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Conversion d’un athée Marco Antonio Huaco Palomino En 1990, je minscrivis à lUniversité San Marcos, le grand centre intellectuel du Pérou dont sont issus les précurseurs de notre indépendance nationale. Je choisis détudier le droit, espérant prendre en plus des cours dhistoire, de politique et de philosophie. A cette époque, des troubles politiques agitaient le pays et les universités. Depuis 1980, le gouvernement national était confronté à la violence et au terrorisme répandus jusque dans les campus universitaires où les étudiants étaient partagés en deux camps : soit pour, soit contre les idéologies de gauche. En 1991, sur un ordre du gouvernement, des troupes, des blindés et des hélicoptères envahirent notre campus universitaire. Malgré tout, ma première année à luniversité fut un temps de découverte intellectuelle. Toutefois, jétais parfois sujet à des crises de confusion spirituelle et danxiété tandis que je cherchais à concilier le fait dêtre à la fois un croyant et un philosophe. La philosophie et la science suscitèrent un conflit entre mes croyances catholiques bien ancrées et un nouvel intérêt rationnel pour la vie et sa signification. Est-ce que la foi et la raison pouvaient coexister ? La foi était-elle compatible avec la science ? Ces questions mamenèrent finalement à ne plus croire en Dieu. Le vide fut comblé par un enthousiasme toujours plus grand pour la philosophie matérialiste et marxiste. Je finis par remplacer le concept dun Dieu éternel par une évolution continuelle de la matière. Je souscrivis à la théorie de lévolution voulant que lespèce humaine soit laboutissement dune longue série de transformations. Dieu navait pas créé les hommes, cétait linverse. Le christianisme était simplement un système de croyances qui se propagea avec dautres sectes mystiques, et dont la popularité avait pour origine un accident historique. Cela marrangeait quaucun chrétien ne soit capable de démontrer la fausseté de mes positions. Le chrétien typique « défendait » Dieu avec des arguments doctrinaux, dogmatiques et/ou sentimentaux a priori. Passage à laction Je décidai alors de passer des paroles aux actes et rejoignis une organisation socialiste à luniversité. Je me retrouvai alors pris entre les feux de lEtat et ceux du terrorisme. Les étudiants chrétiens nétaient pas non plus à labri puisque la religion était considérée comme « lopium du peuple » et que les chrétiens étaient « les ennemis de la révolution ». Les adventistes du septième jour, tout spécialement, étaient considérés comme « des repoussoirs à limpérialisme yankee ». A une occasion, des étudiants adventistes avaient peint une fresque murale représentant une Bible ouverte. Deux jours plus tard, ils constatèrent que la Bible avait été recouverte de peinture noire et quun marteau rouge et une faucille y avaient été dessinés avec au centre des paroles injurieuses : « Hors de San Marcos, bande de cochons ! » En 1995, encore étudiant à la faculté de droit, jétais devenu un marxiste-léniniste convaincu, un activiste politique reconnu. Je fus élu pour représenter les étudiants de luniversité. Arrivé au faîte de mon activisme politique et idéologique, je fis la connaissance dune jeune étudiante adventiste, Ysabel. Débordé par mes nouvelles responsabilités et incapable dassister à certains de mes cours, je faisais souvent appel à Ysabel qui me passait ses notes. Son attitude sans préjugés et sa serviabilité envers une personne qui ne cessait de critiquer la religion mamenèrent à étudier ses croyances « particulières ». Je tolérai plusieurs de ses positions doctrinales, mais lorsquelle me présenta le diable comme un être personnel, je my opposai fortement. Je ne pus accepter non plus les interdits adventistes sur les boissons alcoolisées, la danse, la cigarette. Non ! Non ! Et non ! Je ne pouvais non plus accepter leur observation fanatique du sabbat juif en tant que jour de repos. « LEglise adventiste est une secte », telle fut ma conclusion. Le Centre des étudiants adventistes minvita alors à lun de leurs séminaires. A cause de mon respect pour les différentes idéologies, jy assistai. Je fus très stupéfait de découvrir leurs positions bien réfléchies établissant des relations entre la foi et la science, entre les révélations de la Bible et la recherche scientifique. Ma curiosité fut grandement éveillée. Jétais aussi arrivé à la conclusion quil y avait des faiblesses fondamentales dans la logique et le raisonnement du discours socialiste en général et marxiste en particulier. Le présentateur avait parlé des rouleaux et des manuscrits découverts près de la mer Morte en 1947, des éléments de preuve déterminants de lhistoricité de la Bible. Ce fut mon premier indice. Je me rappelai alors quà la maison il y avait un livre sur ce sujet. La vérité nest pas une théorie, mais une personne Au début de lannée 1996, je commençai à lire ce livre qui me confronta à de nombreux défis. Pour un libre penseur comme moi, cela aurait été faire preuve de lâcheté dogmatique et de sectarisme que de le nier. En effet, ces rouleaux de Qumrân confirmaient lantiquité et la fidélité du texte du livre dEsaïe. Cela aurait pu être négligeable sauf que ce livre contenait des prophéties concernant un homme se présentant comme le Fils de Dieu, Jésus de Nazareth. Est-ce que ces prédictions avaient été accomplies ? Il me fallait le vérifier pour moi-même et pour cela, il ny avait quun moyen. Ce même soir, je fis quelque chose que je naurais jamais fait autrement. Je pris tout au fond de ma bibliothèque personnelle ce livre oublié, la