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Barry C. Black : Dialogue avec un aumônier adventiste de l’U.S Navy Stephen Chavez
Quand avez-vous commencé à ressentir lappel de Dieu pour le pastorat ? Jai toujours su bien que cela ne mait pas toujours emballé que jétais appelé à prêcher. Ma mère disait que jessayais de prêcher avant même de savoir parler. Rien na vraiment pu rivaliser avec cela. Mais je savais que les prédicateurs ne gagnaient pas beaucoup dargent et du coup je me détournais, comme Jonas, essayant de prendre la direction opposée. Je changeai plusieurs fois de filière au collège dOakwood, pour ne pas répondre à cet appel. Quelles autres options avez-vous envisagées ? La médecine, le droit ou quelque chose qui pouvait rapporter de largent. Mais le livre de Francis Thompson Hound of Heaven eut raison de moi, et finalement pendant mon année de Terminale, je levai mes mains au ciel et dis « je me rends ». Ce fut la meilleure décision que jaie jamais prise. Ce fut pour moi une occasion bénie et la vocation la plus satisfaisante. Henri David Thoreau a dit un jour : « Une foule dhommes mènent des vies de désespoir tranquille. » Jai tellement de chance de me lever le matin depuis 24 ans, pour un boulot qui mexcite véritablement, daccomplir un ministère que je naurais jamais cru possible, même en rêve. Quels évènements vous ont conduit vers laumônerie militaire ? Ce qui a éveillé mon intérêt pour le ministère militaire cest le fait que jaimais travailler avec des jeunes. Cinq matelots adventistes, en poste à Norfolk, Virginie, faisaient un voyage de 5 heures aller, donc 10 heures aller-retour, chaque week-end pour mentendre prêcher. Et souvent, ils étaient en uniforme. Ce fut le premier maillon : Je voulais travailler avec des jeunes. Je demandai à ces marins : « Pourquoi faites-vous 10 heures de route chaque week-end pour venir à léglise ? » Ils répondirent : « Nous voulons être fidèles dans notre culte. » Je dis encore : « Pourquoi nassistez-vous pas à un service dans votre chapelle à la base ? ou dans lune des églises de la région de Norfolk ? » Ils répondirent : « Eh bien, dans notre chapelle, nous navons jamais vu un aumônier afro-américain. » Cela piqua ma curiosité Ce fut le second maillon. A peu près à cette époque, Clark Smith, qui était à la tête de ce qui fut appelé par la suite lOrganisation du Service National de la Conférence Générale, envoya une lettre disant que lEglise cherchait des pasteurs qui seraient intéressés à travailler dans le secteur militaire. Je lus cette lettre et tout se mit en place. Quelles expériences daumônier militaire nauriez-vous pas pu faire en tant que pasteur dune paroisse ? Quand jai rejoint lécole daumônerie, le contexte pluraliste de la formation et du pastorat ma emballé. Je navais jamais eu loccasion dentrer en relation avec un rabbin. Je navais jamais rencontré un prêtre catholique, ni des pasteurs des différentes congrégations protestantes. Je trouvais cela excitant : fer contre fer, débats didées, démystification de quelques-unes des notions quils avaient sur nos croyances. Les rabbins et moi-même étions appelés « les quatre rabbins » parce que nous avions toujours des considérations alimentaires particulières. Cest une amitié merveilleuse qui se créa entre moi et mes trois amis juifs. Parlez-nous de vos occasions de témoignage. Je prêche à un auditoire de non-adventistes. Ils savent qui je suis et ils écoutent ma prédication. Après trois années passées au sein de lArmée je fus choisi pour être aumônier à lAcadémie Navale des Etats-Unis. Jétais la deuxième personne de couleur à servir là, et le premier adventiste. Imaginez 2 500 aspirants qui samassent dans une chapelle, dimanche après dimanche, et vous pouvez parler de lÉvangile de Jésus Christ à ces très brillants jeunes gens ! Dans une telle situation, comment pouvez-vous préciser nos doctrines adventistes spécifiques? Nous avons énormément de choses en commun avec les autres traditions religieuses. Si nous examinons le Credo des Apôtres, nous pouvons donner notre assentiment point par point. Il y a énormément à dire pour avoir un discours vivifiant sans entrer dans des points de doctrine plus spécifiques. De plus, la chaire est un tremplin