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Trois lois spirituelles : Réflexion sur la parabole du pharisien et du publicain Jan Paulsen Deux hommes entrèrent dans la maison du Seigneur pour prier. Apparemment, ils ne se connaissaient pas. Sur le plan spirituel comme sur le plan social, ils nétaient pas du même monde cest en tout cas ce quils pensaient lun de lautre. Dailleurs, certaines communautés humaines attachent une grande importance à de telles distinctions. Ces deux-là sont représentatifs de deux groupes de personnes qui se rendent depuis toujours à la maison du Seigneur pour y prier. Tout le monde considérait lun deux comme quelquun de bien et de respectable. Il faisait partie de la « classe moyenne », vivait décemment et se voyait probablement en modèle pour autrui. Aucun doute, dans son esprit, quant au bien et au mal. Cest du moins ce quil croyait. Lautre passait pour un escroc dont la conduite ne gagnait guère à être étalée aux yeux de tous un vil personnage. Lun suscitait ladmiration, lautre, absolument pas. Lun était dénommé « pharisien », lautre, « publicain ». Afin que vous ne soyez pas perturbés par lapparente aisance avec laquelle les gens, venus dans la maison du Seigneur pour ladorer et prier, sont ainsi divisés en deux groupes, je dois vous dire que, dans la réalité, tel nest pas le cas. Il serait très difficile de trouver beaucoup de gens qui aient autant de rigueur, de zèle et de discipline quun pharisien. Et il y en a probablement peu qui, fréquentant lEglise, soient tombés aussi bas que le célèbre publicain. Je subodore quen chacun de nous se trouve un peu de chaque un peu du publicain et un peu du pharisien ; parfois un peu plus de pharisien et parfois, un peu plus de publicain. Mais entre ces deux types extrêmes, lon a probablement un bon échantillon des gens venant prier. Dans son essence, le message cette histoire, telle que la racontée Jésus, comme le relate Luc (Luc 18.9-14), est un message qui porte à la fois sur le jugement et sur le salut. Sont avant tout concernés par le jugement ceux et celles qui ont tendance à se comparer aux autres membres dEglise et qui, se faisant, sen trouve fort satisfaits. Ils se perçoivent comme gens accomplis, couronnés de succès, à la différence de certains autres, dont ils ont piètre opinion. Alors que nos deux personnages exprimaient en prière, devant Dieu, leurs pensées et sentiments, la perception de soi nourrie par chacun deux devint claire. Lun se félicite, et félicite Dieu, de ce quil est et de ce quil est capable de faire. Il ne souhaite nullement être autrement. Il na aucune requête à formuler au Seigneur. Quils sont impressionnants, ses jeûnes, ses prières, ses dîmes et offrandes (« Enfin, Seigneur, Tu reconnais bien tout cela ! ») Son esprit se concentre sur ce quil peut apporter à Dieu et non sur ce quil a reçu de Dieu. Et en cela réside son premier grand défaut. A lopposé, nous observons lautre personnage, à lapparence minable et qui ne se sent pas du tout à sa place. Rien que son emploi (« publicain, ou collecteur dimpôts ») était un handicap : les gens bien nembrassaient pas une telle profession ! Socialement, il nétait pas intégré et beaucoup le tenaient pour un « lépreux » moral. Il était donc tout à fait correct quil doive se tenir « à distance », comme le précise le texte. Est-il possible, pourrait-on demander, que lon ait affaire, dans cette histoire à un homme fondamentalement droit, simplement devenu injustement victime de la mauvaise réputation de sa profession ? Non, pas la moindre chance ! Il était corrompu, une vraie canaille, et sa posture et ses paroles le présentaient bien tel quil était au plus profond de lui-même. Tout en lui était mauvais, il ny avait en lui rien de recommandable. Or, cest précisément en cela que réside son salut : il eut le courage dêtre honnête, envers lui-même et envers Dieu. Debout devant le Seigneur, il ne trouvait en sa personnalité aucun motif de contentement. Il ny voyait quéchec et malheur. Et animé de sentiments qui nous rappellent ceux de David, tant dannées auparavant (« ...efface mes désobéissances. Lave-moi complètement de mes torts, et purifie-moi de ma faute. ...ma faute est toujours là, je la revois sans cesse. » Psaume 51.3-5), il appelle au secours. Les lois spirituelles De cette histoire mémorable se dégagent trois lois importantes de la vie spirituelle. Première loi : la personne qui, en toute sincérité, confesse son péché devant Dieu est plus proche de lui que celle qui croit navoir rien à confesser. Dieu ne craint pas le péché, Il sen occupe tout le temps et il « sait faire » (« ...ton indignité est supprimée, ton péché est effacé. » Esaïe 6.7). Mais quelle est dure à guérir, la cécité de larrogance. On peut se demander : selon quel critère le pharisien se sentait-il, au plan spirituel, si accompli et plein de succès ? Facile : il se comparait à une personne pour laquelle il navait que mépris ! Nous comparer à dautres, ce que nous faisons fréquemment, ne sert généralement pas à grand-chose car nous en tirons des conclusions peu sûres. Ce qui nous amène à notre... ...Deuxième loi : la personne qui admire sa propre spiritualité éprouve généralement des difficultés en proportion à voir le bien chez autrui. Souvenons-nous des paroles davertissement de Paul : « ...que celui qui pense être debout prenne garde de ne pas tomber » (1 Corinthiens 10.12). Quand on se présente au Seigneur, il nest sans doute pas de sentiment plus dangereux à éprouver que « si dautres ne sont pas capables, merci, Seigneur, car moi je le suis ». Cela nous rappelle une pensée bien connue : « Plus nous approchons de Jésus... moins nous serons enclins à lorgueil. Ceux que le ciel reconnaît comme saints sont les derniers à faire parade de leur bonté » (Ellen G. White, Les paraboles de Jésus, Editions S.T.D., 1977, p. 133). Les vrais pèlerins ne ressentent en fait aucune autosatisfaction à vanter leur propre spiritualité et leur profil est tout dhumilité (voir Philippiens 2.3). Le pèlerin connaît dexpérience la faiblesse du caractère humain. Il comprend ses compagnons de route et prend le temps de leur tendre la main quand ils trouvent le chemin trop abrupt. Troisième loi : alors que la tendance naturelle et spontanée des humains est dacclamer les vainqueurs, Jésus, spontanément et profondément, se tourne vers les perdants. Lhistoire relatée en Luc 18 nous parle de sa solidarité avec ceux qui luttent et se sentent spirituellement dépassés. Il a dit : « Les personnes en bonne santé nont pas besoin de médecin, ce sont les malades qui en ont besoin. » (Luc 5.31) Et, parlant par la bouche du prophète, il a aussi déclaré : « Moi lunique vrai Dieu, jhabite là-haut, mais je suis avec les hommes qui se trouvent accablés et ont lesprit dhumilité, pour rendre la vie aux humiliés, pour rendre la vie aux accablés. » (Esaïe 57.15) La vérité une merveilleuse vérité est que devant Dieu, nul nest obligé de désespérer. David a prié : « Parmi les dieux, aucun nest comme Toi Seigneur ... Dieu compatissant et bienveillant, patient, dune immense et fidèle bonté » (Psaume 86.8, 15). La bonne nouvelle pour nous tous, cest que Dieu met à notre disposition le baume de Galaad pour cicatriser nos plaies (Jérémie 8.22). Jan Paulsen (docteur en théologie de lUniversité de Tübingen) est président de la Conférence générale des adventistes du septième jour. * Sauf indication contraire, toutes les citations des Ecritures sont tirées de la Bible en français courant. |