|
||||||
|
||||||
Sir James Carlisle : Dialogue avec le Gouverneur Général d’Antigua et Barbuda Delvin Chatham
Sir James, quelles sont vos racines religieuses ? Mes parents sont anglicans, et certains membres de ma famille sont méthodistes. Jallais à léglise anglicane le dimanche matin, et laprès-midi, javais plaisir à me rendre à lécole du dimanche de léglise méthodiste. Quest-ce qui vous a attiré vers ladventisme ? Deux facteurs surtout : la vérité du sabbat et les possibilités davancement dans le milieu adventiste. Dans mon adolescence, jétudiais la Bible avec beaucoup dintérêt, quelquefois en compagnie damis adventistes. Ce qui impressionna le plus mon esprit et mon cur fut la découverte que le jour de repos biblique est le samedi, et non le dimanche ; et suivre Christ jusquau bout signifiait garder et sanctifier le sabbat. Je ne pus passer outre très longtemps à cette découverte ; bientôt, je décidai de res-pecter le sabbat, malgré les objections de ma famille et de mes amis anglicans. Le deuxième attrait du message est linsistance que les adventistes, plus que dautres chrétiens, donnent à une éducation qui englobe lêtre tout entier. Jai été frappé par le fait que les jeunes formés par les adventistes progressaient tant sur le plan intellectuel, social, économique, que professionnel et autre. Quelles furent les conséquences de votre décision de devenir adventiste ? Aussitôt devenu adventiste, je fus touché par un amour pour la vérité et la connaissance. Bien entendu, la Bible était au centre de mon intérêt pour létude ; connaître la volonté de Dieu pour ma vie devint une priorité. Ladventisme engendra aussi en moi un amour des études supérieures. Entrer dans le cycle tertiaire dépassait mes possibilités financières, vu la pauvreté de mon milieu dorigine, mais ladventisme introduisit dans ma vie le colportage en même temps que la dignité du travail. Je distribuai des publications adventistes et appris à accepter tout travail. Au lieu de poursuivre mes études à Antigua, jai atterri en Angleterre. Pourtant, la vie nétait pas rose. Jaurais voulu enseigner, mais le système scolaire était différent. Aussi je me contentai de petits boulots et fréquentai les cours du soir. Je rentrais un jour chez moi fatigué, gelé, affamé et découragé la tête vide de tout. En traversant la route, je faillis être renversé par une voiture. Soudain, je me rendis compte où jétais. Je levai les yeux et vis une affiche invitant les jeunes gens à sengager dans larmée de lair de sa Majesté en échange de linstruction. Je me suis enrôlé et jai décidé de devenir dentiste. Un véritable dentiste ? Pas tout à fait. Je devais dabord être entraîné pour larmée, mais jeus la possibilité de choisir une profession qui me permettrait de trouver un emploi dans le civil. Jappris très vite les techniques paramédicales. A la fin de mon service dans larmée, je soumis mon application pour des études de dentiste à luniversité. La compétition était serrée, mais lexpérience acquise me donnait un petit avantage sur les autres et je fus accepté. Cest ainsi que je devins dentiste et retournai à Antigua. Votre foi croissait-elle aussi ? Pas vraiment. A larmée, je me suis refroidi. Jai délaissé le Seigneur. Ladventisme nétait plus la force motrice de ma vie. Mais à mon retour au pays les choses changèrent. Une voix intérieure minvita à réintégrer mon véritable foyer. Cette fois, je fis lexpérience dune nouvelle naissance authentique. Je décidai douvrir un cabinet dentaire chrétien. Ma femme soccupait de la comptabilité. Le Seigneur bénit notre entreprise. Et il affermit notre foi. Nous nous sommes tous les deux engagés dans des activités déglise et dans des programmes de service à la communauté. Quand vous avez été nommé gouverneur, quelle fut votre réaction ? Lincrédulité. Je suis issu dune famille très simple. Je naurais jamais espéré atteindre une telle position. Ma famille et moi en avons fait un sujet de prière. Les exemples de Joseph, Daniel, Esther, Néhémie nous vinrent à lesprit. Notre vie ne nous appartient pas. Elle est à Dieu, et cest à lui de la planifier. Tout ce que Dieu nous demande, cest de nous soumettre à lui. Vous a-t-il été facile daccepter cette fonction ? Si seulement cela pouvait être vrai ! Jai encouru lopposition au sein de lEglise et au dehors. Les membres remettaient en question ma foi et mon engagement : Que ferez-vous sil y a une visite royale le jour du sabbat ? Pouvez-vous rester véritablement adventiste tout en poursuivant une carrière politique ? Comment pouvez-vous servir deux maîtres ? Et en dehors de lEglise, on se demandait si je naccorderais pas trop dimportance aux adventistes. Dans un cas comme dans lautre, une chose était claire pour moi. Dieu est le Maître de lunivers, et quand il appelle de simples individus comme nous à servir, il a un but, et il