmes gastro-intestinal et cardio-vasculaire) en souffrent, et les risques de contracter une maladie augmentent.

En plus des dangers pour la santé, le stress a aussi des effets sur le comportement et sur la psychologie.

Les situations stressantes sont-elles toujours négatives ?

Malgré les risques, le stress n'est pas entièrement indésirable. La plupart des spécialistes sont d'accord pour dire qu'une dose modérée de stress facilite l'accomplissement des tâches. Hans Selye, l'un des pionniers de la recherche sur le stress, a affirmé que son absence complète pourrait entraîner la mort.1

Les premières expériences sur des animaux ont montré qu'une toute petite mesure de stress réduisait la qualité de la performance. Quand la tension est modérée, la performance atteint les niveaux de qualité les plus élevés. Enfin, si le stress est intense et prolongé, la qualité de la performance décroît. C'est ce qu'on appelle la loi Yerkes-Dodson (figure 1).2

On observe aussi ce principe chez les êtres humains. Imaginons deux étudiantes ayant environ les mêmes capacités et une motivation initiale similaire. La première reçoit de sa famille un soutien financier inconditionnel. La seconde reçoit une bourse à condition qu'elle ait continuellement de bonnes notes. Il est probable que la mesure modérée de stress causée par la bourse conditionnelle permettra à la seconde étudiante d'obtenir de meilleurs résultats que sa camarade.

Est-il surprenant que les plus grandes réussites soient réalisées dans le contexte d'une forte compétition ou quand l'objectif est difficile à atteindre ? Le stress donne cette dose d'énergie supplémentaire qui permet d'exceller.

Les effets du stress

Mais qu'arrive-t-il lorsqu'on est soumis à un degré de stress important ? Ou si le stress n'est pas particulièrement intense, mais qu'il dure des mois, voire des années ? Dans de telles conditions et selon de nombreuses études psychologiques, les effets peuvent être catastrophiques. Des soldats sont morts au front non pas sous les balles, mais à cause d'une dose de stress intolérable provoquée par la peur. P. G. Zimbardo rapporte le cas d'une jeune femme admise à l'hôpital parce qu'elle avait peur de mourir.3 Plusieurs observations et tests cliniques ne révélèrent aucun trouble physique. Cette personne est morte le lendemain. Plus tard, on apprit que quelqu'un avait prédit qu'elle mourrait avant l'âge de 23 ans ; elle était morte deux jours avant son vingt-troisième anniversaire. Sa propre peur l'avait tuée.

Des cas comme celui-ci, même s'ils illustrent les effets de situations intensément stressantes, sont rares. Pourtant il est plus fréquent de voir des gens qui s'en sortent mieux grâce au stress dans leur travail, leur famille ou leurs études. Dans ces cas-là, quels sont les effets du stress ?

Pour les étudiants, les effets du stress sur leurs capacités d'apprentissage ont un intéret tout particulier. Le tableau 1 montre les domaines de la cognition particu-lièrement affectés par des conditions stressantes. La personne soumise au stress devient nerveuse, hypocondriaque, moins tolérante ; elle perd patience et est envahie de sentiments de médiocrité ; elle a peu d'estime de soi. Enfin, ses attitudes et ses comportements se modifient. Ses relations avec autrui en souffrent, ses cycles de sommeil en sont bouleversés ; son utilisation de l'alcool, du tabac et d'autres drogues devient incontrôlable et elle recule devant le travail ou les études.

Comment faire face au stress

1. Se connaître soi-même. L'une des principales sources de stress est la personne elle-même. Certains, à cause de leur personnalité, sont plus vulnérables au stress que d'autres dans les mêmes conditions de pression. Le tableau 2 présente un certain nombre de caractéristiques des types de personnalité A et B. Ce sont les cardiologistes Lazarus et Folkman qui ont suggéré cette terminologie, très utilisée aujourd'hui.4 Les sujets du type A courent de grands risques de contracter des troubles cardiaques, alors que le risque est bien moindre pour ceux du type B.

