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Gwendolyn Winston Foster : Entretien avec la directrice des Services de santé à Philadelphie Vikki Montgomery
Comment êtes-vous devenue directrice de la santé et de la forme ? En 1996, quand John Street était président du conseil municipal de Philadelphie, il me dit : « Si je me présente à la mairie, je voudrais que tu fasses quelque chose en matière de santé pour la ville. » Jai accepté parce que je pensais me retirer de la fédération. Il ajouta que je devais réfléchir. Comme je pensais que ça narriverait certainement pas avant trois ou quatre ans, jai pratiquement oublié toute cette affaire. Bien sûr, il men a reparlé lorsquil a été élu. Je dois des comptes au maire, mais je peux travailler librement. Quelquun a dit : « Toi et le maire, vous êtes semblables ; vous êtes tous les deux peu orthodoxes. » Jai répondu : « Cest bien vrai. » Vous avez travaillé pour lÉglise la plus grande partie de votre vie, vous arrivez dans un environnement séculier et vous êtes une amie du maire. Comment sest passée la transition ? Jétais effrayée. Javais toujours travaillé dans ce que jappelle maintenant lenvironnement « sécurisant » de lÉglise. Je pensais alors quil ny avait pas dautres défis à relever que ceux présentés par notre mouvement. Maintenant je pense que Dieu me préparait pour des défis bien plus grands. A quels défis particuliers avez-vous été confrontée ? Je nétais pas préparée aux défis politiques. Cest tout autre chose ; un panier de crabes. Etre une amie du maire lors des présentations, il a dit que jétais comme une sur pour lui nest pas un bon point dans le monde politique. A la limite, cest même dangereux parce que les gens guettent le moindre signe de favoritisme. Nous avons décidé que cela narriverait pas et que je ne bénéficierais daucun régime de faveur. Si jobtiens quelque chose, ce sera parce que je laurai gagné et non pas par piston. Comment vous préparez-vous pour les défis que vous devez relever chaque jour ? En général, je me lève à 4 heures 30, mais aujourdhui, je me suis levée encore plus tôt, à 3 heures 45. Jai besoin de passer deux bonnes heures avec le Seigneur chaque matin. Je passe une partie de ce temps à marcher dans le parc près de la maison. Plus jai de défis à relever, plus je dois passer du temps avec le Seigneur. Si je manque un jour, alors cest là que ça devient angoissant. Je dis chaque jour : « Seigneur, aujourdhui je vais encore être épatée de la façon dont tu fais toute chose. Comment vas-tu régler ce problème ? » Cest une aventure, mais jai besoin de passer du temps avec lui pour connaître ses plans. Ce nest pas le moment de me lancer à faire des choses à ma façon. Je ne suis pas assez maligne et je nai sûrement pas de capacités politiques. Des gens viennent vers moi et me demandent : « Où avez-vous appris la politique ? » Je nai pas fait de politique ; jécoute seulement le Seigneur. Cest exactement ma manière de fonctionner chaque jour. Quel autre défi devez-vous surmonter ? Nous navons pas dargent. Nous nous sommes lancés sans un dollar, rien, zéro. Je devais trouver largent pour payer les salaires de mon équipe. Comment avez-vous trouvé largent ? Jai trouvé des sponsors. Nous nous retrouvons le premier vendredi de chaque mois et nous parlons des différents programmes. Jai bien sûr mon idée, puisque jai déjà fait ça pendant vingt-trois ans à la fédération, mais je fais quand même participer nos partenaires dans lutilisation de chaque sou. Nous dépensons tout au fur et à mesure, mais nous continuons à faire des choses excitantes de sorte que les gens pensent que nous avons de gros budgets. Combien de personnes forment votre équipe ? Nous avons deux secrétaires ; lune vient de la municipalité et lautre a voulu se joindre à nous. Leurs salaires sont payés par un laboratoire pharmaceutique local. Est-ce que toute votre équipe est adventiste ? Non, mais ils sont tous chrétiens. Chacun sait que je suis adventiste du septième jour. Il est rare quun article à mon sujet oublie ce détail. Je le mets toujours en avant. Les journalistes me demandent : « Où trouvez-vous vos idées ? » Puisque je nai pas inventé les huit remèdes naturels, je dois leur parler de mes origines. Comment ça se