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Après le mariage... il faut vivre mariés

Quand il est entré dans l’église, je me suis dit qu’il était bien le plus bel homme que j’avais jamais vu !

Harry était soldat dans une base toute proche. Pour notre premier rendez-vous, nous avions choisi un meeting aérien, où nous avions tenté de gagner des vases en y jetant des pièces de monnaies. Nous en avions ainsi gagné deux et plaisantions : nous les mettrions chez nous quand nous serions mariés et devenus missionnaires à l’étranger.

Nous avons continué de nous fréquenter, de plus en plus amoureux. Pour finir, Harry a posé la grande question et la fièvre des préparatifs de mariage nous a envahis. Nos noces furent célébrées au domicile de mes parents. Pendant que je m’approchais de l’autel, l’organiste attaqua la Marche nuptiale de Lohengrin. Et même si la petite fille aux fleurs se mit à pleurer et refusa de semer ses pétales de rose, notre mariage se déroula comme dans un conte de fées, sans le moindre accroc. Ce fut une journée de bonheur et tout le monde fut d’accord : ce mariage était aussi photogénique que romantique.

Mais après les noces, vient le mariage !

La réalité s’installe

La plupart des couples découvrent que peu après la lune de miel, la réalité s’abat sur eux d’un seul coup et de tout son poids. Certes, il y a l’euphorie de l’installation dans le premier foyer, mais les couples doivent se préparer à la désillusion qui suivra immanquablement – l’atténuation du bonheur et de la fascination suscités par l’intérêt exclusif qu’ils avaient l’un pour l’autre. D’où l’expression : « la lune de miel est terminée ».

Les jeunes époux présentent, plus que leurs compagnes, de graves symptômes de désillusion. Ils n’apprécient guère la perte de leur liberté, les nouvelles obligations domestiques et les soucis financiers qui les assaillent. Quant aux jeunes mariées, elles sont déçues que leurs maris « tout neufs » ne fassent plus grand cas d’elles. Les masques que chacun portait avant le mariage tombent en peu de temps, laissant apparaître les vraies personnalités avec leurs humeurs et leurs mauvais caractères.

Pour la majorité des mariages, la première année est généralement la plus rude, la moitié des jeunes mariés faisant état de sérieux problèmes conjugaux : augmentation spectaculaire, après le mariage, du nombre des disputes entre conjoints ; tendance à se montrer critique envers un(e) conjoint jusqu’alors « parfait(e) » et perte de confiance en soi.

Pendant ces douze premiers mois, le couple doit se confronter à un maximum de problèmes, armé d’une expérience minimale. En vérité, l’avenir du mariage dépend des ajustements réalisés dans cette période. Le moment le plus favorable à l’apprentissage de la vie à deux, ce sont les six premières semaines après le mariage. Progressivement, chacun apprend qu’il doit partager son ou sa partenaire, ne pouvant monopoliser 100 % de son intérêt, de son affection, de son temps ou de son attention. Employeurs, pères et mères, amis et parents divers – tous ont leurs exigences.

Durant cette phase de désillusion, la jeune épouse risque fort de constater avec horreur que son mari, habituellement impeccable, se réveille avec mauvaise haleine et la barbe râpeuse. Quant à lui, il ne trouvera pas bien séduisant qu’elle tire (littéralement !) la couverture à elle ou qu’elle grince des dents en dormant. Certains découvriront – dure expérience – combien il faut de temps, d’efforts et d’argent pour entretenir une habitation. Si la plupart des couples sont assez réalistes pour comprendre que cela prend du temps, ils ne se rendent pas compte du temps et de l’énergie qu’il faut pour les courses, la cuisine et les tâches domestiques récurrentes.

Ce qui nous sauve du désespoir, c’est que nous rêvons plutôt de bonheur que de durs travaux quotidiens. Si nous imaginions, un instant, la place occupée par la routine dans le mariage, nul ne se marierait jamais ! Le fait qu’aux Etats-Unis, six nouveaux mariages sur dix échouent durant leur première année montre bien que la désillusion arrive tôt, durement et vivement.

Pourtant, avec un peu d’expérience, le mariage survivra malgré certains désaccords. On apprend qu’il est des disputes inévitables, mais que l’on peut rester amis et amants même si l’on n’est pas toujours d’accord sur tout. On parvient aussi à admettre que même si l’on ne peut pas résoudre tous les problèmes, ce n’est pas pour autant la fin du mariage. A ce stade, on se soucie moins des manifestations d’agacement et on accepte qu’elles surviennent, même dans les meilleures relations.

