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Grace Adeoye : Dialogue avec une conférencière et chercheuse universitaire du Nigeria Mark Driskill
Comment se fait-il que vous ayez été convoquée à cette Commission sur la sexualité humaine ? LUnion nigériane avait probablement des projets à cet égard. On savait quelles étaient mes activités, tant au niveau de lEglise quau niveau de la communauté. Jai participé durant de nombreuses années au ministère de la Femme dans ma propre église. Nous avons lancé, depuis plusieurs années, un programme pratique pour les femmes au sein de léglise avec laide de quelques membres. Lidée sest répandue à travers différentes églises de Lagos. Aujourdhui, il fait partie des activités de très nombreuses communautés adventistes. Jai très rapidement été impliquée dans un programme de contrôle du sida. Puis je me suis retrouvée en tant que coordinatrice dune commission gouvernementale pour le contrôle du sida et du HIV. Nous avons parrainé quelques ateliers dEtat et introduit ce programme au sein de léglise adventiste. En tant quadventiste, mon objectif était datteindre chaque église du Nigeria par le biais de léducation sexuelle. Il nous fallait entreprendre cette démarche pour combattre le fléau du HIV qui se répandait très rapidement à travers tout le pays. Lorsque la Division de lAfrique et de locéan Indien me nomma pour servir dans cette commission, jen fus très honorée. Existe-t-il des conflits entre la mission que vous entreprenez pour lEglise et votre profession ? Non, bien au contraire. Elles se complètent lune lautre. En tant que chrétienne engagée pour ma foi, jai pu mettre au profit de ma profession toutes les valeurs et les responsabilités que réclame ma foi. Pourriez-vous nous dire quelque chose au sujet de votre profession ? Je suis conférencière en zoologie au département des Sciences biologiques à lUniversité de Lagos. Jenseigne la parasitologie et la protozoologie aux élèves du second et troisième cycle. Je supervise également des séminaires et des projets ayant trait à différentes parasitologies. Certains de mes élèves préparent des projets dans le cadre de leur maîtrise et de leur doctorat. De plus, jentreprends mes propres recherches sous les auspices de lOrganisation mondiale de la santé, de luniversité et dorganisations gouvernementales variées. Comment en êtes-vous venue à vous intéresser à la parasitologie ? Javais déjà une licence en éducation et en zoologie. Alors que je préparais ma maîtrise, je me suis intéressée à ce qui affectait lêtre humain. Les parasitoses sont assez communes et jai souhaité étudier le cycle de vie de certains parasites. Jai pensé quil pouvait être possible de briser certains cycles afin de débarrasser la population de ces maladies. Je me suis donc consacrée à létude et à la recherche dans ce domaine, tant au niveau de la maîtrise que du doctorat. Etant très proche de votre famille, avez-vous rencontré des difficultés pour poursuivre vos études ? Jai heureusement un mari très compréhensif et de merveilleux enfants. En fait, quatre de mes cinq enfants ont participé à mes études, puisquils sont nés alors que jétais encore à la faculté. Mon premier enfant est né deux jours après un important examen. Mon second fils est venu au monde pendant que je faisais mon service national. Mes deux filles, elles, sont nées alors que je préparais ma maîtrise. Joccupais déjà un poste denseignante à lépoque, aussi avais-je la charge de quatre enfants tout en travaillant à plein temps. Il me fallut quatre années pour préparer ma maîtrise, au lieu de deux. Lorsque mon cinquième enfant avait un an, je lai laissé, lui et mes quatre autres enfants, à la charge de mon mari, et me suis rendue en Angleterre pour préparer mon doctorat. Nétait-ce pas un peu expéditif ? Je pense que oui, mais je navais vraiment pas dautre possibilité compte tenu des circonstances. Sur les 2 000 candidats nigérians à la bourse détudes universitaires du Commonwealth, je faisais partie des 29 sélectionnés. Il me fallait prendre une décision bien pénible : poursuivre mes études universitaires ou demeurer avec ma famille ? Je priai beaucoup. Je savais que Dieu mindiquerait la voie la plus sage. Avant même que je prenne une décision, mon mari mencouragea à aller de lavant. Une chance