donne la force dy tendre. Une seule question doit diriger notre conduite : Sommes-nous soumis aux plans de Dieu ? Je crois que notre Eglise devrait communiquer à tous ses membres, particulièrement à ses jeunes gens et jeunes filles, la notion que quel que soit notre domaine professionnel, aussi longtemps que nous sommes en accord avec les plans de Dieu, nous devrions viser les plus hauts sommets. Dieu veut que nous soyons en tête et non en queue. Pour un adventiste, il ny a pas de limite. Votre fonction vous offre-t-elle la possibilité de rendre témoignage de votre foi ? Oui. A titre dillustration, en 1993, jai été fait chevalier. Lannée suivante, la reine Elizabeth a visité la Caraïbe. Elle suggéra de conduire mon investiture à Antigua. Malheureusement, la date choisie tombait un vendredi soir. Je soumis à sa Majesté la requête dun changement de date, lui expliquant quen tant quadventiste du septième jour, jobservais le sabbat du coucher du soleil le vendredi au coucher du soleil le samedi. Finalement, linvestiture fut renvoyée à une date ultérieure, au palais de Buckingham. Lors de notre passage à Londres pour la cérémonie, mon épouse et moi avons été invités à déjeuner par la princesse Margaret. Quelle ne fut pas notre joie de constater quelle avait prévu un repas végétarien et servait de leau minérale à tous ses invités ! Vous est-il facile de maintenir un tel mode de vie dans votre rôle de gouverneur ? Je suis parfois critiqué parce que je ne sers pas de boissons alcoolisées au cours des réceptions officielles. Certains mont accusé dimposer ma religion à autrui, mais je fais toujours remarquer les bienfaits qui découlent dun régime alimentaire sain. Drogue et alcool sont deux des problèmes majeurs de notre pays et il semble tout à fait à propos que les membres du gouvernement donnent le bon exemple. Quel rôle votre épouse joue-t-elle à vos côtés ? Ma femme travaille parmi les enfants handicapés, les malades mentaux et les personnes âgées. Grâce à ses efforts, ces groupes sont maintenant mieux servis. Le nombre denfants admis dans les écoles pour handicapés mentaux et physiques a beaucoup augmenté. Ils sont maintenant traités avec respect et considération. Ma femme et moi sommes heureux de pouvoir toucher toutes les couches de la société, les mieux nantis comme les plus défavorisés. Votre famille est-elle impliquée dans des activités chrétiennes ? Nous nous efforçons de donner la première place à Dieu dans tout ce que nous faisons. Nous avons un culte de famille tous les jours, mais les cultes du soir sont plus difficiles. Nous mangeons rarement ensemble. Cest lune des raisons pour lesquelles jaime tellement le sabbat, puisque cest le seul jour de la semaine où nous pouvons tous nous asseoir et manger ensemble, comme une famille ordinaire. Nos enfants participent à toutes les activités déglise, et le programme de la jeunesse est intense. De notre côté, nous essayons autant que possible de rester impliqués. Je suis en ce moment moniteur de lécole du sabbat, et secrétaire de léconomat chrétien et des publications. Cest un peu trop pour moi : lannée prochaine, jaimerais passer quelques-unes de ces responsabilités à dautres membres. Jai entendu dire que vous êtes un champion de la Collecte annuelle. Jai toujours aimé aller de porte en porte à lépoque de la Collecte annuelle. Et jai eu pas mal de succès au cours des années en sollicitant des dons pour bien des causes louables soutenues par notre Eglise. Après avoir été nommé gouverneur, il ne ma plus été possible de faire du porte à porte, mais jai des contacts... Cette année jai été en mesure de recueillir 11 000 dollars. Daprès votre expérience, quels conseils donneriez-vous à nos jeunes ? Premièrement, engagez-vous. Ne soyez pas membre déglise uniquement sur les registres. Il ne suffit pas dêtre né dans lEglise ; il faut être né de nouveau. Faites lexpérience de la joie de devenir chrétien à fond. Deuxièmement, laissez-vous guider par Dieu. Voici lune des promesses bibliques que je préfère : « Reconnais-le dans toutes tes voies, et il aplanira tes sentiers. » (Proverbes 3 : 6.) Si nous plaçons Dieu au centre de notre vie, nous ne nous égarerons pas. Il est toujours là pour nous guider. Troisièmement, visez haut. Allez aussi loin que possible dans vos études. Travaillez dur. Voyez grand. Rechercher lexcellence nest pas un signe dorgueil mais un signe dobéissance à une vocation, comme le dirait Paul (Philippiens 3 : 14). Ne laissez personne vous détourner de votre but. Dieu sattend à ce que nous développions dans toute la mesure du possible les talents quil nous a donnés. Visez donc toujours plus haut. Interview par Delvin Chatham. Delvin Chatham est directeur de lEducation à la Fédération caraïbe du nord. Son adresse : P.O. Box 580 ; Christiansted, Sainte-Croix, USVI 00821-0580 ; U.S.A. |