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Sientje Mewengkang : Dialogue avec une adventiste membre du Congrès de l’Indonésie Jonathan Kuntaraf
Plusieurs routes mènent à ladventisme. Lamour semble avoir été la vôtre. Etes-vous daccord ? Peut-être bien. Mais mon engagement à la personne de Jésus-Christ date de bien avant. Jai grandi dans une famille protestante, et dès mon enfance je connaissais les exigences du christianisme. Quand jai commencé mes études universitaires, jai rencontré ce brillant et beau jeune homme. Nous sommes tombés amoureux lun de lautre. Je savais quil était adventiste du septième jour et je remarquai que ses habitudes de vie étaient très différentes. Il fit une vive impression sur moi. Je voulais savoir pourquoi les adventistes étaient si spéciaux. Mon amour pour lui éveilla encore davantage ma curiosité pour les adventistes. Je me mis à étudier les doctrines de lEglise, et la Bible devint de plus en plus belle à mes yeux, tandis que jy découvrais de profondes vérités. Jai été baptisée en octobre 1978. Un mois plus tard, nous nous sommes mariés. Comment décririez-vous votre premier contact avec les adventistes ? Pas fameux au départ. Apprendre les grandes vérités, cest une chose, mais vivre parmi les adventistes, cen est une autre. Je découvris plusieurs contraintes au sein de lEglise. Le légalisme semblait dominer, avec tout son arsenal de règlements. Mais au fur et à mesure que ma foi grandissait, je découvris une réelle joie en Jésus. Aussitôt que Jésus devint une partie intégrante de ma vie et de ma foi, les restrictions ne furent plus pour moi un fardeau. Elles faisaient tout simplement partie dune vie dobéissance par la foi en Jésus. Sans Christ, la vie est un poids. Avec lui, la vie est un sentier de joie. Votre foi en Dieu a-t-elle été mise à lépreuve ? Souvent ! Au début de ma carrière à luniversité, je me rendis compte que la plupart de mes rendez-vous professionnels étaient fixés au samedi. Des problèmes de sabbat similaires avaient surgi entre 1980 et 1986 quand je dirigeais le bureau des étudiants au département déconomie à lUniversité de Sam Ratu Langi. Mais jai décidé de ne pas compromettre mes exigences de foi pour faire avancer ma carrière. En étant fidèle dans ses choix et en maintenant un mode de vie dans lequel la foi joue un rôle primordial, on peut influencer ses collègues et supérieurs. Ne serait-ce quun seul compromis suffit pour jeter le discrédit. Finalement, néanmoins, je nai plus eu de rendez-vous fixés le sabbat. Le Seigneur ne nous donne pas seulement ses commandements, mais aussi les moyens de les mettre en pratique. Cest en tout cas ce que jai constaté dans ma vie. Et ce faisant, jai gagné le respect et lamitié de mes collègues. Etre membre du Congrès représente une haute fonction publique qui requiert une disponibilité de tous les instants. Comment faites-vous pour garder le sabbat ? Jai été élue au Congrès en 1987. Linvestiture eut lieu un sabbat et jai refusé dy participer. Plusieurs de mes amis, dont certains occupent des postes importants dans le gouvernement, ont essayé de me faire revenir sur ma décision. A un moment donné, il sembla que mon élection serait remise en question. Jai tenu bon en déclarant que je voulais servir mon pays tout en étant fidèle à ma profession de foi. Jai prié intensément à ce sujet. La date de la cérémonie a été retardée dune quinzaine et fixée un jour de semaine. Jai été réélue au Congrès en 1992 pour une période de cinq ans, et une fois de plus, linvestiture fut prévue pour un sabbat. Cette fois-ci, il ny eut pas de tentative de persuasion ou de menace. Tous savaient que je prenais ma foi et mon pays au sérieux. Donc, une fois de plus, je fus investie un jour de semaine. De temps à autre jai dû faire face à quelques difficultés quant à lobservation du sabbat. Mais Dieu soit loué ! Chaque défi représente une occasion de témoignage. Les fonctionnaires du gouvernement provincial comme ceux du gouvernement central à Jakarta savent que je respecte mes engagements de foi. Comment faites-vous pour rendre témoignage de votre foi auprès des fonctionnaires du gouvernement de Jakarta alors que vous servez dans le nord de Sulawesi ? Pour moi, le témoignage signifie aussi faire les choses correctement et assumer les responsabilités qui nous incombent, et ce, sans nous contredire ni nous compromettre. Je me souviens dun incident. En tant que présidente de la Commission du développement, je devais faire une présentation aux fonctionnaires de Jakarta. Le Président de la République serait présent. Mais la réunion avait été prévue pour un sabbat. Mes amis ont essayé de me convaincre dy aller, car cétait une occasion de rencontrer le chef dEtat. Dans de telles circonstances, la tentation de veiller à ses intérêts professionnels est grande. Mais jy résistai. Jai préparé mon rapport, fait tout le travail et demandé à mon adjoint de se charger de la présentation. Et moi je suis allée à léglise. Du double point de vue dune adventiste et dun fonctionnaire du gouvernement, comment comprenez-vous votre