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Richard Hart : Dialogue avec un administrateur sanitaire adventiste spécialisé dans l’aide internationale Dustin Jones
Dr Hart, comment vous est venu votre intérêt pour la médecine et plus précisément pour la santé publique ? Dans ma jeunesse, je n’avais aucune idée de ce qu’était la santé publique mais, du fait que mon père était médecin de campagne, la médecine m’était familière. Lorsque j’ai entendu parler de santé publique d’un point de vue international, cela a fait écho en moi. L’idée de la prévention associée à la santé à l’échelle mondiale m’a frappé et a suscité mon intérêt. Mon entrée dans le monde de la santé internationale s’est faite pendant ma seconde année d’université, alors que j’étais étudiant missionnaire. Et c’est votre travail missionnaire estudiantin qui est à l’origine de votre intérêt pour le travail international ? Exactement. J’ai passé l’été au Pérou et j’ai travaillé sur des bateaux sanitaires aux sources de l’Amazone. J’étais intrigué par les possibilités transculturelles et par les défis en matière de santé et, à partir de là, j’ai assurément consolidé mon intérêt pour travailler dans les pays en voie de développement. J’ai beaucoup aimé être avec ces gens et les aider à améliorer leur santé. Recommanderiez-vous le travail missionnaire estudiantin à des étudiants adventistes ? Oui ! Un bain dans une autre culture pendant la période universitaire forge les personnalités par ce que j’appelle des « moments formateurs ». Les étudiants essaient de découvrir qui ils sont et s’ils aiment travailler dans ce genre d’environnement. Souvent, une expérience d’étudiant missionnaire clarifiera dans l’esprit du jeune que cette tâche-là n’est pas pour lui, ou le convaincra pour toujours que c’est bien là ce qu’il veut faire. Pensez-vous que les missions d’étudiants marquent réellement le travail missionnaire international adventiste ? L’un des défis que nous avons à affronter en tant qu’adventistes, selon moi, est l’idée que je qualifierai de « christianisme touristique ». C’est la tendance qui consiste à croire que des voyages missionnaires courts peuvent faire une différence significative sur d’autres cultures. Il va sans dire que les voyages courts sont utiles, mais je dirais que l’impact le plus important rejaillit sur la personnalité du jeune qui l’effectue et non sur la population qu’il cherche à aider. Rien ne saurait remplacer un engagement à long terme auprès des populations de ces pays. J’ai discuté avec de nombreux missionnaires en place qui avaient la charge de ces étudiants missionnaires pendant leur court séjour, et ils ont dit avoir apprécié ce que ces visiteurs avaient fait pour eux ; mais cela n’a pas eu tellement d’effets sur le développement à long terme de la société. Qu’est-ce que l’université Loma Linda a de spécial ? Nous sommes la dernière université des sciences de la santé dont le centre d’intérêt et la mission sont spécifiquement chrétiens. Une volonté de service et de travail dans des zones reculées fait partie intégrante de ce que cette université est et a été. Le positionnement unique de LLU se situe dans ce soutien ouvert et actif du service chrétien dont elle a fait sa spécificité. L’université Loma Linda a-t-elle une approche innovante des soins médicaux ? Bien entendu. Nous insistons sur les soins à la personne dans sa globalité et sur les soins intégrés. « Pour que l’homme soit complet », telle est la devise de l’université. J’aime développer l’idée qu’un bon soin médical est amélioré par une compréhension des valeurs spirituelles. Et j’irai jusqu’à dire que l’inverse est également vrai. Avoir des valeurs spirituelles est amélioré par le fait d’avoir une bonne santé. Tout se tient dans un équilibre global. J’espère que c’est ce que cette université continuera de garder et de transmettre à nos étudiants. La haute technologie est importante, les médicaments modernes et les techniques modernes sont tous précieux, mais associés à cet autre soin attentif, intégré, équilibré, qui reconnaît pleinement les valeurs spirituelles comme faisant partie intégrante du soin. C’est ce qui fait le caractère unique des programmes de LLU. Considérant la rapide mondialisation, quel rôle voyez-vous jouer à l’université Loma Linda ? L’Église adventiste gère maintenant 175 hôpitaux à travers le monde. Traditionnellement, nous avons envoyé d’anciens étudiants pour travailler dans des pays en voie de développement, mais ces dernières décennies, nous avons reconnu de plus en plus que le fait d’envoyer d’anciens étudiants ne suffisait pas. Nous avons deux nouveaux programmes qui nous rapprochent étroitement du reste du monde. L’un d’eux est notre lien avec nos hôpitaux de mission par l’intermédiaire de l’Internationale adventiste de la santé, qui fournit une assistance professionnelle et technique à des institutions adventistes de santé qui sont en difficulté. D’un autre côté, nous développons des programmes pédagogiques de collaboration avec plus d’une centaine d’universités que l’Église sponsorise dans de nombreux pays. LLU est dans une position unique parce que nous avons obtenu, grâce au travail de tous ceux qui sont passés par là, une crédibilité publique reconnue dans l’éducation et le soin médicaux. Il est important que nous utilisions cette crédibilité pour aider l’œuvre de l’Église alors qu’elle ouvre d’autres institutions. Comment l’université Loma Linda cherche-t-elle à renforcer la qualité des services des cliniques et des hôpitaux adventistes dans les pays en voie de développement ? La meilleure manifestation se fait probablement par l’Internationale adventiste de la santé, qui travaille maintenant dans 10 pays, gérant 26 hôpitaux et environ 50 cliniques, et qui continue de se développer. Le défi que ces institutions ont à relever n’est pas tant les bâtiments décrépis ou les équipements faisant défaut, mais une bonne gestion et une administration saine. L’Internationale cherche à établir des partenariats avec ces institutions, à renforcer leur administration et à les stabiliser, afin qu’elles puissent recommencer à se développer. Quels projets vous passionnent le plus ? C’est une question difficile. Je me sens très passionné par le fait d’exposer chaque étudiant qui vient chez nous à une culture différente. Je suis aussi très engagé dans la stabilisation des hôpitaux missionnaires dans le monde, parce que je crois qu’ils sont la clé de la mission et de l’évangélisation de notre Église. Je me sens également passionné par le fait d’offrir des programmes scolaires en partenariat avec d’autres institutions à travers le monde. Comment faites-vous pour trouver un équilibre entre les exigences de votre profession, votre désir d’être au service des besoins des hommes, et votre propre vie spirituelle en tant que chrétien ? … et ma vie de famille, et la gestion de ma ferme, et quelques autres choses encore. J’ai un emploi du temps plutôt serré, mais la satisfaction que j’en retire vaut bien les vacances ou les autres choses auxquelles je renonce. Je me lève le matin heureux d’avoir un travail qui m’offre autant de satisfactions. Je ne ressens jamais ce que je fais comme un lourd fardeau parce que j’aime tellement le faire. Je peux vous dire que si l’équilibre veut dire être satisfait, alors je le suis. Je ne vais pas au travail comme si c’était un devoir, mais parce que c’est ce que je suis. Dustin Jones est l’éditeur des projets
spéciaux du bureau des relations universitaires, à l’université
Loma Linda. Email : djones@univ.llu.edu. |