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Après le mariage... il faut vivre mariés Nancy Van Pelt Quand il est entré dans léglise, je me suis dit quil était bien le plus bel homme que javais jamais vu ! Harry était soldat dans une base toute proche. Pour notre premier rendez-vous, nous avions choisi un meeting aérien, où nous avions tenté de gagner des vases en y jetant des pièces de monnaies. Nous en avions ainsi gagné deux et plaisantions : nous les mettrions chez nous quand nous serions mariés et devenus missionnaires à létranger. Nous avons continué de nous fréquenter, de plus en plus amoureux. Pour finir, Harry a posé la grande question et la fièvre des préparatifs de mariage nous a envahis. Nos noces furent célébrées au domicile de mes parents. Pendant que je mapprochais de lautel, lorganiste attaqua la Marche nuptiale de Lohengrin. Et même si la petite fille aux fleurs se mit à pleurer et refusa de semer ses pétales de rose, notre mariage se déroula comme dans un conte de fées, sans le moindre accroc. Ce fut une journée de bonheur et tout le monde fut daccord : ce mariage était aussi photogénique que romantique. Mais après les noces, vient le mariage ! La réalité sinstalle La plupart des couples découvrent que peu après la lune de miel, la réalité sabat sur eux dun seul coup et de tout son poids. Certes, il y a leuphorie de linstallation dans le premier foyer, mais les couples doivent se préparer à la désillusion qui suivra immanquablement latténuation du bonheur et de la fascination suscités par lintérêt exclusif quils avaient lun pour lautre. Doù lexpression : « la lune de miel est terminée ». Les jeunes époux présentent, plus que leurs compagnes, de graves symptômes de désillusion. Ils napprécient guère la perte de leur liberté, les nouvelles obligations domestiques et les soucis financiers qui les assaillent. Quant aux jeunes mariées, elles sont déçues que leurs maris « tout neufs » ne fassent plus grand cas delles. Les masques que chacun portait avant le mariage tombent en peu de temps, laissant apparaître les vraies personnalités avec leurs humeurs et leurs mauvais caractères. Pour la majorité des mariages, la première année est généralement la plus rude, la moitié des jeunes mariés faisant état de sérieux problèmes conjugaux : augmentation spectaculaire, après le mariage, du nombre des disputes entre conjoints ; tendance à se montrer critique envers un(e) conjoint jusqualors « parfait(e) » et perte de confiance en soi. Pendant ces douze premiers mois, le couple doit se confronter à un maximum de problèmes, armé dune expérience minimale. En vérité, lavenir du mariage dépend des ajustements réalisés dans cette période. Le moment le plus favorable à lapprentissage de la vie à deux, ce sont les six premières semaines après le mariage. Progressivement, chacun apprend quil doit partager son ou sa partenaire, ne pouvant monopoliser 100 % de son intérêt, de son affection, de son temps ou de son attention. Employeurs, pères et mères, amis et parents divers tous ont leurs exigences. Durant cette phase de désillusion, la jeune épouse risque fort de constater avec horreur que son mari, habituellement impeccable, se réveille avec mauvaise haleine et la barbe râpeuse. Quant à lui, il ne trouvera pas bien séduisant quelle tire (littéralement !) la couverture à elle ou quelle grince des dents en dormant. Certains découvriront dure expérience combien il faut de temps, defforts et dargent pour entretenir une habitation. Si la plupart des couples sont assez réalistes pour comprendre que cela prend du temps, ils ne se rendent pas compte du temps et de lénergie quil faut pour les courses, la cuisine et les tâches domestiques récurrentes. Ce qui nous sauve du désespoir, cest que nous rêvons plutôt de bonheur que de durs travaux quotidiens. Si nous imaginions, un instant, la place occupée par la routine dans le mariage, nul ne se marierait jamais ! Le fait quaux Etats-Unis, six nouveaux mariages sur dix échouent durant leur première année montre bien que la désillusion arrive tôt, durement et vivement. Pourtant, avec un peu dexpérience, le mariage survivra malgré certains désaccords. On apprend quil est des disputes inévitables, mais que lon peut rester amis et amants même si lon nest pas toujours daccord sur tout. On parvient aussi à admettre que même si lon ne peut pas résoudre tous les problèmes, ce nest pas pour autant la fin du mariage. A ce stade, on se soucie moins des manifestations dagacement et on accepte quelles surviennent, même dans les meilleures relations. Chaque année supplémentaire passée ensemble augmente vos chances de rester mariés. Dès le cinquième anniversaire du mariage, la possibilité dun divorce diminue chaque année. Comment vivre heureux Un déterminant fondamental de votre degré de bonheur est la façon dont vous réagissez à légard de votre conjoint(e) et réciproquement sur trois points essentiels : (1) vos attentes pour lavenir, (2) vos modalités de communication et (3) votre manière de prendre des décisions