passe pour le sabbat ? Vous devriez entendre les secrétaires répondre au téléphone quand quelquun me demande de faire une animation ou de donner le coup denvoi à un marathon le sabbat. Elles disent : « Oh, cest sabbat, Madame Foster naccepte pas ce type dengagement le sabbat. » Je les laisse faire. Si une Église ou une organisation me demande de venir parler de la santé, alors ça me va. Décrivez-nous quelques-uns de vos programmes. Notre programme principal, « Fun, Fit and Free ! Voyez ce que vous pouvez être », aide les adultes à prévenir ou à inverser les divers facteurs de risques de maladies telles que le diabète, lhypertension et lobésité. Nous avons organisé une cure de conditionnement dune durée de deux semaines en juin dernier, où les participants étaient logés et nourris. Cette cure sest déroulée sur lun des campus dun grand hôpital de la ville. Nous espérons pouvoir le réitérer trois fois par an. En août, nous avons présenté un programme dans lauditorium dun hôpital pendant sept semaines, deux soirs par semaine. Les gens pensaient que ça ne marcherait pas, mais sur les soixante-dix participants, soixante-sept sont allés jusquau bout et trente et un nont pas raté une seule soirée. Cela montre combien les gens sont désespérés. Nous présentons ce programme quatre fois par an. Nous avons aussi un programme télévisé de trente minutes sur Time Warner Cable qui passe à 7 heures 30, matin et soir, sept jours par semaine. Nous avons des événements pour le grand public. « Sortez dîner dans la rue de la santé » passe une fois par mois, et les restaurants de la ville peuvent montrer les menus diététiques quils sefforcent de préparer. Cest ma seule occasion de voir le maire parce que nos emplois du temps sont très chargés. Nous venons de tenir le second festival « Fun, Fit and Free » où le maire et moi-même avons complété avec des centaines de philadelphiens une marche de 5 km depuis lhôtel de ville, jusquau bord de leau, à Penns Landing. Avec Pat Croce, le copropriétaire de léquipe de basket-ball Philadelphie 76, nous avons créé « 76 tonnes de rire », un programme damaigrissement pour toute la ville. Comment partagez-vous votre foi dans lenvironnement séculier dans lequel vous vivez et travaillez ? Je ne prêche pas. Les principes que jenseigne désignent un Créateur. La plupart des gens sont daccord avec lidée quun être intelligent est à lorigine de ces principes. Les participants à nos programmes sont plus enclins à entendre le Créateur. Ils demandent : « Quavez-vous dautre ? Nous voulons étudier la Bible avec vous. » Nous rencontrons des musulmans et les adeptes dautres religions encore, mais la plupart des valeurs religieuses et des principes sont les mêmes. Je nai pas de problème pour partager ma foi. Jaime ça ! Quel conseil voudriez-vous donner à des jeunes qui commencent leur carrière dans un environnement séculier ? On peut témoigner dans nimporte quel lieu. La meilleure façon cest dy être et dy vivre. Les gens sont fatigués dentendre des sermons ; ils veulent les voir. Chacun a son cercle dinfluence. Vous ne pouvez imaginer à quel point les gens vous regardent. Racontez-moi vos succès. Une infirmière scolaire allait être amputée de la jambe, avant de retourner à lécole en septembre. Elle a entendu parler de notre programme et nous a rejoints. Bien sûr nous avons pu stabiliser son diabète, son taux dinsuline a diminué de moitié et elle a pu garder sa jambe. Jai reçu une lettre dun employé municipal qui avait assisté au programme de sept semaines. Il avait perdu 4 kilos et son tour de taille était passé de 116 cm à 110 cm. Sa lettre finissait par « merci pour votre programme et merci à notre maire davoir embauché une directrice de la santé ». Le magazine Mens Fitness qui avait désigné Philadelphie comme la ville la plus « grosse » des Etats-Unis en 2000, est revenu, a marché avec nous, nous a remis cette grande plaque, et nous a félicités davoir provoqué une prise de conscience en matière de santé telle quil ny en a jamais eu ailleurs aux Etats-Unis et dans le monde. Interview par Vikki Montgomery. Vikki Montgomery est rédactrice adjointe de la revue Liberty. E-mail : montvi@nad.aventist.org E-mail de Gwendolyn Foster : www.phila.gov et gwen.foster@phila.gov |