Bible. A laide de lindex, je trouvai Esaïe 53 que je lus plusieurs fois. Les détails décrits dans ce livre prophétique, écrit plusieurs siècles avant les évangiles, cadraient parfaitement avec les faits décrits dans ceux-ci. La fondation même de ma philosophie matérialiste de lhistoire commença à seffriter. Si ce quon appelait « prophétie » existait vraiment, cela voulait dire que mon château de cartes était voué à sécrouler. Quelle puissance mentale pouvait prévoir lavenir si lÊtre (réalité visible) était déterminé par la Conscience (Dieu) et non pas la Conscience par lÊtre telle que le postulait Marx et les autres matérialistes ? Et si cétait vrai ? Et si je métais opposé au Fils de Dieu pendant toutes ces années ? Nétais-je pas le dirigeant de lorganisation socialiste la plus en vue de luniversité et, après plusieurs années deffort, nétait-ce pas moi qui conduisais le mouvement étudiant vers lavenir ? Incroyable ! Quallait-on dire de moi ? Un militant athée devenu un petit agneau dans une « secte » religieuse ! Mais la vérité étant la vérité, peu importait mes préférences ou mes convenances personnelles. La vérité dune chose ne dépend pas du nombre de ses adeptes. De plus, cest à moi que je ferais du tort si je vivais en me leurrant moi-même. « Garde ton calme et prends une décision », me suis-je dit. « Tu dois de nouveau examiner cette question de lexistence de Dieu. Fais des recherches, retourne à la case départ. » Des questions innombrables faisaient irruption dans mon esprit. Si Dieu existe, pourquoi tant dinjustice et doppression ? Comment peut-il être un Dieu miséricordieux, sil est insensible à la douleur ? Pourquoi tant de siècles dinquisition victorieuse si un grand nombre des martyrs étaient du côté de Dieu ? Je ne comprenais pas. Je savais uniquement quil y avait Esaïe 53. Je pouvais voir, comme dans un rêve, un visage serein et souriant, jeune, mais mature. Quelle nuit mémorable ! Saul roula de nouveau dans la poussière. Enfin, je sus que la vérité nétait pas une théorie, mais une personne, la personne de Jésus. « Connaissez-vous le Seigneur Jésus ? » Je ne dis mot des graves doutes qui massaillaient. Je posai des questions ici et là, je fis des recherches dans la Bible. Jétais étonné que la majorité des libres penseurs que je connaissais préféraient éviter certains faits fondamentaux par peur de la vérité ou à cause de leurs préjugés. Un jour, je fus invité par un petit groupe qui étudiait dans la Bible le sujet de la justice par la foi. Je compris quil ne suffisait pas pour un chrétien davoir un bon comportement. Je vis aussi que « lopium » de la doctrine marxiste ne ressemblait en rien à lenseignement de la Bible. Dieu était très compréhensif et réaliste et ne sattendait pas à ce que nous soyons parfaits de nous-mêmes, car cétait impossible ! A cette époque, il y eut une semaine de prière tenue par le pasteur Alejandro Bullón. Mes responsabilités mempêchant dy assister régulièrement, je pus quand même y aller une fois. La réunion portait sur la conversion de Paul. Cela dépassait les bornes ! Est-ce que le Saint-Esprit mavait conduit ici pour me mettre au défi ? Je pris un taxi pour retourner chez moi et, à ma grande surprise, le chauffeur me demanda : « Connaissez-vous le Seigneur Jésus ? » Je le regardai et lui répondis : « Oui, je pense que je le connais, maintenant. » En dépit des moments difficiles que je dus affronter en 1996, en raison de mes activités politiques, mes connaissances sapprofondirent et je commençai à observer le sabbat si fidèlement que lon pensait que jétais adventiste. Jétudiai chacune des doctrines, lisant tous les livres adventistes qui me tombaient sous la main. Lun dentre eux fut La tragédie des siècles dont la lecture changea complètement mon ancienne philosophie socialiste de lhistoire. Jeus beaucoup de difficulté à accepter la doctrine du don de prophétie manifesté en Ellen White, particulièrement parce que beaucoup de mes amis adventistes nen savaient pas grand- chose. Certains disaient que les déclarations dEllen White nétaient pas toutes inspirées ; dautres que les Témoignages ne sappliquaient quà lépoque de leur rédaction. Mais pour être baptisé, il fallait que jaccepte cette doctrine. Elle faisait en effet partie des vux du baptême. Je confessais le Christ comme mon Sauveur et je gardais les commandements, mais est-ce que je serais un véritable adventiste du septième jour ? La providence conduisit une personne à me donner un livre excellent, E. G. White, Prophet of Destiny. La lecture et létude de cet ouvrage me permirent de résoudre mes questions les plus épineuses. Ma fréquentation de lEglise suscita chez mes anciens camarades la réaction hostile attendue. Mais « si Christ est pour nous, qui peut être contre nous ? » Lun dentre eux fut le témoin de ma conversion et redécouvrit la foi de son enfance. Même sil doit garder le lit en raison dune pénible maladie, il partage notre espoir en la promesse de la résurrection. Je fus baptisé le 30 août 1997. A présent, je sers en tant quanimateur de lEcole du sabbat, directeur de la liberté religieuse et prédicateur laïc pour mon église locale. Je suis aussi président du Centre des étudiants adventistes de lUniversité de San Marcos. Mon amitié avec Jésus me comble et, avec mes collègues universitaires, je combats le bon combat de la foi en espérant le retour glorieux de notre Seigneur. Marco Antonio Huaco Palomino a terminé une maîtrise en droit et rédige une thèse sur la liberté religieuse. Il est employé actuellement comme conseiller juridique pour ADRA Pérou. Adresse électronique : mhuaco@hotmail.com |