et de résoudre vos désaccords. Les attentes. Il est important de clarifier, au tout début de votre mariage, vos attentes respectives. La qualité de votre compagnonnage ultérieur dépend de votre compréhension de ces attentes et du degré daccord préalable entre vous à leur sujet. Une fois daccord, vous pouvez avec assurance uvrer pour votre avenir, chacun faisant son travail. Au final, vous récolterez, grâce à vos efforts réunis, des résultats source de mutuelle satisfaction. En revanche, si vous voulez une maison de plain-pied, bohème et pleine de recoins et que votre conjoint rêve darchitecture classique, vous serez vite en désaccord ! Cinq domaines différents sont généralement lobjet dattentes : (a) la façon dont vous voulez être traité(e), (b) la façon dont, selon vous, votre partenaire veut être traité(e), (c) ce que vous croyez être vos responsabilités et vos droits, (d) les responsabilités et les droits de votre partenaire à vos yeux et (e) ce que vous attendez à long terme du mariage. Certains jeunes couples nient avoir de telles attentes, ou estiment quils peuvent les modifier en les adaptant à toute nouvelle situation. Mais les attentes ne se laissent pas si aisément modifier. Elles saccumulent au fil de la vie, faisant progressivement très intimement partie de nous : les modifier serait extrêmement difficile. Elles font tout autant partie de nous que notre respiration : nous navons pas conscience dinhaler et dexhaler. Nous ne nous rendons pas compte à quel point ces attentes sont inscrites en nous-mêmes. Et plus amples seront les changements nécessaires, plus ce sera difficile. Les mariages exigeant le moins de changements dans les besoins économiques, sociaux, psychologiques et religieux de chaque conjoint, sont ceux ayant le plus de chances de réussir. Les mariages nécessitant le plus de changements chez des personnes dorigines culturelles très différentes courent les plus grands risques déchec. Il est donc raisonnable de clarifier toutes les attentes avant même le mariage, den discuter ouvertement et honnêtement. Si elles divergent, il vous faudra trouver un processus pour les modifier, les accepter ou les rejeter. Lattitude adoptée à ce stade par certains (« ma manière de voir les choses est la seule acceptable ») doit être abandonnée. Vous devez prendre conscience quil existe plusieurs façons daccomplir chaque tâche. Il va sans dire que plus on aura clarifié les attentes avant le mariage, moins il faudra procéder à leur clarification après celui-ci. Mais quoi quon fasse, on ne parvient jamais à tout envisager et il faudra encore se livrer à nombre dajustements. Mais cest cela, le mariage : prendre deux modes familiaux de penser, de ressentir et de se comporter et sefforcer de les mêler en une relation harmonieuse. Communication. Si vous voulez tous deux apprendre comment être bien ensemble, il vous faut élaborer un système de communication tel que chacun comprend ce que ressent lautre sur chaque problème rencontré. Dans lidéal, mari et femme doivent être capables de discuter de tous les sujets les intéressant ou les préoccupant. Or les couples apprennent bien vite que certains sujets sont cause de peur, danxiété, de doute ou de colère. Pourtant, moins il y aura de sujets exclus de la conversation, plus la communication dans le couple sera riche et satisfaisante. Quand les émotions sont soumises à discussion, on peut les analyser et les traiter pour ce quelles sont : des sentiments. Ceux-ci ne sont pas mauvais en soi. Ils sont de nature transitoire et nous ne serions pas humains sans eux. Mais ce quil faut se demander, cest : « Est-il approprié dexprimer en cet instant ces sentiments-là ? » Quelques indications pour une bonne expression des sentiments :
Quelques indications pour améliorer votre écoute :
Je recommande à tous les jeunes mariés de ne pas acquérir de télévision pendant leur première année de mariage. Regarder la télé vous ôte des heures que vous pourriez passer à échanger. Vos rapports sen trouvent appauvris. Il est essentiel que vous vous imbriquiez lun à lautre pendant cette cruciale première année, afin de former, grâce à une bonne communication, un indissoluble lien dintimité. Prendre des décisions et résoudre les désaccords. Avant le mariage, vous ne vous imaginiez sans doute pas en train de vous chipoter ou déchanger des réparties cinglantes. Vous aviez peut-être observé vos parents le faire, mais vous vous étiez probablement dit que, quand vous seriez mariés, vous ne vous comporteriez jamais ainsi. Et plus on est jeune, plus il y a de chances que lon estime pouvoir gérer dans la joie et la bonne humeur toutes les difficultés à venir. Or, au fil de votre installation dans la routine de la vie conjugale, vous serez constamment appelés à prendre des décisions relatives au quotidien, à vos rôles respectifs et à vos objectifs majeurs. Et chaque fois, vous construisez un modèle pour lavenir en dautres termes, quand vous serez à nouveau confrontés à une question du même ordre, vous ne reprendrez pas la