semblable ne se représenterait probablement plus jamais. Je me rendis donc à Londres et me séparai de ma famille durant près de trois ans. Quelle était la spécialisation que vous aviez choisie ? Je désirais opter pour une spécialisation qui moffrirait la possibilité daider mon peuple. Le Nigeria est affecté par deux maladies majeures : la malaria et le schistosomiasis. Jai choisi le second qui est véhiculé par un parasite, transmis par les escargots ou leurs larves dans leau. Lorsque les gens vont se laver ou ramènent de leau, les larves sinsinuent à travers leur peau et sintroduisent dans leur foie et leur rate. Cette maladie occasionne des pertes de sang dans lurine et les selles. Elle est souvent fatale. Jai donc choisi létude de ce parasite et je pense avoir quelque peu aidé ma communauté. Etant jeune, par qui avez-vous été le plus marquée ? Ma mère, sans lombre dune hésitation. Cétait une personne très pieuse, une adventiste profondément engagée pour sa foi. Elle était très impliquée au sein des activités de léglise et nous enrôla également dès que nous fûmes en âge dentreprendre quelque chose. Elle souhaitait que je témoigne de ma foi. Après ma mère, cest mon frère qui eut une grande influence sur moi. Il a été un modèle, tant au niveau de lenseignement quau niveau des activités de léglise. Il a un doctorat mais ce nest pas ce qui mimpressionne le plus en lui, cest son engagement en tant que témoin de sa foi. Il est pasteur laïque. Est-ce ainsi que vous avez débuté votre ministère dévangélisation ? Dune certaine façon, oui. Mais ce rêve que javais eu étant adolescente ne ma jamais abandonnée. Dieu ma donné le courage nécessaire pour tenir une série de conférences évangéliques. Nous étions dans les années 80. Aucune femme navait encore tenu de conférences publiques au Nigeria. La Société Dorcas moffrit une bonne entrée en matière lors de ces premières réunions. Les femmes vinrent maider. Bien que léglise locale estimât que nous devions travailler au sein de léglise et non prêcher au dehors, nous nous sentîmes, néanmoins, poussées à prêcher pour ceux de lextérieur. Les premières conférences de 1986 obtinrent un certain succès et de nombreuses personnes reçurent le message. Le premier soir, lorsque mon interprète et moi achevâmes la prédication, il y eut un moment de grande excitation. Les femmes ne nous laissèrent pas descendre de lestrade, elles nous portèrent littéralement vers lextérieur. Plus tard, les anciens purent constater ce qui pouvait être accompli par des femmes. Quelle est la situation actuelle ? Les idées ont évolué, tant au sein de léglise que dans la communauté. Il nest pas rare de rencontrer des femmes prêchant dans les églises et tenant des campagnes dévangélisation. Avez-vous loccasion de partager votre expérience chrétienne avec vos collègues ? Je témoigne quotidiennement de ma foi. Sils rencontrent des difficultés, un problème familial, par exemple, ils savent que je suis toujours disposée à les écouter. Quelques-uns dentre eux ont assisté aux séminaires sur lApocalypse que jai conduits. Certains se sont même joints à moi pour le service de culte de notre église. Tous mes collègues de luniversité connaissent ma foi et savent comment jobserve le sabbat, ils respectent tous mes convictions. Cest également le cas de mes élèves. Comment nourrissez-vous votre vie spirituelle ? Je prie et médite beaucoup. Je lis ma Bible et, ce faisant, jaccorde toute latitude à Dieu pour sadresser à moi. Jaime également lire dautres ouvrages ayant trait à différents aspects de la vie spirituelle. Je parle souvent en public, aussi, tout en préparant mes causeries, je grandis avec mes auditeurs. Quaimeriez-vous dire à des étudiants adventistes et à de jeunes professionnels ? Placez toujours Dieu en premier : il nous enrichit et nous fortifie. Ensuite, ne permettez à personne ni à quoi que ce soit de vous éloigner de votre foi. Finalement, où que vous soyez, partagez votre foi ! Propos recueillis par Mark Driskill. Mark Driskill est le directeur du développement de Adventist World Radio. On peut latteindre sur son E-mail : <mdris@compu serve.com> Voici ladresse du Dr Adeoye : Zoology Unit, Department of Biological Sciences, University of Lagos, Akoka, Yaba, Lagos, Nigeria. Son E-mail : <matdeplg@infoweb .abs.net> |