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John Ap : Dialogue avec un planificateur urbain et touristique, adventiste Stanley Maxwell
Est-ce que Ap est un nom courant en Chine ? Non, mais grâce à ce nom, je me sens unique. De nombreux chinois ont fait des commentaires à ce sujet. Ce nom devrait sécrire Yip ou Ip, mais lorsque les autorités de limmigration australienne ont enregistré le nom de mon père, elles lont mal orthographié. Le nom est resté depuis. Voilà deux générations que cela dure. Comment le fait de travailler dans le domaine du tourisme affecte-t-il la période de vos vacances ? Bien sûr, il sagit surtout de vacances destinées à ma famille ! Comme je sais quel investissement de travail réclame la création du caractère et de latmosphère dun parc à thème, je ne puis mempêcher de comparer les sites et de me dire : Ainsi, cest de la sorte quils sy prennent Mon côté professionnel reprend le dessus. Dès que nous devons nous rendre dans un parc à thème ou dans un hôtel, jécris, afin den informer la direction. Lorsque les administrateurs découvrent que je suis prêt à parler affaire, ils souhaitent me rencontrer, afin que je puisse mentretenir de leurs concepts. Ils désirent entendre toutes les suggestions que je pourrais leur faire. Le tourisme est le secteur dentreprises qui croît le plus rapidement, actuellement. Aussi, les administrateurs prennent-ils leur tâche très à cur, avec une telle compétition. Ils calculent méticuleusement lenvironnement consacré à lamusement au niveau des parcs à thème et des sites touristiques. On na pas le temps de samuser lorsque lon gère un parc à thème, il ne sagit pas dune partie de Mickey Mouse ! Parlons un peu de vos antécédents religieux. Je nai pas grandi dans un environnement chrétien. Lorsque javais 8 ans, mes parents mont emmené dans une église anglicane locale. Ce ne fut que bien plus tard, lorsque nous visitâmes ma grand-tante Hong, à Tenterfield, en Nouvelle-Galles du sud, en Australie, que nous avons rencontré les adventistes du septième jour. Deux familles chinoises sétaient installées à Tenterfield. Celle de ma grand-tante, les Hong et une autre famille, les Hon. Ces derniers étaient adventistes ; ce fut grâce à leur amitié et à leur influence que ma grand-tante se joignit aux adventistes. Elle nous emmenait à léglise chaque fois que nous lui rendions visite. Comment votre famille est-elle devenue adventiste ? Après avoir suivi des études bibliques et fréquenté léglise, ma mère décida de devenir adventiste. Mon père travaillait alors dans la restauration, six jours par semaine. Le pasteur venait chez nous et lui donnait des études bibliques le jour de son congé hebdomadaire. Puis, mon père dut prendre une décision. Sil souhaitait devenir chrétien adventiste, il fallait quil abandonne son travail. Cest ce quil fit et cest ainsi quil sétablit à son compte et se mit à monter une fabrique de pâtes de riz. Etant enfant, je naimais pas aller à léglise le samedi, car il me semblait quil sagissait du jour des non, tu ne peux pas ! On ne pouvait pas jouer au football, on ne pouvait pas regarder la télévision ou quoi que ce soit dautre Mais durant mon adolescence, jai lu un certain nombre de livres remarquables sur le sabbat (The Forgotten Day par Desmond Ford et des travaux de Samuele Bacchiocchi) qui modifièrent le cours de ma vie. Je réalisai que le sabbat nétait pas un jour ordinaire. Il sagit de louvrage commémorant la création, du jour qui nous permet de nous reposer de nos activités séculières pour passer du temps avec Dieu et avec notre famille et qui nous offre loccasion de nous pencher sur ce qui est spirituel. Lorsque jai compris et accepté cela, jai commencé à observer le sabbat et à lapprécier. Il me semble que lexemple de votre père vous a également influencé dans votre décision. Certainement. Un jour, jai compris que si le fait dobserver le sabbat était valable pour mon père, cela pouvait lêtre également pour moi. Il avait pris une très grande décision par rapport au sabbat. Dans le commerce des pâtes, il rencontra des difficultés car les commerçants et les restaurateurs exigeaient de recevoir leurs pâtes fraîches, quotidiennement. Au début, ils lui disaient : Non, vous devez nous approvisionner chaque jour. Mon père leur répondait : Je vous livrerai des pâtes deux fois le vendredi, le matin et laprès-midi, mais je suis désolé, je ne puis le faire le samedi. Son exemple prouva que si lon désire demeurer fidèle au sabbat, les gens finissent par respecter vos convictions et Dieu vous bénit. Comment faites-vous pour observer le sabbat dans une école où les professeurs