pour des questions ou des études bibliques. Au cours dune manuvre, nous avions une étude biblique chaque jour alors que nous étions en mer, et jutilisai simplement A Lécoute de la Bible. Je donnais le sujet du jour et les hommes disaient : « Où trouvez-vous le temps pour tous ces différents sujets et toutes ces études ? » (Je ne leur ai jamais dit mon secret, bien sûr.) Quand jen arrivais aux vérités plus sensibles, parce quils savaient déjà que : jétais adventiste, je disais « Vous nêtes pas encore prêts pour cela. Vous ne pourriez pas lassimiler. » Avant quils naient menacé de me jeter par-dessus bord si je ne leur en parlais pas, jentrais dans les vérités bibliques plus spécifiques concernant létat des morts, le sabbat, etc Curieusement, jai souvent trouvé que létat des morts était un plus grand obstacle que le sabbat. A la fin dune manuvre de six mois, nous avons baptisé 40 membres de notre groupe détudes bibliques qui avait été fondamentalement confronté pendant six mois aux doctrines de lEglise adventiste. En général, nous nencourageons pas les jeunes gens à se porter volontaires pour le service militaire. Comment voyez-vous les choses selon votre expérience daumônier militaire ? Le service militaire apporte un modèle de pluralisme, un modèle pour un ministère pluraliste. Avant dembrasser la carrière militaire, je nai jamais conduit ou baptisé quelquun qui ne soit pas afro-américain, et je nai jamais pratiqué le lavement des pieds avec quelquun qui ne soit pas afro-américain. Je naurais probablement pas eu cette possibilité de ministère pluraliste dans un autre contexte. Les civils auraient beaucoup à apprendre de lexpression « coopération sans compromission » qui est la devise de tant daumôniers en service. Pourtant larmée, en tant quinstitution, utilise la violence et la force pour parvenir à ses fins. Comment en êtes-vous venu, personnellement, à comprendre cela ? Dans Romains 13, nous voyons que Dieu utilise les pouvoirs dici-bas pour faire sa volonté sur la terre. Il y a là un rôle pour des autorités gouvernementales et Dieu peut utiliser larmée de nombreuses façons pour accomplir ses desseins. Nous devons admettre que faire la guerre est une anomalie pour lexpérience humaine, de même quôter la vie. Cependant, je dois minterroger en tant quhomme déglise : Où est-ce que je veux être ? Je choisis dêtre dans une situation où je peux aider mon prochain à se préparer à rencontrer son Dieu. Ellen White a écrit que Satan incitait les nations à la guerre pour détourner les hommes du travail de préparation au jour du Seigneur. Je veux être en situation de récupérer quelques-unes de ces âmes. Comment parvenez-vous à faire la part entre le service pour Dieu et le service pour la nation ? Ce que japporte dans cette position est une authentique faim de Dieu. Quand jétais enfant, jentrais dans léglise de moi-même et je magenouillais pour prier. Je ne connais pas beaucoup denfants qui ont fait quelque chose de ce genre. Dieu honore cela. Jai soif de connaître et dapprendre. Le service de commandement implique lécoute car avant de pouvoir servir, il faut écouter les besoins et ensuite servir pour répondre à ces besoins. Jai cette aptitude. Jai été un étudiant toute ma vie durant et je pense que Dieu a aimé cela et quil a dit : « Voilà un instrument que je peux utiliser pour servir sincèrement dans laumônerie dès maintenant. » Je pense aussi que Dieu ma béni en me donnant une capacité particulière pour la communication. Le bureau du chef daumônerie est en quelque sorte ce que disait Théodore Roosevelt quand il décrivait la présidence ; Cest une chaire épatante. La capacité à communiquer une vision des choses en amenant les gens à senthousiasmer pour elle est décisive. Jai été béni parce que jai vécu des expériences qui mont été utiles pour mener à bien ma tâche. Comme je lai déjà suggéré, Dieu avait préparé tout cela, de telle sorte que japporte la connaissance de base nécessaire pour prendre les décisions difficiles et pour que je ne sois pas intimidé par ces très vénérables personnes que je suis censé conseiller. Propos recueillis par Stephen Chavez. Stephen Chavez est assistant de rédaction de lAdventiste Review. Son adresse e-mail : chavezs@gc.adventist.org |