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Que dit la Bible sur la danse ?

Les adventistes et autres chrétiens conservateurs se sont dans l’ensemble montrés opposés à la danse, si populaire de nos jours, en tant que phénomène social. Quoi qu’il en soit, le psalmiste invite par deux fois les fidèles à louer Dieu « avec des danses » (Psaume 149.3 ; 150.4). Cela signifie-t-il qu’il est possible au chrétien de danser à l’église, mais pas à l’extérieur ?

Beaucoup se servent de ces références pour défendre la danse religieuse à l’église et la danse populaire à l’extérieur. Leur raisonnement est le suivant : si dans la Bible la danse est l’un des éléments du culte, c’est donc aussi une forme légitime de loisir. Cette supposition se fonde sur une lecture superficielle de ces deux textes et sur une mauvaise compréhension de la danse en tant que phénomène social dans la Bible.

Les exégètes contestent la traduction du terme hébreu machowl par « danses » dans les psaumes 149.3 et 150.4. Machowl vient de chuwl, qui signifie « faire une ouverture1 », allusion possible à un instrument à vent. De fait, la King James Version le signale en marge.

La remarque marginale de la King James Version est confirmée par le contexte de ces deux passages, où machowl apparaît dans une liste d’instruments à utiliser pour louer le Seigneur. Le psalmiste donnant la liste de tous les instruments utiles à la louange, il est raisonnable de supposer que machowl était aussi un instrument de musique. Le parallélisme du style, si typique de la poésie hébraïque, confirme également cette conclusion.

En outre, le langage figuratif de ces deux psaumes ne permet guère de donner de ces danses une interprétation littérale. Le psaume 149 encourage les gens à louer le Seigneur « sur leurs lits » et avec « l’épée à deux tranchants dans leur main » – descriptions clairement figuratives. Il en est de même pour le psaume 150. Ces passages n’ont pas pour but de préciser le lieu et les instruments à utiliser pour louer le Seigneur pendant le culte divin. Ils n’ont pas non plus pour but de donner l’autorisation de danser à l’église en l’honneur du Seigneur. Ils sont surtout une invitation à la louange.

C’est David qui a institué dans le temple un ministère musical. Non seulement il a déterminé les moments, le lieu et les paroles utiles aux exécutions du chœur lévite, mais il a également fabriqué les instruments qui devaient servir pour ce ministère (1 Chroniques 23.5 ; 2 Chroniques 7.6).

Les deux instruments qui accompagnaient les chœurs lévites étaient la lyre et la harpe, appelées « les autres instruments » (2 Chroniques 5.13), les « instruments d’accompagnement » (BJ) ou les « instruments de musique » (TOB), ou encore « les instruments du chant divin » (1 Chroniques 16.42). Ils avaient pour rôle d’accompagner les chants de louange et d’action de grâce adressés au Seigneur (1 Chroniques 23.5 ; 2 Chroniques 5.13).

Garen Wolf dit : « Les instruments à corde étaient largement utilisés pour accompagner les chants étant donné qu’ils ne couvraient pas “la parole de Yahvé” [1 Samuel 3.7, BJ] lorsqu’on la chantait2. »

La Bible évoque vingt-huit fois la danse. Ces références sont faites à l’occasion de célébrations en l’honneur d’événements spéciaux, tels qu’une victoire militaire, une fête religieuse ou une réunion de famille. Ces danses étaient processionnelles, en cercle, ou extatiques. Elles étaient le plus souvent accomplies par des femmes et des enfants dansant séparément.

Les Ecritures ne disent pas qu’hommes et femmes dansaient romantiquement ensemble comme les couples d’aujourd’hui. Comme l’observe H. M. Wolf : « Si nous n’avons pas de détails sur leur façon de danser, il est clair qu’hommes et femmes ne dansaient pas ensemble la plupart du temps et rien ne prouve que c’était parfois le cas3. »

Ceux qui font appel aux références bibliques sur la danse pour justifier les danses romantiques modernes à l’intérieur et à l’extérieur de l’église ignorent l’immense différence existant entre les deux. Appliquer la notion biblique de danse à nos danses modernes est une erreur, c’est le moins qu’on puisse dire !

Samuele Bacchiocchi (Ph.D. de l’Université pontificale du Vatican) est l’auteur de nombreux livres. Il a enseigné la théologie et l’histoire de l’Eglise à Andrews University. Ce texte se fonde sur le chapitre 7 de son livre The Christian and Rock Music, Biblical Perspectives, 2000, Berrien Springs, Mich. Adresse postale : 4990 Appian Way ; Berrien Springs, Michigan 49104 ; U.S.A. E-mail : sbacchiocchi@qtm.net Web site : http://www.biblicalperspectives.com

Notes et références

1.   Voir par exemple Adam Clarke, Clarke’s Commentary, Abindgon, Nashville, Tenn., pas de date) vol. 3, p. 688.

2.   Garen L. Wolf, Music of the Bible in Christian Perspective, Schmul Publ. Co., Salem, Ohio, 1996, p. 287.

3.   H. M. Wolf, « Dancing », The Zondervan Pictorial Encyclopedia of the Bible, Merrill C. Tenney, éd., Zondervan, Grand Rapids, Mich.,1976, 2:12.


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