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Martyrs modernes : Une foi à toute épreuve

Depuis la lapidation d’Etienne, quelques semaines après la Pentecôte, près de quarante millions de chrétiens ont donné leur vie à cause de leur foi. A partir de ce chiffre effarant, l’on a pu dénombrer près de 26 millions 600 mille martyrs dans le monde, rien que pour notre siècle !1

John Graz, secrétaire général de l’International Religious Liberty Association, propose quatre raisons expliquant le nombre impressionnant de morts au cours de notre siècle : 1. Tout d’abord, les chrétiens sont bien plus nombreux qu’autrefois. 2. « De puissantes organisations idéologiques antichrétiennes et antireligieuses ont organisé des persécutions systématiques » à l’encontre des chrétiens. 3. « Dans certaines régions, le christianisme a été identifié à la culture et à la politique occidentales, et la persécution constitue une mesure de revanche. » 4. « Les pays occidentaux sécularisés ne défendent et ne protègent plus les chrétiens comme ils le faisaient autrefois. »2

Nina Shea, partisane des droits de l’homme et auteur du livre très coté In the Lion’s Den, suggère que la persécution antichrétienne la plus féroce de ces dernières années émane de deux idéologies politiques : le communisme et l’islam militant.3

Peu nombreux sont les adventistes du septième jour à avoir été persécutés jusqu’ici. D’une part, parce que notre Eglise est relativement modeste, et, d’autre part, parce que nous nous abstenons de nous engager officiellement dans la politique et refusons de faire appel à la violence pour nous défendre.4 De plus, lors de rencontres avec les musulmans, les adventistes semblent avoir reçu un traitement de faveur par rapport aux autres chrétiens, leur mode de vie (non usage du porc, du tabac et de l’alcool et opposition à l’immoralité) leur offrant un même terrain d’entente.5

Bien que des chiffres précis ne soient pas disponibles, quelques adventistes du septième jour sont récemment morts pour leur foi : six dans le Chiapas, au Mexique6, deux au Daghestan, dans le sud de la Russie7 et un nombre indéterminé au Rwanda.

Signification biblique du martyre

La signification biblique du terme « martyre » vient du mot grec martys, « témoin ». D’autres formes découlant de ce terme sont le verbe martyreo « témoigner » et le nom martyria, représentant le « témoignage rendu ».

Dans le Nouveau Testament, martys désigne un témoin (Matthieu 18 : 16 ; Luc 24 : 48 ; Actes 1 : 8) qui pouvait mourir, mais pas toujours, après avoir rendu son témoignage (Actes 22 : 20 ; Apocalypse 2 : 13 ; 17 : 6). L’Eglise naissante fait allusion à des martyrs demeurés vivants ainsi qu’à des martyrs qui sont morts, ajoutant ainsi une nouvelle dimension à la définition du martyr. Apocalypse 12 : 10 décrit les martyrs comme étant ceux qui « ont vaincu » Satan « à cause du sang de l’Agneau et à cause de la parole de leur témoignage [martyria], et ils n’ont pas aimé leur vie jusqu’à craindre la mort ». Le fait de ne pas avoir aimé sa vie fait écho aux paroles de Jésus, « Si quelqu’un vient à moi, et s’il ne hait pas son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères, et ses sœurs, et même sa propre vie, il ne peut être mon disciple » (Luc 14 : 26). Ainsi, le Nouveau Testament décrit les martyrs comme étant des individus pour qui le fait de rendre témoignage de la puissance de Jésus constituait la première priorité, même au prix de leur vie.

Le sens de martys en tant que témoin s’est peu à peu transformé pour aboutir à la signification de celui qui meurt à cause de son témoignage. Voici donc la définition : les martyrs chrétiens sont « des croyants en Christ qui perdent prématurément leur vie en rendant leur témoignage à la suite d’une hostilité humaine ».8

Au sein de l’Eglise naissante, la mort résultait très fréquemment d’un témoignage. Des onze disciples de Jésus, tous, à part Jean, moururent en martyrs. L’empereur Domitien ordonna qu’il soit plongé dans un bain d’huile bouillante. Quelque chose d’anormal se produisit. Le corps de Jean ne réagit pas à l’immersion comme il aurait dû le faire, selon les lois de la physique. Très déconcerté, l’empereur exila Jean sur l’île de Patmos « à cause de la parole de Dieu et du témoignage [martyria] de Jésus » (Apocalypse 1 : 9).9

Par conséquent, la définition du Nouveau Testament du terme martyr met l’accent sur la qualité de l’engagement absolu du chrétien à l’égard de Jésus. A partir d’une telle définition, nous pouvons apprendre beaucoup sur le martyre, non seulement de ceux qui sont morts en témoignant, mais également de ceux qui, disposés à mourir, ont survécu — comme Jean suite à son baptême d’huile — sans pour autant accéder aux demandes de leurs persécuteurs, mais grâce à une certaine forme de protection ou d’intervention divine.

