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Romualdo Costa : Dialogue avec un peintre paysagiste adventiste uruguayen Humberto M. Rasi
Comment êtes-vous devenu peintre ? Enfant, j’ai commencé à dessiner et à peindre. Quand j’avais 14 ans, dans la ville de Melo, en Uruguay, je suis passé près d’une maison dont une grande baie était ouverte. Jetant un coup d’œil à l’intérieur, j’ai pu voir plusieurs huiles pendues aux murs, et je suis resté pétrifié plusieurs minutes à les regarder. Quelques jours après, revenu dans cette ville, j’ai vu que les fenêtres de cette maison étaient presque closes. Je me suis alors perché sur le rebord de l’une d’elles pour regarder quand même à l’intérieur, et j’ai pu voir qu’un artiste était en train de peindre sur une toile. Bien que le peintre m’ait demandé de cesser de l’observer et de m’en aller, je suis rentré chez moi convaincu qu’un jour je pourrais moi aussi devenir peintre. Qu’est-ce qui vous a poussé à consacrer votre vie à la peinture ? En premier lieu, le réel plaisir que j’éprouve à peindre. Ensuite, comme je m’étais mis à décorer des nappes et des petits tapis, les gens ont commencé à les acheter. C’est ainsi que, quand j’ai eu 20 ans, j’ai découvert que je pouvais joindre à mon travail de colporteur évangéliste mes efforts artistiques. Pendant quelque temps, j’ai aussi fait de la décoration de porcelaine en usine, mais huit ans après, mes tableaux me rapportaient assez pour que je puisse me marier et fonder une famille. D’où tirez-vous vos idées de tableaux ? Surtout de l’observation de la nature. C’est pour cette raison que j’aime voyager et visiter de beaux paysages. Il y a tant à voir ! On prend note des formes, des contrastes de lumière et d’ombre, des variations de couleurs à différents moments de la journée. Je suis aussi inspiré par l’observation d’autres tableaux. Quel est votre sujet favori ? La nature me fascine depuis mon enfance. Tout en elle parle du Dieu créateur qui aime la variété, les couleurs et la beauté. Dans mes paysages, j’aime combiner la terre, le ciel et l’eau, y ajoutant des arbres et des fleurs. Un des avantages du statut d’artiste peintre est que l’on a la liberté de créer son propre paysage, en en modifiant certains des éléments pour que cela corresponde à ce qu’on a à l’esprit. Avez-vous une préférence quant au type de peinture utilisé ? Je me suis servi de la peinture à l’huile pendant des années, mais elle sèche lentement, ce qui exige de l’artiste qu’il fasse de longues pauses avant d’appliquer une couleur différente. Par ailleurs, dans les climats humides, les tableaux à l’huile peuvent moisir. De plus, il y a dans la peinture elle-même une forte proportion d’essence et de plomb, choses plutôt malsaines. Je suis donc passé à la peinture acrylique, qui sèche rapidement et ne moisit pas. Dans quelles circonstances êtes-vous devenu membre de l’Église adventiste du septième jour ? Mon père était un fidèle catholique. Nous avions un autel à la maison et chaque soir nous récitions le rosaire. Mais il nous lisait aussi la Bible, bien que beaucoup de gens y aient vu un livre dangereux. Une nuit, quand j’étais adolescent, une de mes sœurs a eu un rêve frappant, dans lequel elle a vu deux lumières brillantes entrer chez nous par la porte d’entrée. Elle s’est réveillée tout effrayée et s’est précipitée pour raconter son rêve à notre père. Il l’a rassurée et lui a dit de retourner dormir. Mais le lendemain matin, deux colporteurs évangélistes adventistes sont entrés par cette même porte ! Pendant plusieurs jours, ils ont étudié avec nous les enseignements de la Bible et, en quelques mois, nous avons tous été baptisés dans la rivière qui coulait derrière notre ferme. Désormais seuls adventistes de la région, nous étions quatorze à commencer en famille à observer le sabbat du septième jour et à pratiquer à la maison nos dévotions et nos services de culte. Que s’est-il passé ensuite ? Notre famille était auparavant fort populaire parmi nos voisins. Nombre d’entre eux aimaient les fruits et les légumes que nous produisions et que nous leur donnions gratuitement. Mais après que nous fûmes devenus adventistes, leur attitude a changé du tout au tout. Nos parents et amis se sont écartés de nous et se sont mis à nous traiter avec mépris. Ce fut une triste période pour notre famille. On nous a dénoncés à la police comme étant des gens dangereux. Un des policiers est venu nous voir à l’école, nous a pris à part et nous a posé des questions sur nos croyances et sur nos pratiques cultuelles. Nous lui avons dit que nous étudiions la