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Mary Atieno Ang’awa : Dialogue avec un juge adventiste d’une cour suprême au Kenya W. Ray Ricketts
Juge Angawa, veuillez nous parler de votre milieu. Je suis née dans une famille adventiste à Mombasa, la ville portuaire du Kenya. Jai fait mes études élémentaires à Maxwell Adventist Preparatory School à Nairobi, et plus tard jai continué ma scolarité dans les écoles publiques. En tant que femme juge dans une partie du monde où la prédominance masculine est courante, comment vivez-vous cela ? Il ny a aucun problème. Je parle explicitement des magistrats. Là, je suis une professionnelle, acceptée comme faisant partie des leurs. Quelles sont vos responsabilités ? Je suis juge « Puisne », ce qui est la même chose quun juge de cour dappel. Tous les procès des tribunaux subalternes me viennent en appel. Je siège aussi à la cour de première instance. Je peux entendre tout ce qui concerne nimporte quelle affaire à lintérieur du Kenya, dans des cas de meurtre comme dans dautres procès, quil sagisse de cas de justice pénale ou de justice civile. Vous êtes connue comme un juge qui ne se laisse pas faire. Et vous êtes à la fois juge et adventiste ; cela ne vous met-il pas parfois dans des situations difficiles ? Oui, si jai un adventiste debout devant moi au tribunal à cause dune dispute quil a pu avoir avec quelquun... Je crois quen tant que chrétiens nous devons être les premiers à nous réconcilier avant que laffaire narrive au tribunal. Nest-ce pas le conseil de la Bible et de lEglise ? Je pense quune telle réconciliation devrait être recherchée même lorsque laffaire implique un adventiste et un non-adventiste. Cependant, quand je constate que lune des parties en dispute est un membre de mon Eglise, jessaye en général de soumettre laffaire à un autre tribunal. Est-ce quun adventiste a le droit de venir devant un tribunal pour rechercher une solution constitutionnelle en ce qui concerne lobservation du sabbat ? Bien sûr, parce quil sagit dun droit fondamental. Malheureusement, nos membres au Kenya nont jamais vraiment beaucoup utilisé le tribunal pour défendre leur liberté religieuse. Ils préféreraient être licenciés plutôt que de travailler le sabbat. Pourtant, les cours de justice sont au service du public. En 1993, par exemple, plusieurs jeunes filles adventistes ont été renvoyées de leur école parce quelles refusaient daller aux cours le sabbat. LAssociation des juristes adventistes sest impliquée, et lun deux a présenté laffaire en justice. Les jeunes filles ont pu être réintégrées. En tant que juge, quelle satisfaction trouvez-vous dans votre travail ? Je mestime heureuse lorsque deux personnes me présentent leur querelle, puis rentrent toutes deux chez elles satisfaites du verdict. Lune des deux a perdu, bien sûr, car tel est le système judiciaire. Mais si elles repartent en se disant : « Au moins nous avons eu un procès équitable », voilà ma récompense. Quelle importance a lEglise dans votre vie ? Peut-être que votre question devrait être : « Quelle importance a Dieu pour vous ? » Dieu a la première place dans ma vie. Jai fréquenté une école primaire adventiste, mais je nai donné ma vie à Christ que plus tard. Mon père est mort pendant mon adolescence. Cette expérience ma cruellement désappointée, et ma première réaction a été de rejeter le Christ. Jai découvert plus tard quil ny avait personne vers qui je pouvais me tourner, à part Jésus ; par conséquent, avant de partir pour luniversité, jai accepté Jésus et jai été baptisée. Mon expérience à luniversité a été bonne parce quelle ma appris à apprécier la liberté tout en étant responsable de mes actions. Le ministère adventiste sur le campus ma fourni de la nourriture spirituelle ainsi que de la vigueur. Vivre sur un campus séculier vous fait apprécier davantage les joies de la réunion du vendredi soir et du culte du sabbat. Votre expérience avec Dieu, dans quel sens est-elle impressionnante ? Au cours de ma vie, jai fait lexpérience merveilleuse de voir Dieu me guider. Je sais quil sest occupé de moi. A la faculté de droit, jai vu comment Dieu ma permis de réussir un examen alors que je navais pas suivi les cours donnés le sabbat. Depuis, jai pris un engagement devant Dieu, celui de me confier en lui dans toutes mes tentatives. Jai aussi fait lexpérience des directives divines dans ma vie professionnelle. Il ma donné à plusieurs reprises des occasions de