Martyrs vivants

L’histoire chrétienne recèle de nombreux exemples de « martyrs vivants », d’individus disposés à faire volontairement don de leur vie et qui, parvenant à l’instant de la mort, furent miraculeusement épargnés. Considérons deux exemples d’actualité. M. Wong10, un Chinois adventiste, condamné à vingt ans de travaux forcés parce qu’il observait le sabbat et parlait continuellement de « son ami Jésus » autour de lui. Il survécut à plusieurs séances de « rééducation ». Il saisissait toutes les occasions qui se présentaient à lui pour parler de Jésus au sein du camp de travail. Certains de ceux à qui il s’adressa devinrent des chrétiens engagés, mais généralement ses compagnons d’infortune le trahissaient, ce qui multipliait les séances de bastonnade et de torture.

Un jour, après dix-sept jours consécutifs de tortures, Wong finit par s’exaspérer. Comment pouvait-il faire comprendre aux prisonniers qui le frappaient que leurs efforts étaient totalement vains ? Ouvrant ses lèvres ensanglantées, il hurla :

« Ne comprenez-vous donc pas ? » Il y eut un instant de silence. « Ma réponse est non ! Même si le président Mao lui-même se tenait ici et me demandait d’abjurer ma foi et de renier mon Dieu, je lui dirais encore non ! Je ne puis renier mon ami Jésus ! » Irrité, le bourreau s’empara des bras de Wong, attachés derrière son dos, les éleva au-dessus de la tête du prisonnier et « les ramena, devant, jusqu’à sa taille, déchirant les tendons de ses épaules et lui brisant les deux bras ».

« Cela suffit ! » ordonna le gardien attaché à la surveillance, « si nous achevons le criminel Wong, nous ne pourrons plus l’aider à se développer ».11 M. Wong ne se préoccupait nullement de vivre ou de mourir, mais il était extrêmement soucieux de demeurer fidèle à son ami Jésus. Il n’a « pas aimé [sa vie] au point de craindre la mort. »

Anthony Nemeti fut appelé à servir l’armée hongroise en 1952. Il avait alors vingt-six ans. Deux jours après son arrivée, l’occasion se présenta à lui de rendre témoignage. Du vin étant servi avec le repas, il s’adressa à ses officiers et leur dit :

« Je ne puis en boire à cause de mes convictions religieuses. » Ses officiers ripostèrent : « Lorsque tu es chez toi tu peux manger ce qui te plaît, mais ici, tu obéis en tout à tes supérieurs, même dans le domaine de la nourriture. » Nemeti expliqua calmement ses principes alimentaires. Le jour suivant, il eut une nouvelle occasion de témoigner. Il informa ses supérieurs qu’il ne pourrait nettoyer le sol le samedi et leur en donna la raison. Il dut faire huit années de prison pour avoir refusé de travailler quatre samedis consécutifs. Plus tard, il fit six années de travaux forcés dans des carrières de pierre et des mines de charbon. Son immense désir de communiquer son engagement se résume en ces mots : « J’ai enfin l’occasion de témoigner de ma foi ! »12

Jésus et les martyrs chrétiens

De nombreux textes du Nouveau Testament décrivent l’étroite relation existant entre les souffrances du Christ et celles de ceux qui croient en lui. Le terme martys et les mots de la même origine ne s’appliquent pas uniquement aux croyants qui témoignent pour Jésus mais également à Jésus lui-même. Apocalypse 1 : 5 nomme Jésus « le témoin [martys] fidèle, le premier-né des morts » (voir également Apocalypse 3 : 14). « Les chrétiens des débuts considéraient que la mort de Jésus constituait un martyre. »13 Dans 1 Timothée 6 : 12 et 13, Paul recommande à son jeune disciple d’être un témoin (martys) fidèle, comme le fut Jésus, quelles qu’en puissent être les conséquences. Timothée fut effectivement martyrisé en l’an 97, après avoir courageusement dénoncé les festivités orgiaques organisées en l’honneur de la déesse Diane, à Ephèse.