Mais pouvons-nous changer notre type de personnalité ? La personnalité a une forte composante génétique, et se forme en grande partie lors de nos premières années. Cependant, on peut opérer des changements en se fixant des objectifs et en faisant des efforts soutenus. Une personne de type A peut se fixer des objectifs (par exemple contrôler ses pensées hostiles, être tolérante, pratiquer la relaxation, etc.) et les atteindre avec de la persévérance et de la maîtrise de soi.

2. Utiliser des techniques d'étude efficaces. Une source de stress importante chez les étudiants est le manque de techniques d'étude spécifiques et efficaces. La frustration s'installe lorsqu'on essaye de mener de front plusieurs tâches (les lectures, les notes de cours, les comptes-rendus, les examens, etc.). Cette frustration devient particulièrement intense lorsqu'on ne possède pas de technique d'étude efficace. Les étudiants peuvent prévenir le stress s'ils maîtrisent ces techniques, qui incluent : lire rapidement, souligner, synthétiser, prendre des notes, mémoriser, se préparer aux examens et savoir écrire sur un sujet donné. Un exemple très simple qui a aidé des milliers d'étudiants des premier et deuxième cycles est la méthode AQLRT5 pour étudier les chapitres d'un livre ou d'un manuel (tableau 3).

3. Apprendre à gérer son temps. Une bonne gestion du temps est un outil efficace contre le stress. Souvent, les étudiants négligent cet aspect, et conséquemment ils sont parfois soumis à une dose de stress intolérable. Voici quelques principes de gestion du temps applicables aux études :

  • Faites une liste de toutes les tâches qui doivent être accomplies à peu près en une semaine.
  • Répartissez-les en journées et tranches horaires précises. N'hésitez pas à éliminer ce qui est le moins nécessaire. Il vaut mieux, pour un examen, étudier les trois quarts de la leçon intensément plutôt que d'être frustré en essayant de l'apprendre entièrement mais super-ficiellement.
  • Prévoyez du temps pour des activités imprévues. Si elles ne se présentent pas, vous aurez du temps en plus pour étudier.
  • Evitez les distractions. Une fois que vous avez alloué un moment à une activité particulière, réservez-le à l'accomplissement de cette activité comme s'il était sacré. Le fait d'ignorer les distractions peut les amener à disparaître.
  • Prenez du temps pour vous détendre. L'exercice physique, les échanges avec des amis ou de la famille et les moments intimes avec Dieu sont nécessaires même pendant les périodes chargées de la vie estudiantine.

4. Etablir de solides relations avec autrui. Les relations humaines sont une source importante de stress à tous les niveaux et à tous les âges. Les étudiants ne font pas exception à la règle. Amis, camarades, conjoints, famille, professeurs, parents, enfants et voisins peuvent être à l'origine de grandes satisfactions mais susciter aussi de nombreux maux de tête, selon la qualité de la relation. Il est virtuellement impossible d'assimiler un travail scolaire ou même de se concentrer si l'on est en conflit avec quelqu'un.

Toutefois, les relations personnelles (par exemple avec leur conjoint ou un ami proche) et les réseaux sociaux de soutien (église, lieu de travail, etc.) peuvent apporter du réconfort à ceux qui souffrent du stress. C'est là que l'attitude personnelle peut faire une différence. Les objectifs chrétiens -- être en paix avec tout le monde (Romains 12 : 18), régler les disputes avant de s'approcher du Seigneur (Matthieu 5 : 23, 24), etc. -- sont d'une valeur inestimable pour l'équilibre mental.

5. Gérez vos finances correctement. Pour de nombreux étudiants, les finances constituent un domaine stressant. Celui qui ne sait pas comment il paiera ses factures n'est pas dans un état mental favorable à l'étude. La meilleure façon de faire face à ce problème est de l'éviter en prévoyant ses dépenses et en gérant son budget de manière adéquate. Si les ressources financières sont insuffisantes, il vaut mieux en trouver d'autres avant d'entreprendre des études.