croître et de servir. Pouvez-vous nous parler de votre rôle dans lEglise ? Dans le passé jai été très impliquée dans les activités de léglise comme celles de lécole du sabbat, la jeunesse, les explorateurs, et les projets de construction de temples. Plus récemment, jai contribué à la fondation de lAssociation des juristes adventistes au Kenya. Nous sommes en ce moment en train de coordonner le « Trust Service Program » pour lUnion de lAfrique de lEst. Jenseigne toujours une classe décole du sabbat dans mon église locale. La participation par le travail pour lEglise est très importante pour moi. Je la compare à la combustion du bois dans une cheminée. Prenez un morceau de bois qui a brûlé, et mettez-le de côté. Que se passe-t-il ? Il séteint, même si les flammes dans la cheminée continuent à brûler. De même, pour rester spirituellement en vie et ardents pour le Seigneur, nous devons participer aux activités de léglise locale. Je suis une personne privée. Je suis célibataire. De plus, professionnellement, je ne peux pas me lier avec les plaideurs. Cest pourquoi je trouve la vie de mon église encore plus importante. Est-ce que vous trouvez du temps pour dautres activités ? Je fais partie de plusieurs organisations professionnelles et je moccupe en ce moment dorganiser sous les auspices de lEglise lAssociation adventiste des laïcs, dans le but de coordonner les activités missionnaires et dassurer la participation de tous les membres. Je suis aussi la directrice-fondatrice de SANAGA, une organisation non gouvernementale qui aide les déshérités, et en particulier les femmes et les enfants. Tout à lheure, dans notre conversation, vous avez mentionné le soutien que vous avez reçu des ministères adventistes pendant vos études. Quelle est la situation de ce programme au Kenya ? Quand jétais à luniversité dans les années 70, le programme des ministères sur les campus était peu développé. Nous avions une université au Kenya, luniversité de Nairobi, avec seulement quelques étudiants adventistes. Aujourdhui, on estime que 2 500 à 3 000 adventistes étudient dans les cinq universités publiques sur leurs 15 campus. Environ 1 500 jeunes sont impliqués dans les activités promues par les ministères sur le campus, qui sont dirigés par deux aumôniers employés à plein temps. Notre Eglise ne gérant pas assez décoles secondaires pour notre jeunesse, un programme de campus adventiste vise les étudiants qui fréquentent les écoles secondaires publiques ainsi que dautres institutions similaires. Ce programme est dirigé par huit aumôniers. LEglise doit continuer à soccuper avec attention des besoins de nos étudiants qui font leurs études dans des institutions publiques. Elle doit fournir les budgets adéquats pour fortifier cet important ministère. Parlez-nous un peu de lEglise adventiste au Kenya. Pendant ces deux dernières années, jai eu beaucoup de chance dhabiter à Nyori, une localité rurale aux contreforts du mont Kenya. Il y a beaucoup de petites églises dans les environs. Oh ! combien les membres sont ardents et zélés pour le Christ ! Pour donner un exemple, un contingent important de nos jeunes ont abandonné leur carrière pour devenir représentants-évangélistes. A côté de la vente de livres religieux et médicaux, ces jeunes représentants ont formé des équipes dévangélisation et ils prêchent le Christ à la population de cette région. Des églises sont en voie de formation dans des endroits où lEvangile navait pas encore pénétré. Nombreux sont nos membres déglise qui donnent de leur temps et de leurs maigres ressources pour assurer la proclamation de lEvangile. Cependant, malgré le louable esprit de sacrifice de nos membres, il y a des moments où le travail est entravé à cause du manque de fonds. Quoique lEglise au Kenya compte actuellement plus de 400 000 membres (lUnion de lAfrique de lEst est lune des plus nombreuses parmi les unions de lEglise adventiste), il y a encore beaucoup dhommes et de femmes sincères qui doivent être conduits au Seigneur. Ce sera accompli avec la bénédiction de Dieu, lorsque les ouvriers de léglise et les membres laïcs suniront et avanceront ensemble. Interview par W. Ray Ricketts. W. Ray Ricketts est directeur des ministères sur les campus pour lUnion de lAfrique de lEst. Il travaille pour les étudiants adventistes qui fréquentent les universités publiques du Kenya. Adresse du juge Angawa : c/o Elder W. Ray Ricketts ; P.O. Box 42276 ; Nairobi ; Kenya. |