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Beverly Wesner-Hoehn : Dialogue avec une musicienne adventiste Cheryl Knarr
Tôt dans votre vie, la musique fut lune de vos grandes passions. Vos parents étaient-ils musiciens, ou cet intérêt se développa-t-il dune autre manière ? Pendant onze ans, jai fréquenté lécole adventiste de Sacramento, en Californie, qui a toujours proposé un programme musical étoffé. Mes parents ont encouragé mes trois surs et moi-même à nous engager dans des orchestres et des chorales, et à jouer du piano. La première année, jai commencé le solfège, et la seconde la clarinette. Jai continué détudier dans ces deux domaines jusquà la dernière année du primaire, puis jai commencé la harpe. Mon père nest pas très engagé dans la musique, mais ma mère joue de la trompette et du piano. Pendant les années de collège, mes surs sintéressèrent à dautres carrières, mais jétais si impliquée dans les exécutions et dans les cours de musique que jétais déterminée à continuer. Pourquoi avez-vous choisi la harpe ? La harpe est un instrument intéressant et ancien ; se spécialiser dans ce domaine est assez rare. Ma mère espérait quune de ses filles jouerait de la harpe, et cela tomba sur moi ! Je pris six mois de cours de harpe auprès dun professeur de luniversité dEtat de Sacramento, et celle-ci recommanda que je continue sérieusement. Ma mère devait me contraindre à rester assise au piano, régler la minuterie sur quarante minutes, et je comptais les minutes jusquà la fin du temps de répétition. Mais il nen était jamais de même avec la harpe. Javais du mal à attendre la fin de lécole pour rentrer à la maison et jouer de la harpe ; jadorais répéter. A quel moment la foi devint-elle une priorité dans votre vie ? Je dirais à lâge de douze ans, quand je fus baptisée. Jappartiens à une famille adventiste depuis trois générations, et je considère comme une bénédiction davoir eu cette influence dans ma vie. Jai toujours été chrétienne, et lEglise adventiste du septième jour est mon foyer. Comment votre foi a-t-elle affecté ou influencé votre carrière ? Chacune des portes qui sest ouverte dans ma vie la été parce que Dieu le voulait. Jai beaucoup damis dans le monde de la musique qui sont athées, juifs ou musulmans. Je pense que ma foi ma permis détablir de bonnes relations avec eux, et jai gagné leur respect professionnel et personnel. Certains considèrent quun chrétien intelligent représente une contradiction, mais je pense vraiment que je peux vivre avec des personnes de différentes confessions et être respectée par elles, non en dépit de ma foi, mais grâce à ma foi en Dieu. A quelles sortes de défis avez-vous dû faire face en tant quartiste chrétienne, et comment avez-vous géré la question du sabbat ? Jai choisi de ne pas travailler le sabbat. Pour moi, le sabbat est un moment spécial et je men délecte profondément. Le défi du sabbat est le seul que je dois relever dans le cadre de plusieurs organisations où je suis impliquée. Je suis la trésorière du World Harp Congress (Congrès mondial de la harpe), et la directrice exécutive du USA International Harp Competition (Concours international de harpe des Etats-Unis). Tous les membres du bureau savent que nous ne travaillons pas le vendredi soir et le samedi. Personne na jamais dit : « Nous ne pouvons pas vous rendre ce service. » Je pense quil suffit simplement de demander. Je me demande combien de jeunes musiciens aujourdhui pensent quils peuvent demander. Quand un artiste est engagé dans un système de croyances, il est rare quon lui demande de jouer contre ces principes. Au contraire, on vous respecte davoir des valeurs et un engagement. Quel conseil donneriez-vous aux autres musiciens, en particulier aux musiciens chrétiens ? Excellez. Excellez dans votre domaine. Ensuite vous pouvez exiger le respect de la part des autres musiciens. Des chrétiens essaient dexcuser leur médiocrité en disant : « Nous ne faisons que passer dans ce monde, lexcellence nest donc pas nécessaire. » Je pense que si vous êtes un artiste chrétien, vous devez être le meilleur. Sefforcer dêtre le meilleur dans toute discipline est, après tout, un impératif chrétien. Vous avez dit être la directrice exécutive du USA International Harp Competition. Vous êtes aussi lune des responsables du World Harp