6. Préparez-vous bien pour vos examens. Les examens, en particulier les examens finaux, sont une source énorme de stress et de troubles émotionnels. Shirley Fisher, professeur de psychologie à l'Université de Strathclyde à Glasgow, a administré un certain nombre de mesures psychonévrotiques à des étudiants écossais avant et après des examens finaux.6 Le taux d'anxiété et le degré d'obsession augmentaient pendant les semaines précédant les examens. Après ceux-ci, elle a remarqué une augmentation des taux de dépression, peut-être due au fait de réfléchir sur des erreurs et de discuter avec des camarades. On peut éviter une bonne partie du stress dû aux examens (tableau 4).

La composante spirituelle

Un collègue qui travaille en tant que psychothérapeute à plein temps dans une clinique de renom m'a parlé des techniques maison que beaucoup de ses clients utilisent pour parer à leurs problèmes. Il m'a dit que certaines personnes très cultivées usent de méthodes incroyablement superstitieuses. Des gens terrifiés par l'avion mais obligés de le prendre tiennent des mascottes ou des porte-bonheur quand ils pénètrent dans la cabine. Au moment du décollage, ils les serrent de près. Mon interprétation personnelle immédiate a été : « Quand la situation échappe à tout contrôle, on ressent le besoin de puiser de l'aide dans le surnaturel. Beaucoup ne croient pas en Dieu ; alors, dans leur besoin, ils se tournent vers les amulettes. »

Quel contraste avec le chrétien qui, lorsqu'il a peur de prendre l'avion, offre une prière silencieuse au Créateur, faisant confiance à son amour, son attention, sa puissance et sa sagesse !

Les êtres humains ont besoin du soutien divin en période de conflit. Faire confiance à Dieu le Créateur, source de toute vie, est la manière la plus sûre de répondre à ce besoin fondamental. Une relation spirituelle avec Dieu est le meilleur remède contre le stress. C'est une expérience subjective mais très réelle pour ceux qui la vivent.

Il y a deux genres de soutien spirituel. Ils sont tous deux nécessaires : personnel et collectif. Le premier se réalise au travers d'une relation intime avec Dieu -- lui parler comme à un ami. La prière et l'étude de sa Parole apportent soulagement à celui qui est tourmenté émotionnellement. Le second se trouve dans l'adoration collective et la communion fraternelle. Notre foi en est affermie et nous sommes soutenus par le sentiment d'appartenir à une famille spirituelle.

Si Dieu est assez sensible pour remarquer la vie ou la mort d'un passereau (Luc 12 : 6), il s'occupera indubitablement d'un étudiant stressé.

Julian Melgosa (Ph.D., Andrews University) dirige le programme de maîtrise en éducation à Newbold College et enseigne aussi à l'Open University d'Angleterre. Il est l'auteur du livre ¡Sin estrés! (Madrid, Espagne : Editorial Safeliz, 1994). Son adresse : Newbold College ; Binfield, Bracknell, Berks. RG12 5AN ; Angleterre.

Notes et références

1.    Voir H. Selye, The Stress of Life (New York : McGraw-Hill, 1956).

2.    R. M. Yerkes et J. D. Dodson : « The Relation of Strength of Stimulus to Rapidity of Habit Formation », Journal of Comparative Neurological Psychology, 18 (1988), p. 459-482.

3.    Voir P. G. Zimbardo, Psychology and Life, 10e édition (Glenview, Illinois : Scott Foresman, 1979).

4.    Voir R. S. Lazarus et S. Folkman, Stress Appraisal and Coping (New York : Springer, 1984).

5.    Voir R. L. Atkinson, R. C. Atkinson, E. E. Smith et D. J. Bem, Introduction to Psychology, 11e édition (Fort Worth, Texas : Harcourt Brace College Publishers, 1993).

6.    Voir S. Fisher, Stress in Academic Life : the Mental Asssembly Line (Milton-Keynes : SRHE et Open University, 1994).


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