Chaque année supplémentaire passée ensemble augmente vos chances de rester mariés. Dès le cinquième anniversaire du mariage, la possibilité d’un divorce diminue chaque année.

Comment vivre heureux

Un déterminant fondamental de votre degré de bonheur est la façon dont vous réagissez à l’égard de votre conjoint(e) – et réciproquement – sur trois points essentiels : (1) vos attentes pour l’avenir, (2) vos modalités de communication et (3) votre manière de prendre des décisions et de résoudre vos désaccords.

Les attentes. Il est important de clarifier, au tout début de votre mariage, vos attentes respectives. La qualité de votre compagnonnage ultérieur dépend de votre compréhension de ces attentes et du degré d’accord préalable entre vous à leur sujet. Une fois d’accord, vous pouvez avec assurance œuvrer pour votre avenir, chacun faisant son travail. Au final, vous récolterez, grâce à vos efforts réunis, des résultats source de mutuelle satisfaction. En revanche, si vous voulez une maison de plain-pied, bohème et pleine de recoins et que votre conjoint rêve d’architecture classique, vous serez vite en désaccord !

Cinq domaines différents sont généralement l’objet d’attentes : (a) la façon dont vous voulez être traité(e), (b) la façon dont, selon vous, votre partenaire veut être traité(e), (c) ce que vous croyez être vos responsabilités et vos droits, (d) les responsabilités et les droits de votre partenaire – à vos yeux et (e) ce que vous attendez à long terme du mariage.

Certains jeunes couples nient avoir de telles attentes, ou estiment qu’ils peuvent les modifier en les adaptant à toute nouvelle situation. Mais les attentes ne se laissent pas si aisément modifier. Elles s’accumulent au fil de la vie, faisant progressivement très intimement partie de nous : les modifier serait extrêmement difficile. Elles font tout autant partie de nous que notre respiration : nous n’avons pas conscience d’inhaler et d’exhaler. Nous ne nous rendons pas compte à quel point ces attentes sont inscrites en nous-mêmes.

Et plus amples seront les changements nécessaires, plus ce sera difficile. Les mariages exigeant le moins de changements dans les besoins économiques, sociaux, psychologiques et religieux de chaque conjoint, sont ceux ayant le plus de chances de réussir. Les mariages nécessitant le plus de changements chez des personnes d’origines culturelles très différentes courent les plus grands risques d’échec.

Il est donc raisonnable de clarifier toutes les attentes avant même le mariage, d’en discuter ouvertement et honnêtement. Si elles divergent, il vous faudra trouver un processus pour les modifier, les accepter ou les rejeter. L’attitude adoptée à ce stade par certains (« ma manière de voir les choses est la seule acceptable ») doit être abandonnée. Vous devez prendre conscience qu’il existe plusieurs façons d’accomplir chaque tâche.

Il va sans dire que plus on aura clarifié les attentes avant le mariage, moins il faudra procéder à leur clarification après celui-ci. Mais quoi qu’on fasse, on ne parvient jamais à tout envisager et il faudra encore se livrer à nombre d’ajustements. Mais c’est cela, le mariage : prendre deux modes familiaux de penser, de ressentir et de se comporter et s’efforcer de les mêler en une relation harmonieuse.

Communication. Si vous voulez tous deux apprendre comment être bien ensemble, il vous faut élaborer un système de communication tel que chacun comprend ce que ressent l’autre sur chaque problème rencontré. Dans l’idéal, mari et femme doivent être capables de discuter de tous les sujets les intéressant ou les préoccupant. Or les couples apprennent bien vite que certains sujets sont cause de peur, d’anxiété, de doute ou de colère. Pourtant, moins il y aura de sujets exclus de la conversation, plus la communication dans le couple sera riche et satisfaisante.

