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Lidija Odorčić : Dialogue avec une adventiste médecin de famille en Slovénie Zvonko Virtič
Parlez-nous, s'il vous plaît, de vous, de votre famille et de votre travail. Je suis le médecin d'environ 1800 patients, essentiellement des enfants et des jeunes. Avec mon époux qui est médecin généraliste, nous tenons une clinique à Kočevje. Nous avons deux fils. L'aîné est étudiant en philosophie et le cadet est encore au cours secondaire. Kočevje est une petite ville à 60 km de Ljubljana, la capitale slovène. Elle est située au bord d'une épaisse forêt où l'on peut encore rencontrer des ours, des lynx et d'autres animaux sauvages, et aussi nombre de cervidés. Travailler à 60 km de l'hôpital le plus proche est un véritable défi. Commençons par votre enfance. Je suis née à Delnice, en Croatie, quand celle-ci faisait encore partie de l'État communiste de Yougoslavie. Mes grands-parents étaient déjà adventistes. Cependant, alors que nous grandissions, l'engagement religieux était toujours mal vu par les autorités politiques. Cela pouvait signifier des obstacles dans la formation ou dans la promotion professionnelle. Voilà pourquoi, petite fille, je voulais être styliste indépendante ; comme ça je pourrais observer le sabbat. Ma jeune sœur et moi avons grandi dans un foyer accueillant et agréable, entourées par l'affection et le dévouement de nos parents. J'ai commencé ma formation dans une école de musique. Quatre ans plus tard, notre paroisse perdit son organiste et je fus désignée pour la remplacer. Vers huit ans, j'eus une forte envie de devenir médecin. Je me rappelle très bien des circonstances qui ont entouré cette décision. Notre famille rendait visite à une amie qui rentrait tout juste de l'hôpital. Elle se plaignait que les infirmières et les médecins étaient durs. J'en fus émue pour elle et je pris ma décision : « Eh bien, je vais devenir médecin, mais je serai douce et aimable. » Après l'école élémentaire, je suis allée dans une institution adventiste où il y avait une école secondaire et un centre théologique, à Maruševec, en Croatie. Les cours avaient leiu dans un vieux château du XVIIe siècle. Il y avait beaucoup de jeunes, tous chrétiens. Il y avait aussi de la musique. J'eus donc l'occasion de poursuivre mes études musicales. Et comment êtes-vous entrée à l'école de médecine ? Au collège, je passais le plus clair de mon temps à faire de la musique et beaucoup moins à étudier les sciences. À cause d'une mauvaise note en sciences, je ne fus pas sélectionnée par l'école de médecine de Zagreb. J'entrai donc au conservatoire de musique, mais un conflit avec un professeur de piano impoli me déplut et je continuai à prier pour qu'une porte s'ouvre d'une manière ou d'une autre afin que j'entre en médecine. Et Dieu ouvrit la porte. Par un vrai miracle, je fus acceptée à l'école de médecine. C'était encore à l'époque de l'ancien régime, et il y avait régulièrement des cours et des examens le samedi. Grâce à la prière et à quelques talents diplomatiques, je pus continuer à observer le sabbat. Mais en troisième année, je me trouvai face à un réel obstacle. Le cours d'anatomie pathologique était donné tous les jours de la semaine. Il y avait un programme spécial chaque jour et si l'on manquait ce cours un jour, on manquait le même cours la semaine suivante. Cela signifiait pour moi un sérieux problème : je ne pouvais pas assister à la séance de laboratoire le samedi sans transgresser le sabbat. Je suis allée parler au professeur responsable en lui demandant de faire une exception pour moi en raison de ma foi. Non seulement elle ne fut pas d'accord, mais elle fut dure et insultante envers ma foi, mon Église et moi-même. Ce professeur avait beaucoup d'influence, elle était une partisane de premier plan et une communiste fervente. Bien que déçue, je continuai à étudier et à participer à tous les autres cours, tant et si bien que, lorsque vint le temps des examens, je les réussis. Et alors ? À la fin