rôle au service de la communauté ? Je ne vois pas du tout de conflit. En tant que chrétiens nous avons la possibilité de mettre en pratique les enseignements de Jésus dans notre vie et au travail. Par sa grâce, nous devons cultiver un esprit dhumilité et de service pour ceux qui nous entourent. Nous ne pouvons et ne devons pas vivre isolés. Dieu nous a placés là où il la fait dans un but précis, et nous nous devons dy transmettre son amour envers ceux qui nous entourent. Etre fonctionnaire du gouvernement représente une occasion en or de démontrer à tous que leur réalité nous touche et que nous sommes déterminés à servir la communauté. Etre élu est important non à cause du pouvoir que cela représente mais à cause des services quon peut rendre à une communauté. Cest à ce niveau que se conjuguent mon engagement de foi et ma fonction publique. Est-ce que votre influence est bénéfique à dautres membres de lEglise adventiste ? En tant que membre du Congrès, je me dois dêtre impartiale. Bien que je ne fasse pas des adventistes ma priorité, je les aide chaque fois que jen ai loccasion. Un collègue du Congrès mapprit un jour que trois membres déglise allaient perdre leur emploi, car ils refusaient de travailler le sabbat. Jai contacté leur supérieur et lui ai fait part des croyances adventistes. Je lui ai montré dans le texte biblique le commandement divin sur le sabbat (Exode 20 : 8-11). Après mavoir entendue, le responsable leur fut favorable. Il leur confia dans lentreprise des fonctions différentes, qui leur permettaient davoir le sabbat libre sans perdre leur emploi. A luniversité, jai été en mesure daider bien des étudiants à observer le sabbat pendant la semaine dorientation, les heures détude et la période des examens. Ainsi, ils ont pu éviter de passer des examens le sabbat. Nous devons néanmoins donner aux étudiants adventistes loccasion de défendre leur foi. Ils doivent faire lexpérience de la foi individuelle et de la confiance en Dieu. Le chemin de la vie spirituelle doit toujours se vivre seul et ce nest jamais facile. Si la foi ne surmonte pas certaines épreuves, elle sétiole et perd de son sens véritable. Encourageriez-vous de jeunes adventistes à sengager dans une carrière politique ? Non ! A moins den avoir une claire indication de la part de Dieu, et de posséder une foi inébranlable, solidement ancrée en Jésus. Le monde de la politique est trop complexe dans ses fonctions, trop fluide dans ses valeurs. On y est perpétuellement tenté de sécarter de létroit sentier dicté par Dieu ou de compromettre sa moralité ainsi que ses valeurs spirituelles. Mon conseil aux jeunes est : Appuyez-vous fermement sur la Parole de Dieu, établissez une relation personnelle avec le Christ, découvrez sa volonté pour votre vie, et laissez-le vous guider vers la carrière qui vous permettra de le servir et de servir lhumanité. La popularité, le pouvoir et la position ne devraient jouer aucun rôle dans le choix dune carrière. Jai décidé très tôt de donner la première place à Dieu. Il ma dirigée vers une carrière denseignante et, plus tard, vers la fonction publique. Dans chacune de ces tâches, je me suis efforcée de mattacher constamment au principe fondamental de mon existence : glorifier Dieu et lui rendre témoignage. Comment demeurez-vous si ferme dans votre engagement ? Notre force spirituelle vient de Dieu. Nous devons rester en communion avec lui. Lui parler. Lécouter. Méditer sa Parole. Sans ce contact intime, nous navons pas la force nécessaire afin de vivre pour lui. La Parole de Dieu joue un rôle important dans notre foyer. Nous avons le culte de famille tous les jours, matin et soir. Et nous avons choisi le premier et le troisième sabbat de chaque mois comme jours de jeûne et de prière. Le dernier jour du mois est un jour de prière individuelle. A part les cultes de famille, nous faisons des visites et donnons des études bibliques pour faire part de notre foi. Ainsi, nous avons eu la joie de conduire plusieurs de nos connaissances à Christ. A leur tour, elles en ont amené dautres. Cest ce genre dexpérience qui fortifie le cheminement spirituel dun être. Pensez-vous avoir atteint le succès ? Tout dépend de ce que vous appelez le succès. La vie du Christ était-elle un succès ? Pas du point de vue de quelquun qui se tiendrait au pied de la croix en simple spectateur. Mais cette croix est devenue le symbole de la victoire pour léternité. A mon avis, le succès, cest connaître Dieu et se soumettre de bon gré à sa volonté. Ce faisant, on vivra sans doute des moments de découragement. Mais « toutes choses concourent au bien de ceux qui aiment Dieu, de ceux qui sont appelés selon son dessein » (Romains 8 : 28). Je crois en cette promesse et jessaie den faire ma ligne de conduite. Interview par Jonathan Kuntaraf. Originaire dIndonésie, Jonathan Kuntaraf (D. Min., Andrews University) est directeur adjoint du département de lEcole du sabbat et des Activités laïques à la Conférence Générale. Adresse de Mme Sientje Mewengkang : DPRD Prop. Dati I Sulut ; Jln. Ahmad Yani Sario ; Manado, Indonésie. |