Quand les émotions sont soumises à discussion, on peut les analyser et les traiter pour ce qu’elles sont : des sentiments. Ceux-ci ne sont pas mauvais en soi. Ils sont de nature transitoire et nous ne serions pas humains sans eux. Mais ce qu’il faut se demander, c’est : « Est-il approprié d’exprimer en cet instant ces sentiments-là ? »

Quelques indications pour une bonne expression des sentiments :

  1. parlez sans colère ou hostilité ; baissez le ton plutôt que de le hausser ;
  2. soyez clairs et précis ; réfléchissez en parlant et énoncez clairement ce que vous voulez dire ;
  3. soyez positifs et valorisants ; pas de doigt pointé sur les défauts de l’autre, pas de blâme ni de jugement, pas d’insultes ni d’autres expressions négatives ;
  4. soyez courtois et respectueux envers l’opinion de votre partenaire, même si vous n’êtes pas d’accord ;
  5. soyez sensibles aux besoins et aux sentiments de votre partenaire.

Quelques indications pour améliorer votre écoute :

  1. manifestez votre intérêt pour votre partenaire ; regardez-le/la dans les yeux et répondez avec un sourire ou un hochement de tête ;
  2. employez des phrases adéquates pour manifester accord, intérêt et compréhension ;
  3. posez des questions bien formulées, manifestant votre intérêt et encourageant votre partenaire à s’exprimer ;
  4. alors que vous croyez avoir fini d’écouter, écoutez 30 secondes de plus !

Je recommande à tous les jeunes mariés de ne pas acquérir de télévision pendant leur première année de mariage. Regarder la télé vous ôte des heures que vous pourriez passer à échanger. Vos rapports s’en trouvent appauvris. Il est essentiel que vous vous imbriquiez l’un à l’autre pendant cette cruciale première année, afin de former, grâce à une bonne communication, un indissoluble lien d’intimité.

Prendre des décisions et résoudre les désaccords. Avant le mariage, vous ne vous imaginiez sans doute pas en train de vous chipoter ou d’échanger des réparties cinglantes. Vous aviez peut-être observé vos parents le faire, mais vous vous étiez probablement dit que, quand vous seriez mariés, vous ne vous comporteriez jamais ainsi. Et plus on est jeune, plus il y a de chances que l’on estime pouvoir gérer dans la joie et la bonne humeur toutes les difficultés à venir.

Or, au fil de votre installation dans la routine de la vie conjugale, vous serez constamment appelés à prendre des décisions relatives au quotidien, à vos rôles respectifs et à vos objectifs majeurs. Et chaque fois, vous construisez un modèle pour l’avenir – en d’autres termes, quand vous serez à nouveau confrontés à une question du même ordre, vous ne reprendrez pas la négociation à zéro, mais vous vous baserez probablement sur le précédent de la décision, prise antérieurement à ce sujet.

Mais comment parvenir aux décisions ? L’un de vous les prendra-t-il avant de s’efforcer à convaincre l’autre de leur justesse ? Est-ce que l’un des deux sera toujours obligé(e) d’admettre la décision de l’autre ? Les jeunes mariés sont parfois choqués d’apprendre qu’il est absolument fondamental, dans leur relation, de manifester à haute et intelligible voix ce qu’ils ressentent pendant qu’ils élaborent une décision. Tant que chacun des deux ne s’exprime pas clairement, ils ne comprendront jamais les sentiments sous-jacents expliquant pourquoi ils peuvent être en désaccord.

Ce ne sont pas les désaccords qui comptent, mais le modèle que vous créez pour leur résolution durant les premières semaines, les premiers mois de votre mariage. Quelques éléments à retenir :

  1. soyez disposés à discuter de n’importe quel problème ;
  2. essayez de réconcilier vos divergences sans que l’un ait « raison » et l’autre « tort » ;
  3. évitez les explosions de colère. Se fâcher donne rarement de bons résultats. La colère jaillit presque toujours lorsque l’on se sent menacé dans son amour-propre. Mais il vaut bien mieux admettre la raison de cette colère et chercher à savoir pourquoi l’on s’est senti obligé de se défendre si violemment. Si les attentions romantiques et les mots tendres sont autant de dépôts sur votre « compte d’amour », les explosions de colère équivalent à d’immenses retraits. Faites attention à ne pas être à découvert !

La crise des beaux-parents

Les problèmes de beaux-parents figurent parmi les questions les plus dangereuses pour les jeunes mariés. Les désaccords à ce sujet affectent les premières années d’un mariage, plus que tout autre problème.