Le lien existant entre le martyre de Jésus et celui des croyants entraîne quatre conséquences vitales.14

Tout d’abord, le martyre constitue une re-présentation dramatique contemporaine de la croix, « élevée » (Jean 12 : 32) et « peinte » (Galates 3 : 1) de la souffrance et de la mort de Jésus devant un nouvel auditoire. Christ est « crucifié à nouveau… à travers la persécution de son peuple. »15 Ainsi, par leurs souffrances, les chrétiens témoignent de la portée du sacrifice du Christ face à une nouvelle assistance.

Ensuite, le martyre représente l’une des images les plus fidèles de l’attachement d’un disciple à son maître. Paul recommande aux Thessaloniciens de devenir « mes imitateurs et ceux du Seigneur, en recevant la parole au milieu de beaucoup de tribulations » (1 Thessaloniciens 1 : 6). Pierre, qui nia connaître Jésus, parvint à une nouvelle compréhension.

« Bien-aimés, écrivit-il aux chrétiens persécutés, ne soyez pas surpris, comme d’une chose étrange qui vous arrive, de la fournaise qui est au milieu de vous pour vous éprouver. Réjouissez-vous, au contraire, de la part que vous avez aux souffrances de Christ, afin que vous soyez aussi dans la joie et dans l’allégresse lorsque sa gloire apparaîtra » (1 Pierre 4 : 12, 13).

Noble Alexander, enfermé durant vingt et un jours dans une cage à tigre métallique de 2,25 mètres de superficie, suspendue au-dessus du donjon souterrain immonde d’une prison des Caraïbes, fut stupéfait de constater la réalisation de 1 Pierre 4 : 13 et de 2 Corinthiens 1 : 5.

« Même lors de mes heures les plus sombres dans la cage, il [Christ] m’a rappelé que je souffrais en son nom et au nom de son amour. »16

Enfin, le martyre met au jour « la vraie puissance destructrice » du mal dans un monde apparemment civilisé. Satan dissimule avec tant d’adresse son caractère et ses méthodes que lorsqu’une persécution se produit nous sommes prêts à blâmer l’action d’un système politique totalitaire, d’une religion rivale intolérante ou d’un individu cruel (tels qu’Hitler, Staline, Pol Pot ou Idi Amin), oubliant que notre véritable ennemi est Satan lui-même (voyez Ephésiens 6 : 12). Cette reconnaissance de l’ennemi réel devrait nous faire progresser d’un pas, en nous permettant de témoigner de l’amour du Christ à l’égard des tortionnaires et en leur faisant admettre leur besoin de salut.

Signification plus profonde du martyre et de la persécution

De nombreux chrétiens modernes considèrent que le martyre est une incohérence cruelle et injuste. Christ n’est-il pas venu pour apporter « la vie en abondance » (Jean 10 : 10) ? Comment se fait-il donc que le supplice fasse partie du dessein de Dieu, lequel semble si peu bénéfique aux chrétiens ? Paul, néanmoins, considéra le martyre comme étant une participation aux souffrances du Christ au profit de l’Eglise. « Je me réjouis maintenant dans mes souffrances pour vous, dit-il ; et ce qui manque aux souffrances de Christ, je l’achève en ma chair, pour son corps, qui est l’Eglise » (Colossiens 1 : 24). Le Nouveau Testament révèle plusieurs raisons pour lesquelles le martyre et la persécution sont utiles à l’Eglise.

Premièrement, même si le Nouveau Testament enseigne que les croyants savent qu’ils ont la vie éternelle (1 Jean 5 : 13) et qu’ils possèdent en eux le témoignage de l’Esprit (Romains 8 : 16), la réalité du combat de la foi révèle que « notre cœur nous condamne » (1 Jean 3 : 20) fréquemment, affectant ainsi l’assurance absolue que nous possédions. Jésus (Matthieu 7 : 21-23) et Paul (1 Corinthiens 13 : 3), nous avertissent du danger d’accomplir des actes pieux ou de passer par la persécution sans être véritablement motivés par l’amour. Néanmoins, les promesses de salut les plus magistrales du Nouveau Testament sont celles qui s’appliquent directement aux témoins persécutés. « Réjouissez-vous et soyez dans l’allégresse, parce que votre récompense sera grande dans les cieux » (Matthieu 5 : 12). « Sois fidèle jusqu’à la mort, et je te donnerai la couronne de vie » (Apocalypse 2 : 10).