doivent travailler cinq jours et demi par semaine ? Lorsque je me suis joint à léquipe des professeurs de luniversité, jai informé ladministration quétant adventiste du septième jour, jobservais le samedi comme étant le jour où jadorais mon Dieu. Je demandai à ces responsables de bien vouloir tenir compte du fait que je ne pourrais assumer des responsabilités officielles ce jour-là. Ladministration a toujours tenu compte de cette requête. Néanmoins, je dois être très consciencieux et assurer toutes mes heures. Je travaille le dimanche. Lorsque certaines cérémonies officielles se déroulent le sabbat, je sollicite lautorisation den être exempté. Mes collègues apprécient cela et assument mes fonctions en mon absence. Je leur rends la pareille, lorsque cela savère nécessaire, un dimanche ou un soir de semaine. Jai remarqué que vous aviez installé un tableau daffichage devant votre bureau. Cest exact. Sur ce tableau jaffiche chaque semaine une pensée tirée de Gods Little Instruction Book ou de Gods Little Instruction Book for Students. Ainsi, lorsque mes étudiants ou mes collègues viennent dans mon bureau, je puis partager quelques réflexions avec eux. Un verset biblique accompagne chaque pensée affichée, car je désire que mes étudiants et collègues sachent que je suis un chrétien pratiquant et que je me mets à leur disposition pour les aider à répondre aux dilemmes de la vie à travers la perspective de Dieu. En quoi le nouveau statut de Hongkong va-t-il vous affecter ? Le fait dêtre passé de la situation de professeur sous contrat à celui de professeur titulaire me conforte sur lavenir de Hongkong dont lévolution paraît rassurante. Je suis lun des rares individus ayant eu loccasion de lire, tant la Déclaration commune, signée en 1984, au sujet de lagrément stipulant que Hongkong serait restituée, que la Loi de Base servant de mini-constitution à Hongkong. Ce qui me surprit lorsque je pris connaissance de ces deux documents, fut le fait de constater que lautonomie de cette île y est vraiment assurée. Comment cela va-t-il se passer au niveau de la liberté religieuse, maintenant que les anglais ont quitté Hongkong ? Un tournant critique a été amorcé lannée passée mettant en jeu les relations des autorités chinoises et celles de Hongkong. Il sagissait du Congrès Mondial Luthérien se tenant une fois tous les sept ans quelque part dans le monde. En 1995, lEglise luthérienne décida de tenir son congrès de 1997, à Hongkong. Un fonctionnaire officiel local de lagence de presse de Xinhua (qui servait lambassade chinoise de facto) à Hongkong, émit des critiques à lencontre des anglais qui organisaient, à Hongkong, un congrès devant se tenir une ou deux semaines après la restitution de celle-ci. Ce fonctionnaire affirma que les responsables luthériens seraient dans limpossibilité de tenir leur congrès à Hongkong. Ceci provoqua une certaine préoccupation au sein de la communauté chrétienne locale, en regard avec le genre de liberté religieuse à laquelle elle pourrait sattendre, à lavenir, de la part du nouveau gouvernement. A la suite de cet incident, les autorités ont assuré aux chrétiens quils pourraient continuer à jouir de leur liberté religieuse comme par le passé. Plus tard, Pékin annonça que toute décision concernant Hongkong serait préalablement instruite à Pékin. Depuis lors, je nai plus observé de controverse venant de la part des officiels chinois locaux basés ici. Quels sont les défis à relever pour les chrétiens en général et pour les adventistes en particulier, depuis que la restitution de Hongkong sest produite ? Grâce à feu Deng Xiaoping, son concept de : un pays, deux systèmes va pouvoir sappliquer. Ainsi, on peut sattendre à ce que le contrôle entrepris dans le domaine des religions se poursuive en Chine, mais Hongkong demeure un lieu à part. Malgré tout, je crois quen tant que chrétiens vivant à Hongkong, nous devons être conscients de nos responsabilités. Alors que nous prêchons lEvangile et partageons notre foi, nous ne pouvons pas mettre en péril la soi-disant sécurité de la Région Administrative Spéciale de Hongkong. Notre confiance en Dieu demeure inébranlable. Interview réalisée par Stanley Maxwell. Stanley Maxwell est un résident de Hongkong, il est lauteur de deux livres : The Man Who Couldnt Be Killed (1995) et The Man Who Lived Twice (1997). Lorsquil nécrit pas, il enseigne langlais ou raconte des histoires aux enfants. Sa femme est originaire de Hongkong. Ils ont une fille, prénommée Roxanne. Ladresse de Dr Ap est la suivante : A 4, 2 Lok Kwai Path, Fo Tan, Shatin, NT ; Hongkong. E-mail :hmjohnap@polyu.edu.hk. |