Bible ensemble, que nous chantions des hymnes et que nous adressions nos prières directement à Dieu. Notre instituteur est intervenu et lui a demandé si c’était un crime que de lire la Bible dans un pays libre. Le policier a répondu que bien entendu ce n’était pas un crime, puis il est reparti. Y a-t-il un lien entre vos convictions chrétiennes et votre art ? Ils ne pourraient être plus proches l’un de I’autre ! Je conçois ma peinture comme une minuscule et modeste imitation du magnifique pouvoir créateur de Dieu, révélé dans la nature. En peignant, j’exprime ma gratitude au Seigneur. Comment nourrissez-vous votre vie spirituelle ? Dans notre famille, nous avons adopté le schéma chrétien « classique ». Chaque jour, nous étudions la Bible et nous prions ; nous sommes actifs au sein de l’église adventiste locale et nous partageons notre foi avec autrui chaque fois que nous en avons l’occasion. Jésus-Christ, ami fidèle, est au centre même de notre vie. Et tout comme nous bénéficions des bénédictions divines, nous cherchons à en faire bénéficier les autres. Votre art vous a-t-il donné l’occasion de témoigner pour Jésus ? Oui, de nombreuses fois. Les gens qui viennent voir mes expositions posent généralement des questions, ce qui m’offre une ouverture naturelle pour parler de mes motivations, de mes espoirs et de mes convictions. Alors que nous vivions au Venezuela, le Congrès national m’a honoré en m’accordant la citoyenneté vénézuélienne et m’a invité à exposer chaque année mes tableaux au rez-de-chaussée de son bâtiment. Quand les sénateurs, les membres du Congrès et leur personnel venaient les voir, je pouvais donner des Bibles à ceux qui montraient de l’intérêt pour les questions spirituelles. Qu’est-ce qui vous donne, en tant que peintre, la plus grande satisfaction ? Contempler un tableau achevé ! Et voir comme les gens prennent plaisir à ce que j’ai peint. Ce que je désire, c’est leur transmettre un sentiment de joie et de paix. Une dame qui avait acheté un de mes paysages est revenue pour me remercier et m’a raconté son histoire : pour diverses raisons, elle souffrait de dépression et avait été internée pour être soignée. Elle a demandé que le tableau lui soit apporté de chez elle dans sa chambre de clinique et l’a contemplé tous les matins. Elle a senti que la paix et l’espoir revenaient dans sa vie et elle fut bientôt en mesure de rentrer guérie chez elle. Au-delà de cette satisfaction personnelle, j’éprouve de la reconnaissance pour le fait que les gains tirés de la vente de mes tableaux m’ont permis de subvenir aux besoins de ma famille, d’éduquer nos fils et de soutenir plusieurs étudiants prometteurs, ainsi que la mission de l’Église adventiste. Parlez-nous de votre épouse. Alba s’est mise à la peinture après notre mariage et est devenue très bon peintre, ainsi que l’amicale critique de mon travail. Au Venezuela, elle a remporté le premier prix d’une exposition internationale de femmes peintres. Ensemble, nous avons partagé de nombreuses années de bonheur. Quel conseil donneriez-vous aux jeunes ayant le désir de peindre ? Mettez-vous tout simplement à peindre pour développer votre habilité jusqu’à ce que vous trouviez vos propres lignes de force et votre propre style. Acceptez d’apprendre des autres. Agissez ainsi et votre vie deviendra plus riche et plus agréable. Si votre vocation et vos talents sont solides, vous pourrez peut-être faire de l’art votre profession pour la vie. Je crois que peindre m’a permis de vivre une longue vie. Dieu donne a chacun de nous une certaine aptitude artistique, que ce soit en peinture, en sculpture, en musique, en design ou en création littéraire. Notre tâche consiste à nourrir ce don avec patience et persévérance. Si grâce à Dieu vous parvenez à la nouvelle Jérusalem, vous imaginez-vous y peindre encore ? Je n’en sais rien. Même dans notre monde imparfait et déchu, on trouve parfois une telle beauté que l’on en est presque suffoqué. Sur la terre refaite à neuf, il y a aura tant de beauté tout autour de nous que je me demande si j’oserai l’imiter avec ma pauvre peinture. Il se peut que Dieu accorde à ceux qui auront été rachetés d’autres aptitudes artistiques, d’un ordre supérieur, que nous ne pouvons même pas imaginer actuellement. Mais il est certain que c’est dans l’espérance que j’attends le jour où le Christ recréera tout en nouveauté ! Humberto M. Rasi est fondateur et rédacteur en chef de Dialogue. Adresse postale de Romualdo Costa : 2255 Cahuila, Apt. 51 ; Colton, Californie 92324, USA. |
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