Deuxièmement, la persécution amène souvent de nouvelles conversions. « Le sang des chrétiens est une semence » pour l’Eglise, écrivit Tertullien, l’apologiste chrétien17 des débuts. Comme cela s’avéra exact ! La mort d’un martyr chrétien exalte Jésus et attire à lui le cœur des hommes.

La persécution entraîne souvent la dispersion des témoins, et la semence de l’Evangile s’en trouve disséminée plus amplement. Depuis l’époque de l’Eglise apostolique (Actes 8 : 1, 4-6) jusqu’à la nôtre, nous constatons que l’histoire rend témoignage de persécutions ayant mené à des conversions remarquables, à des prédications de puissants messages et à l’établissement de nouvelles Eglises. Dans un certain pays, de nos jours, grâce au témoignage chrétien on célébra des cérémonies baptismales dans la citerne d’une prison et une « université » clandestine enseigna des matières académiques de base permettant de créer des liens d’amitié avec les prisonniers non chrétiens. Les responsables de la prison décidèrent de « briser l’échine » du christianisme en transférant « les membres de l’Eglise de la prison vers d’autres prisons du système ». Lorsque les prisonniers apprirent la nouvelle, ils estimèrent qu’il s’agissait « d’une tragédie à la gloire de Dieu ». Or, il s’avéra que cette « tragédie » se transforma en victoire, car la dispersion des prisonniers dans neuf prisons différentes aboutit à la formation de neuf nouvelles Eglises !18

Troisièmement, la persécution purifie l’Eglise en éliminant les fourbes, les tièdes et les hypocrites se prétendant croyants.19

Quatrièmement, la persécution unit l’Eglise. La détresse et l’angoisse qui purifie l’Eglise pousse les fidèles demeurés fermes à « se rapprocher les uns des autres et de leur Rédempteur » suite « aux souffrances qu’ils ont endurées ».20 Lorsque Anthony Nemeti et un autre adventiste furent jetés dans une prison militaire à cause de leur refus de porter les armes et de travailler le sabbat, ils rencontrèrent un troisième adventiste qui, après plusieurs mois d’incarcération, ne pesait plus que 41 kilos. Ils étaient enfermés dans des cellules individuelles, et n’avaient donc pas l’occasion de communiquer entre eux, sauf durant dix minutes par jour, lors de la promenade. Un jour, à la fin de la promenade, le troisième frère glissa furtivement un objet dans la poche de Nemeti et s’en alla précipitamment. De retour dans sa cellule, Nemeti sortit l’objet de sa poche. Il s’agissait d’un morceau de pain sec et d’une savonnette sur laquelle étaient gravés les mots suivants : « Aie confiance en Dieu ».

Quelques jours plus tard, Nemeti fut transféré dans une cellule commune et retrouva le frère qui lui avait donné le pain et l’encouragement. Ils se réjouirent d’être ensemble, mais bientôt ils furent séparés pour être envoyés dans des camps de travaux forcés pour une longue période. Juste avant leur séparation, le frère ouvrit sa serviette et lui offrit un nouveau présent : une tige de persil.

« Je ne voulais pas accepter ce nouveau don » se rappelle Nemeti, « mais il me l’offrait avec tant d’amour que je ne pouvais le refuser. Je commençai à mastiquer le brin de persil, et bien qu’il soit amer et filandreux, l’amour que Dieu avait placé dans nos cœurs le rendit doux et agréable au palais. » Puis ils découvrirent qu’ils se rendaient vers le même camp. Même la brutalité des gardiens ne put refroidir la bonne humeur de Nemeti. « La joie d’avoir mon frère à mes côtés éclipsa tout le reste. »21

Cinquièmement, le courage manifesté au sein de la persécution fortifie les plus faibles. Dieu s’est souvent servi de chrétiens solides pour raffermir ceux qui étaient plus faibles. Noble Alexander ayant refusé de travailler le sabbat, il fut battu par trois gardiens avec des câbles électriques dont les extrémités étaient partagées en trois. « J’entendais le sifflement des câbles alors que les officiers les faisaient claquer dans l’air se souvient-il. Les câbles déchirèrent et entamèrent ma chair, encore et encore. Lorsque je m’évanouis à cause de la douleur insoutenable, l’un des soldats me versa un seau d’eau sur la tête afin de me ranimer. Lorsque je revins à moi, le capitaine demanda : « Vas-tu travailler ? »

« Pas aujourd’hui » répondis-je, haletant.