Les parents éprouvent de grandes difficultés à laisser s’envoler l’enfant dont ils ont si longtemps pris soin. Durant les premières semaines, les premiers mois du mariage, chaque couple de parents scrute le nouveau membre de la famille et le juge en fonction de leurs propres normes. Des recherches menées à ce sujet montrent que c’est de la mère du jeune marié que peuvent venir les plus grandes difficultés, parce que c’est elle qui s’identifie le plus étroitement au rôle de l’épouse et qu’elle risque de se montrer critique, quant à la façon dont une autre femme assume un rôle qu’elle a rempli avec succès pendant des années.

Quelques suggestions utiles :

1. Fondez votre propre foyer dès votre mariage. N’habitez pas chez les parents, même à titre temporaire. Il est impossible qu’une intimité de couple se développe quand on habite chez quelqu’un, même quand les parents vous promettent de vous laisser tranquilles. Habiter chez les parents vous empêchera de vous sentir tout à fait adultes et vous vous percevrez comme limités en bien des domaines. Votre vie sexuelle en sera affectée.

2. Œuvrez à l’établissement de bons rapports avec vos beaux-parents. Le nouveau mari pourra, par exemple, envoyer des fleurs à sa belle-mère à l’occasion de son anniversaire. La belle-fille pourra, autre exemple, faire un cadeau à sa belle-

maman pour la fête des mères. Invitez-les à dîner ou emmenez-les de temps à autre en sortie. Une telle attitude peut avoir d’excellentes retombées. Si vous traitez vos beaux-parents en amis, vous verrez qu’ils vous traiteront pareillement.

3. Acceptez vos beaux-parents pour ce qu’ils sont. Vous aurez peut-être envie qu’ils changent sur différents points, mais dites-vous qu’ils éprouvent sans doute le même désir à votre égard. Donnez leur le temps de se faire à vous et de s’habituer à la « perte » de leur enfant.

Ne jamais, jamais, jamais...

  • discuter des défauts de votre partenaire avec vos parents ;
  • citer des membres de votre famille ou les présenter comme des modèles à votre partenaire ;
  • donner des conseils à vos beauxparents à moins qu’ils ne l’aient demandé ;
  • consacrer vos vacances à un séjour chez les beaux-parents ;
  • menacer de « retourner chez ma mère » (ou le faire réellement).

Quand vous rendez visite à votre belle-famille, faites en sorte que ce soit bref. S’ils vous donnent des conseils, acceptez-les avec grâce et si ceux-ci vous conviennent objectivement, appliquez-les ; sinon, ignorez-les. Adoptez, dès le début de votre mariage, une attitude positive envers vos beaux-parents : soyez déterminés à ce que vos rapports avec eux soient source de joie.

Un dernier mot

Durant nos premières années, Harry et moi avons connu de nombreux problèmes. Même si nous n’étions plus adolescents, nous étions jeunes, naïfs et sans la moindre idée des disciplines de la vie conjugale. Nous avons tenté de résoudre nos difficultés par nous-mêmes, mais sans grands résultats.

Nous allions fidèlement à l’Eglise, louions le Seigneur en famille avec nos enfants et agissions conformément à ce que des chrétiens sont censés faire. Mais la situation ne s’améliorait pas. Si nous n’avions pas eu notre foi, à un certain stade, nous aurions tout laissé tomber, estimant que ce que nous avions en commun ne valait pas d’être sauvé, et qu’il vaudrait mieux que nous poursuivions notre chemin séparément plutôt que de continuer à nous tourmenter l’un l’autre.

La foi chrétienne dans laquelle nous avions tous deux été élevés nous a soutenus, refusant de nous abandonner. Aujourd’hui, nous sommes plus solides que jamais dans l’amour du Seigneur et dans notre amour mutuel, ce qui nous a aidé à surmonter nos problèmes. Nous avons appris que nous ne retirerions du mariage que ce que nous y aurions investi.

Il faut à un mariage réussi du courage, de la détermination, de l’humilité et même, oui, de l’humour ! Si vous pouvez apprendre comment rire des erreurs commises, le Maître des cieux vous promet d’envoyer une équipe de nettoyage qui débarrassera les morceaux brisés et accordera à votre mariage un vrai renouveau.

Nancy van Pelt, conseillère conjugale, a écrit 22 ouvrages, dont Highly Effective Marriage, le plus récent. Adresse postale : 493 Timmy Avenue ; Clovis, California 93612-0740 ; U.S.A. E-mail : vanpeltS@juno.com Site web : www.heartnhome.com


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