Congress. Quest-ce que cela implique ? Principalement, je dois organiser trois fois par an un concours sur le campus de luniversité dIndiana, à Bloomington. Nous comptons généralement quatre-vingt-dix candidats et nous en acceptons quarante pour le concours en quatre étapes. Je décide du répertoire avec le directeur artistique, et nous offrons des prix de plus de cent mille dollars, ainsi que des harpes et des prestations dans des concerts à New York, San Francisco et Tokyo. Je suis membre du bureau du World Harp Congress depuis dix ans. Lassemblée se réunit tous les trois ans dans différentes villes du monde, comme Jérusalem, Vienne, Paris, Copenhague, et, plus récemment, Seattle. La prochaine rencontre se déroulera à Prague. Pendant un week-end, nous proposons des conférences, des concerts, des présentations historiques, des articles sur le développement du répertoire pour la harpe et sur le développement de linstrument lui-même. En tant que trésorière, en plus des finances, je moccupe des adhésions et de la publication dun semestriel spécialisé. Vous instruisez également des élèves à travers des cours et des ateliers. Quels sont les enseignements les plus importants que vous essayez de leur transmettre ? Aimer la musique, leur instrument et le répertoire. Tandis quils cherchent leur propre voie pour interpréter la musique, je leur demande aussi de maîtriser une habileté technique qui leur permettra dinterpréter la musique parfaitement. Il faut réellement aimer linstrument et la musique pour réussir. Si les élèves nont pas cet amour et ce goût pour ce quils font, alors ils font fausse route. Quand on considère vos nombreuses réalisations, il est évident que vous trouvez beaucoup de satisfaction dans la musique. Quest-ce qui la rend si épanouissante pour vous ? La musique est si belle ! Je joue de linstrument que je considère comme le plus beau du monde ! On décrit souvent la musique comme le langage universel, le langage de lâme. Il doit en être ainsi, parce que, quels que soient le pays ou la culture dans lesquels je joue, jessaie de dire quelque chose à travers ma harpe : que Dieu maime et que je fais sa volonté par ma musique. Que je joue ou que jenseigne la musique, je sens que je fais la volonté de Dieu. A lintérieur de ces paramètres, je trouve mon épanouissement. Quel rôle joue la musique dans la vie de votre famille ? Un rôle très important. La musique remplit notre maison et presque tout notre temps libre. Ma famille respecte ma carrière et japprécie son soutien. Mon mari joue du violoncelle et adore chanter. Les garçons ont commencé le solfège et les cuivres. Nous jouons ensemble pour le culte, et nous avons joué des quatuors à léglise. Nous aimons tous une musique largement diversifiée. Quest-ce qui, à vos yeux, représente votre plus grande réussite dans la vie ? Mes enfants heureux, en pleine forme et adorables sont ma plus grande réussite. Leur respect pour moi en tant que femme, mère et professionnelle dans mon domaine, telle est ma plus grande réussite et aussi celle de mon mari. Je ne peux pas ne lattribuer quà moi. Mais ensemble, je pense, nous avons présenté un front uni. En fait, nous avons emménagé dans cette ville universitaire à cause de mes études. Je pense que nos enfants sont devenus plus forts en voyant Maman et Papa respecter chacun la carrière de lautre. Au-delà de notre cercle familial, mon mari et moi aimons prodiguer des encou-ragements spirituels et un soutien social à de nombreux étudiants adventistes fréquentant luniversité dIndiana. Je nai pas encore oublié mes années détudiante, et limportance des relations avec les étudiants compte dans ma vie. Vous avez beaucoup accompli jusquà présent. A quoi aspirez-vous pour lavenir ? Jespère que mes enfants grandiront en aimant Dieu et en se distinguant dans ce monde. Dans ma propre carrière dartiste, je naspire pas à devenir la plus grande harpiste du monde ni la harpiste la plus enregistrée du monde. Ce ne sont pas mes objectifs. Mon but est de servir les autres : pour enrichir le monde de la musique. Cela, pour moi, est très important. Interview par Cheryl Knarr. Cheryl Knarr travaille dans les relations publiques à Andrews University, à Berrien Springs, Michigan, U.S.A. Adresse de Beverly Wesner-Hoehn : P. O. Box 5157 ; Bloomington, Indiana 47407 ; U.S.A. |