A quatre reprises ce même cauchemar recommença. Il crut chaque fois qu’il allait mourir. Après la quatrième séance de coups, l’officier s’enquit une nouvelle fois : Vas-tu travailler, aujourd’hui ? »

« Non, dis-je, en m’exprimant dans un souffle. Tuez-moi et finissons-en. »

« Est-ce que tu désires être un martyr ?’ Il enjamba ma tête puis revint. ‘Nous ne sommes pas assez fous ! ‘ Il se tourna vers les autres et, d’un ton sec, il dit : ‘Il est fou, c’est un fanatique !’, puis il partit. » Son refus de travailler le sabbat ouvrit une brèche et amena d’autres prisonniers convertis à observer le sabbat. Les gardiens les nommèrent « les gens de Noble » et leur permirent de s’abstenir de travailler le sabbat.22

Sixièmement, « à travers les épreuves et les persécutions, la gloire et le caractère de Dieu se révèlent à ses élus ».23 Gerardo Alvarez était le doyen des anciens d’une Eglise de prison. Ses prédications, axées sur le Christ, fortifiaient les prisonniers et les aidaient à résister aux tentations de l’apostasie et à celle « de se laisser dévorer par le cancer de la haine ». Un vendredi soir, alors que les prisonniers rentraient d’une longue journée de labeur passée dans un marais infesté de moustiques, le sergent de service leur intima l’ordre de courir. « Epuisés, sous-alimentés et atteints de maladies diverses », les prisonniers pouvaient à peine avancer et encore moins courir. Furieux, le sergent ordonna à des soldats spécialement entraînés de se joindre aux gardiens afin de charger les prisonniers. « Cet ordre retentit comme un coup de tonnerre qui leur glaça tous les membres. L’un des prisonniers se trouvant sur la ligne, leva les bras en fixant du regard le ciel et, d’une voix calme et claire, il dit : ‘ Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font.’ Tous les prisonniers observèrent ce géant spirituel, Gerardo, priant pour ses ennemis alors qu’ils le frappaient. Le chapeau du vieux prisonnier avait roulé sur le sol. Un grand silence se fit à la vue de l’opulente chevelure blanche du prisonnier Gerardo, frère de foi. Il s’évanouit. Deux soldats l’emmenèrent vers sa cellule, où ils l’abandonnèrent sans soins. »

Ce fut un témoin de la foi à la gloire de Dieu.

Septièmement, Satan est vaincu par la mort d’un témoin fidèle, même si aux yeux des profanes le martyr semble mourir seul, abandonné et sans amis. La mort élève éternellement le vainqueur au-delà de l’atteinte du mal.

L’un des grands objectifs du témoignage étant la défaite de Satan, nous pouvons ainsi nous souvenir que la persécution et le martyre ne peuvent être correctement compris que dans la perspective du conflit opposant le Christ à Satan. Témoigner de Jésus et de son caractère constitue l’élément vers lequel converge cette lutte.

Une leçon pour nous

N’avons-nous jamais été tentés de dissimuler notre lampe sous le boisseau de peur de subir quelques vétilles tels que la désapprobation de nos professeurs ou l’ostracisme de nos pairs ? Penchons-nous alors sur les martyrs passés et actuels, sur ceux qui ont risqué leur vie pour leur foi.

Ma réflexion personnelle sur les héros spirituels et les martyrs chrétiens passés et présents enflamme mon imagination et lance un défi à mon engagement envers Dieu. En y regardant de plus près, je suis bouleversé par les actions de mes frères et sœurs, qui m’ont devancé par l’obstination de leur témoignage et leur passion pour le Christ, sans posséder aucun des « avantages » éducatifs, économiques ou géographiques dont je jouis.

Cette prise de conscience soulève chez moi une question de base : l’activité ou le style de vie que je nomme « témoignage » est-il suffisamment clair et audible pour susciter l’approbation ou le rejet ? Ou bien s’agit-il simplement de l’expression culturelle marginale d’une préférence religieuse privée qui ne menace personne, ne perturbe aucun statu quo et ne mérite donc aucune attention de l’ordre social dominant ? S’il s’agit du dernier cas, il ne s’agit plus là de témoignage et ce ne sera jamais reconnu comme tel sur la terre ou au ciel.