négociation à zéro, mais vous vous baserez probablement sur le précédent de la décision, prise antérieurement à ce sujet. Mais comment parvenir aux décisions ? Lun de vous les prendra-t-il avant de sefforcer à convaincre lautre de leur justesse ? Est-ce que lun des deux sera toujours obligé(e) dadmettre la décision de lautre ? Les jeunes mariés sont parfois choqués dapprendre quil est absolument fondamental, dans leur relation, de manifester à haute et intelligible voix ce quils ressentent pendant quils élaborent une décision. Tant que chacun des deux ne sexprime pas clairement, ils ne comprendront jamais les sentiments sous-jacents expliquant pourquoi ils peuvent être en désaccord. Ce ne sont pas les désaccords qui comptent, mais le modèle que vous créez pour leur résolution durant les premières semaines, les premiers mois de votre mariage. Quelques éléments à retenir :
La crise des beaux-parents Les problèmes de beaux-parents figurent parmi les questions les plus dangereuses pour les jeunes mariés. Les désaccords à ce sujet affectent les premières années dun mariage, plus que tout autre problème. Les parents éprouvent de grandes difficultés à laisser senvoler lenfant dont ils ont si longtemps pris soin. Durant les premières semaines, les premiers mois du mariage, chaque couple de parents scrute le nouveau membre de la famille et le juge en fonction de leurs propres normes. Des recherches menées à ce sujet montrent que cest de la mère du jeune marié que peuvent venir les plus grandes difficultés, parce que cest elle qui sidentifie le plus étroitement au rôle de lépouse et quelle risque de se montrer critique, quant à la façon dont une autre femme assume un rôle quelle a rempli avec succès pendant des années. Quelques suggestions utiles : 1. Fondez votre propre foyer dès votre mariage. Nhabitez pas chez les parents, même à titre temporaire. Il est impossible quune intimité de couple se développe quand on habite chez quelquun, même quand les parents vous promettent de vous laisser tranquilles. Habiter chez les parents vous empêchera de vous sentir tout à fait adultes et vous vous percevrez comme limités en bien des domaines. Votre vie sexuelle en sera affectée. 2. uvrez à létablissement de bons rapports avec vos beaux-parents. Le nouveau mari pourra, par exemple, envoyer des fleurs à sa belle-mère à loccasion de son anniversaire. La belle-fille pourra, autre exemple, faire un cadeau à sa belle- maman pour la fête des mères. Invitez-les à dîner ou emmenez-les de temps à autre en sortie. Une telle attitude peut avoir dexcellentes retombées. Si vous traitez vos beaux-parents en amis, vous verrez quils vous traiteront pareillement. 3. Acceptez vos beaux-parents pour ce quils sont. Vous aurez peut-être envie quils changent sur différents points, mais dites-vous quils éprouvent sans doute le même désir à votre égard. Donnez leur le temps de se faire à vous et de shabituer à la « perte » de leur enfant. Ne jamais, jamais, jamais...
Quand vous rendez visite à votre belle-famille, faites en sorte que ce soit bref. Sils vous donnent des conseils, acceptez-les avec grâce et si ceux-ci vous conviennent objectivement, appliquez-les ; sinon, ignorez-les. Adoptez, dès le début de votre mariage, une attitude positive envers vos beaux-parents : soyez déterminés à ce que vos rapports avec eux soient source de joie. Un dernier mot Durant nos premières années, Harry et moi avons connu de nombreux problèmes. Même si nous nétions plus adolescents, nous étions jeunes, naïfs et sans la moindre idée des disciplines de la vie conjugale. Nous avons tenté de résoudre nos difficultés par nous-mêmes, mais sans grands résultats. Nous allions fidèlement à lEglise, louions le Seigneur en famille avec nos enfants et agissions conformément à ce que des chrétiens sont censés faire. Mais la situation ne saméliorait pas. Si nous navions pas eu notre foi, à un certain stade, nous aurions tout laissé tomber, estimant que ce que nous avions en commun ne valait pas dêtre sauvé, et quil vaudrait mieux que nous poursuivions notre chemin séparément plutôt que de continuer à nous tourmenter lun lautre. La foi chrétienne dans laquelle nous avions tous deux été élevés nous a soutenus, refusant de nous abandonner. Aujourdhui, nous sommes plus solides que jamais dans lamour du Seigneur et dans notre amour mutuel, ce qui nous a aidé à surmonter nos problèmes. Nous avons appris que nous ne retirerions du mariage que ce que nous y aurions investi. Il faut à un mariage réussi du courage, de la détermination, de lhumilité et même, oui, de lhumour ! Si vous pouvez apprendre comment rire des erreurs commises, le Maître des cieux vous promet denvoyer une équipe de nettoyage qui débarrassera les morceaux brisés et accordera à votre mariage un vrai renouveau. Nancy van Pelt, conseillère conjugale, a écrit 22 ouvrages, dont Highly Effective Marriage, le plus récent. Adresse postale : 493 Timmy Avenue ; Clovis, California 93612-0740 ; U.S.A. E-mail : vanpeltS@juno.com Site web : www.heartnhome.com |