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Ebenezer Chambi: Dialogue avec un adventiste, médecin, éducateur sanitaire et dirigeant communautaire Michael Peabody
Dr Chambi, quelles sont les influences qui ont joué sur votre vie ? Peut-être les quatre mêmes grandes influences qui nous forment tous : famille, éducation, communauté et religion. La famille nous apprend comment prendre soin les uns des autres : les parents soccupent des enfants et les enfants soccupent les uns des autres ainsi que de leurs parents. Dans une bonne famille, nous apprenons à aimer les gens inconditionnellement. Léducation, cest un des principaux moyens dont nous bénéficions pour nous connaître nous-mêmes et pour développer nos talents et nos compétences intellectuelles. La communauté nous apprend que nous ne sommes pas seuls nul nest une île. Nous dépendons des autres et ils dépendent de nous. Le christianisme nous apporte la force intérieure, en particulier quand nous nous sentons découragés et que nous navons pas lénergie de continuer. Il est une puissance dordre plus élevé Dieu prête à nous aider et la religion nous donne un outil puissant : la confiance. Elle nous donne aussi la force et lespoir et nous empêche de renoncer à la vie. Et elle nous offre, à la fin du voyage, lassurance dune vie meilleure. Quel genre de recherches avez-vous menées sur lépilepsie ? Il sagit dune maladie qui peut être gravement handicapante. Notre équipe voulait en déterminer les causes et voir si on pourrait parvenir à la traiter, à la guérir même. Nous avons étudié une population très diversifiée de la région de Los Angeles, cherchant comment aider les victimes de cette pathologie. Les résultats nous ont récompensés : nous avons pu guérir totalement certaines personnes et de nombreuses autres ont pu avoir une vie relativement normale et active et revenir à leurs vocations initiales. Que recouvre votre activité médicale actuelle ? Dans une optique généraliste, je moccupe, au delà du traitement régulier des patients, de médecine préventive. Je veux apprendre aux gens comment vivre plus heureux et en meilleure santé. Je vois passer, dans mon cabinet, nombre de « baby boomers » dailleurs jen suis un et je sais à quoi ils ressemblent et comment ils vivent. Comme ils travaillent un grand nombre dheures par semaine et quils ont tellement dactivités, ils attendent souvent jusquà la dernière minute pour venir me voir, car ils savent quun rendez-vous chez le médecin prend du temps. Ces gens ne viennent en général pas pour un léger rhume ou pour un mal de ventre, mais seulement quand ils sentent quils ont un problème grave et quils ont besoin de mon aide. Je fais alors un bilan complet, avec analyses de sang et durine. La plupart du temps, on leur découvre un taux de cholestérol élevé et on saperçoit quils mangent mal et ne font pas dexercice. La majorité des problèmes les plus courants peuvent être évités par la prévention ce que je souligne toujours. Comment faites-vous pour convaincre des gens très occupés de mener une vie plus saine ? Le facteur-clé tient dans la modification des comportements. On peut fournir une explication objective donnant de bonnes raisons de faire plus dexercice ou de passer du temps à se détendre plutôt que de trop travailler, mais quel labeur que de convaincre les gens quils ont besoin de modifier fondamentalement leur façon de vivre ! Il arrive parfois que les médecins soient obligés de parler sans détour, brutalement même, pour persuader les patients de changer radicalement leur style de vie. Il y a quelques temps, un homme souffrant dépuisement est entré dans mon bureau. Il avait deux emplois afin de pouvoir acheter une nouvelle maison chaque année. Sa femme ma dit quil passait trop dheures chaque jour à travailler et quil ne prenait pas le temps de se détendre et de profiter de la vie. Elle ma dit quils possédaient déjà trois maisons et quil voulait en acheter une autre. Je lui ai répondu : « Ne vous en faites pas. Plus il travaille, plus il aura de maisons à vous léguer ! » Il a compris ce que je voulais dire et changé ses habitudes. Vous servez-vous aussi des médias pour éduquer le public ? Quand jétais interne à Porto Rico, jai lancé une émission de radio sur la prévention et la santé. Puis ici, dans la région de Los Angeles, jai animé pendant dix ans un forum radio hebdomadaire, El médico habla (Le docteur parle), qui connut une belle popularité. Nous avons produit plusieurs vidéos sur la santé, que je tiens à la disposition des Eglises et des station de télévision câblées. Laccent mis par les médias sur lexercice et sur la nutrition aide-t-il les gens à changer leur style de vie ? Oui. Il y a dix ou quinze ans, il était plus difficile de convaincre les gens quils avaient besoin dexercice et dune alimentation équilibrée. Désormais, la place accordée par les médias