Jerry Moon (Ph. D., Andrews University) enseigne l’histoire de l’Eglise au Seventh-day Adventist Theological Seminary d’Andrews University et travaille en tant qu’éditeur associé du Seminary Studies. Voici son adresse postale : Andrews University, Berrien Springs, Michigan 49104-1500 ; USA. Son adresse électronique : jmoon@andrews.edu

Notes et références

1.   David Barrett et Todd Johnson, Our World and How to Reach It, et Almanac of the Christian World, cités par Susan Bergman, ed. Martyrs: Contemporary Writers on Modern Lives of Faith (New York: Harper San Francisco/Harper Collins, 1996) p. 14, 15.

2.   John Graz dans une interview de W. G. Johnsson, « Religious Liberty Under Siege » Adventist Review, 14 août 1997, p. 8.

3.   Nina Shea, In the Lion’s Den: A Shocking Account of Persecution and Martyrdom of Christians Today and How We Should Respond (Nashville Tenn. Broadman and Holman, 1997) p. vii, 1.

4.   Ibid, p. 9.

5.   Voir James H. Zachary, « Inside the Muslim Mind », Adventist Review, 11 septembre 1997, p. 8-12 ; Robert Folkenberg, From the GC President, 10 mars 1997.

6.   William G. Johnsson, « South Mexico: Baptisms and Bloodshed » Adventist Review, 13 mars 1997, p. 11.

7.   Gadzhimurat Gadzhiyev (31 ans) et sa femme Tatyana étaient de nouveaux convertis et des membres zélés de l’Eglise adventiste, locale, du septième jour, composée de huit membres. Ils furent emmenés par la foule, battus publiquement, arrosés d’essence et brûlés vifs. L’Adventist Review indiqua que cet incident avait « des motivations religieuses » (Robert W. Nixon, secrétaire, « Minutes de l’audience du quatrième congrès mondial de l’association internationale de la liberté religieuse », Rio de Janeiro, Brésil, 23 et 25 juin 1997 ; Jonathan Gallagher, « Les événements mondiaux démontrent l’importance du congrès de la liberté religieuse », Adventist Review, 14 août 1997, p. 13).

8.   Barrett et Johnson, cités dans les Martyrs de Susan Bergman, p. 14, 15.

9.   Voir E. G. White, Conquérants Pacifiques, (Editions S.D.T., Dammarie les Lys, France, 1980), p. 508, 509.

10. Wong est un pseudonyme. Voir Stanley Maxwell, The Man Who Couldn’t Be Killed (Boise, Idaho: Pacific Presse Publ. Assn. 1995), p. 5.

11. Ibid, p. 210, 211.

12. Anthony Nemeti, The Time of Trouble (Leominster, Mass.: Eusey Press, 1978), p. 23, 26, 81, 82, 129.

13. The Seventh-day Adventist Bible Dictionary (Washington D.C.: Review and Herald Publ. Assn. 1970) art. « Martyr ».

14. Oxford Dictionary of the Christian Church, « Timothy, St ».

15. Ellen G. White, Testimonies to Ministers and Gospel Workers (Mountain View, Calif. : Pacific Press Publ. Assn., 1962), page 39.

16. Noble Alexander et Kay D. Rizzo, I will Die Free (Boise Idaho: Pacific Press Publ. Assn., 1991) p. 49-51.

17. Cité par E. G. White, La Tragédie des Siècles, (Editions S.D.T., Dammarie les Lys, France, 5ème édition) p. 40.

18. Noble Alexander, p. 95-100.

19. Ellen G. White, La Tragédie des Siècles, page 534 ; Selected Messages (Washington D.C.: Review and Herald Pub., Assn., 1958, 1980) second volume, p. 638.

20. Ellen G. White, La Tragédie des Siècles, p. 40.

21. Anthony Nemeti, p. 67, 68, 82-85.

22. Noble Alexander, p. 76, 77.

23. Ellen G. White, Conquérants Pacifiques, p. 514.

24. Noble Alexander, p. 144, 145.

* Tous les passages bibliques ont été tirés de la Bible traduite par Louis Segond (version 1978).


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