de nos études, mon mari et moi avons accepté un poste en Slovénie. Il n'y avait pas d'adventistes dans la région dans laquelle nous nous installâmes. L'église la plus proche était à environ 45 km. Adieu donc aux chorales, groupes de chant, école du sabbat, jeunesse et autres activités d'église. Pendant de nombreuses années, mon mari et moi avons travaillé avec des dirigeants de l'Église adventiste, en présentant des séminaires sur la santé et le mode de vie dans de nombreuses églises de notre région. Pour finir, nous avons décidé de présenter aussi un tel séminaire dans notre propre ville. Bientôt, nous avons pu avoir notre communauté, avec dix membres et autant d'amis. Vous exercez tous deux dans des unités médicales gouvernementales. Votre mari a été directeur d'une telle institution. Pourquoi avez-vous lancé votre clinique privée ? Avec l'explosion de la Yougoslavie, de nouvelles frontières ont vu le jour, et aussi de nouvelles opportunités et de nouvelles libertés. C'est tout d'abord mon mari qui a lancé la clinique privée et je l'ai suivi un peu plus tard. J'aime beaucoup mon travail. Quand je vois la joie sur le visage de mes patients, leur victoire sur leurs problèmes, leur confiance et leur coopération dans les projets thérapeutiques, cela me rend heureuse. Dans mon bureau, je rencontre aussi beaucoup de bébés et d'enfants que l'on m'amène pour des visites de routine, des vaccinations et des tests de développement. Travailler avec des enfants est toujours une joie ! Si, lorsque vous étiez jeune, quelqu'un vous avait dit qu'un jour vous seriez nommée « médecin de l'année » en Slovénie, qu'auriez-vous pensé ? Impossible ! Voilà quelle aurait été ma réaction. En tant que médecin libéral, je fais souvent l'objet d'inspections et de vérifications. Ce n'est pas le cas de mes confrères des établissements publics. Je dois être très prudente dans mes prescriptions médicales et vigilante pour protéger les droits de mes patients. Une personne qui agit selon les règles ne peut pas être populaire. C'est pourquoi j'ai été très surprise d'être choisie dans cette compétition. Quels principes vous semblent significatifs dans votre pratique professionnelle ? Je crois que l'Évangile nous donne des principes de base qui sont applicables à toutes les professions. En tant que chrétienne, je ne dois faire aucune discrimination entre les personnes. Je dois respecter l'intégrité et l'intimité de tous ceux avec lesquels je travaille. Je dois me montrer serviable et compréhensive quand c'est nécessaire, et je dois assumer ma tâche avec honnêteté, confiance et amour. Avec de tels principes pour nous guider, nous pouvons tous réussir ce que nous faisons. Quelle est la situation religieuse en Slovénie ? Qu'en est-il de l'Église adventiste ? Aux XVIe et XVIIe siècles, la Slovénie était protestante, mais après elle est devenue plus catholique. Actuellement, ce sont le sécularisme et le New Age qui ont le plus d'influence. Mais il y a encore des gens qui sont en quête de la vérité. L'Église adventiste, bien que peu nombreuse, est très active. Je suis sûre qu'avec l'aide de Dieu et l'engagement des jeunes qui ont des responsabilités, notre Église va grandir en nombre et en influence. Quel conseil donneriez-vous à un jeune adventiste qui voudrait se lancer dans cette carrière ? Donner la priorité à ce qui fait la différence entre nous, les chrétiens, et le reste du monde. Mais ce n'est pas un long fleuve tranquille ; c'est un chemin caillouteux, difficile et qui grimpe souvent. Mais en s'en remettant à Dieu et à ses promesses, c'est faisable. Mon conseil est celui de Salomon, qui reste ma devise ; « Ne te fie pas à ta propre intelligence mais place toute ta confiance dans le Seigneur. Appuie-toi sur lui dans tout ce que tu entreprendras et il te montrera comment tu dois agir. » (Proverbes 3.5,6) Zvonko Virtič est rédacteur en chef du journal adventiste de Slovénie Adventistični pregled. Email : advent.pregled@siol.net. Email du Dr Lidija Odorčić: lidija.o@siol.net. |