à la prévention et à la santé me facilite la tâche au plan éducatif. Le problème reste que de nombreuses personnes, tout en comprenant les principes dun mode de vie sain, négligent de les mettre en pratique. Ils continuent de manger du fast food en trop grande quantité et de regarder la télévision au lieu de dormir. Heureusement, certains commencent à comprendre. Dans la ville où jexerce, il y a un parc où lon peut voir bien plus de gens courir, marcher et se livrer à dautres activités physiques que dans tout autre parc des villes avoisinantes. Jaime à croire que notre insistance sur lexercice physique y est pour quelque chose. Le petit restaurant à hamburgers tout proche du cabinet propose aussi, désormais, des hamburgers végétariens. Je pense que cest révélateur dune certaine influence positive que nous avons eue sur les gens, qui tentent maintenant de manger des aliments plus sains. Comment les personnes qui ne sont pas des professionnels de la santé peuvent-elles diffuser efficacement le message de la vie saine ? Nous avons tous de linfluence et nous pouvons transmettre un message silencieux partout où nous allons. Les gens sont en quête dune vie meilleure et de bons modèles de vie. Si nous passons du temps en leur compagnie, nous pouvons les influencer de manière positive par notre exemple. Jai trouvé quil était efficace de ne pas imposer de sermon, mais plutôt de les diriger par lexemple : nous pouvons les encourager à voir quil existe une vie meilleure. On peut aisément fixer toute son attention sur les études ou la profession, au point den oublier que lon fait partie dune communauté qui englobe et dépasse. Comment quelquun devenu à ce point isolé peut-il prendre part à la vie de la communauté qui environne sa famille ou son Eglise ? Avant de prendre une part active à la vie de la communauté, il métait facile de critiquer ceux qui se trouvaient en dehors de mon cercle familier. Mais après que jeus commencé à mengager, jai découvert tout le bien que je pouvais faire et à quel point cela me faisait plaisir. Il faut faire connaissance avec les autres, avec ceux, en particulier, que lon ne fréquenterait normalement pas. Cela contribue à votre développement social et intellectuel. Ce faisant, vous apprenez aussi comment fonctionnent les rouages de votre communauté et de quelle manière vous pouvez lui venir en aide. Limplication débute avec quelque chose de tout simple, comme votre façon de saluer les gens. Commencez par un « Bonjour, comment allez-vous ? » fort et sincère. Prononcez des paroles encourageantes. Apprenez à écouter. Rencontrez les gens qui ne savent pas auprès de qui trouver de laide et dont les difficultés correspondent à votre domaine dexpertise. Concentrez-vous sur le soulagement de leurs peines. Il y a quelques années, un séisme a ravagé la région de Los Angeles. Lorsquon ma demandé pourquoi javais laissé mon bureau afin de participer aux secours à titre bénévole, jai répondu que je ne faisais que rendre une partie de ce que je dois à la communauté. Celle-ci ma beaucoup donné et je veux le lui rendre. Ça ne fonctionne pas à sens unique. Et noubliez pas de vous amuser ! Une de mes activités consiste à organiser des concerts de musique folk. Et même si beaucoup de monde y prend plaisir, cest moi qui en tire le plus de joie ! Comment mettez-vous cet engagement en uvre au niveau de votre Eglise ? Jaime mon Eglise comme une famille. Jy suis actif non pas pour être connu ou récompensé, mais parce que je veux faire quelque chose pour Jésus et pour mon Eglise. Si vous vous lancez dans un projet avec comme but dêtre reconnu pour vos efforts, vous passez à côté de ce qui compte. Il faut plutôt accomplir les tâches en question parce quelles sont importantes et nécessaires. En tant que médecin estimé, éducateur sanitaire et dirigeant communautaire, quel conseil donneriez-vous aux personnes qui entament tout juste leurs carrières ? Inspirez-vous des gens qui ont réussi ou qui réussissent, en observant leur mode de vie, leur manière dêtre avec leurs semblables et de quelle façon ils préservent leur équilibre émotionnel. Imitez leurs qualités. Si je reprends mon itinéraire, je vois quêtre actif dans lEglise et dans ma communauté sont les deux facteurs qui mont le plus aidé à rester sur les rails. Ceux dentre nous qui ont reçu en bénédiction des talents et une bonne éducation peuvent faire beaucoup de bien. Placez-vous là où Dieu peut utiliser vos compétences. Prenez linitiative daider votre communauté et daméliorer la vie des gens. Cest un but quil vaut la peine de poursuivre dans sa vie. Propos recueillis par Michael Peabody. Michael Peabody est étudiant en troisième année de droit à Pepperdine University, à Malibu en Californie. E-mail : mdpeabod@pepperdine.edu Adresse du Dr Chambi : 9739 California Avenue ; South Gate, California 90280 ; U.S.A. |