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Benjamin Gunawan Yonas : Dialogue avec un ingénieur adventiste en Indonésie Jonathan Kuntaraf
Benjamin, parlez-nous de vos origines et de votre rencontre avec l’Église adventiste. J’ai grandi dans une famille athée. Mon père est un libre penseur et ma mère est disciple de Confucius. Sur six enfants, je fus le seul à être envoyé dans un lycée adventiste pendant deux ans et demi, où j’ai commencé à apprendre la Bible et les doctrines adventistes. Je me suis senti touché spirituellement lors d’une semaine de prière. Bien que convaincu de la vérité, je n’étais pas prêt à devenir adventiste. Alors que je rencontrais des problèmes personnels douloureux, un camarade me réconforta et m’invita dans une église adventiste chinoise. Le pasteur pria pour moi et je me mis à fréquenter régulièrement cette assemblée. En 1982, le pasteur qui avait animé la semaine de prière tenait une série de conférences d’évangélisation. J’y assistai régulièrement et à la fin je fus baptisé – peut-être ne vous en souvenez-vous pas, mais c’était par vous. Peu après, j’épousai une adorable jeune femme adventiste, Juniar Jacob, et le Seigneur nous a bénis en nous donnant deux enfants. Nous savourons les bénédictions de Dieu à chaque instant. Vous êtes diplômé d’une université catholique célèbre. N’avez-vous pas eu quelques ennuis pour l’observance du sabbat? ? Si. De nombreux cours étaient programmés le samedi, ainsi que des examens. Ce fut difficile. L’université Parahiangan compte 7000 étudiants, dont 2000 sont en première année. Donc le règlement est très strict et inflexible. Il a fallu que je choisisse avec précaution mes matières de sorte que je ne rencontre pas de problèmes pour le sabbat. Tant et si bien que j’ai dû faire un de mes cours du premier semestre au cours de mon neuvième semestre. Une fois, j’ai demandé à un pasteur adventiste de faire une lettre pour obtenir une dérogation spéciale pour le sabbat, mais cette lettre me créa plus d’ennuis. Le doyen de l’école d’ingénieur rejeta ma demande par écrit et envoya une copie de son refus à tous les autres professeurs. Du coup, quelques-uns d’entre eux refusèrent de m’accorder une session d’examen personnelle. Comment êtes-vous resté ferme dans vos convictions malgré vos difficultés pour l’observance du sabbat? ? Probablement grâce à trois facteurs?: mes amis chrétiens qui avaient les mêmes problèmes, mon engagement à être fidèle à Dieu, et l’amitié et le soutien des membres de l’association des étudiants adventistes de Bandung (IMAB). En tant que nouvel adventiste, j’ai aussi été encouragé à rester fidèle par les écrits d’Ellen White. Dieu m’a donné le pouvoir de faire sa volonté. Avec ses bénédictions, j’ai pu faire le programme de 10 semestres en 12 semestres. C’était plus rapide que ce que j’espérais, compte tenu de mes problèmes liés au sabbat. Pouvez-vous nous parler un peu de l’histoire de l’IMAB, et des avantages des associations d’étudiants universitaires adventistes ?? L’IMAB a été créé en 1979 et j’ai eu le privilège d’en être le président pendant deux ans. Son but principal était de favoriser l’amitié entre étudiants adventistes, d’intervenir dans les problèmes liés au sabbat, et d’apporter une contribution positive dans l’Église et dans la société. L’IMAB nous a aussi aidés dans un tas d’autres activités. Nous apprenions à nous soutenir et à nous aider les uns les autres. Notre groupe d’étude de la Bible nous a aidés dans notre croissance spirituelle et nous a préparés à témoigner. Nous apprenions à travailler ensemble et à développer nos dons de leadership. Par l’intermédiaire de l’Église, nous nous sommes impliqués dans divers projets sociaux comme creuser des puits, construire des toilettes ou monter des plans de financement coopératif. Nous avons aussi mis des livres d’Ellen White dans de nombreuses bibliothèques de collèges et de lycées, de sorte que d’autres puissent en apprendre plus sur notre foi. Ces initiatives nous ont aidés à progresser socialement, spirituellement et intellectuellement et à donner ainsi une image positive des chrétiens en général et des adventistes en particulier. Vous êtes le seul adventiste dans votre famille. Comment cela se passe-t-il? ? Je veux aider ma famille à connaître la vérité de l’Évangile, à croire ce que je crois et à se joindre à l’Église adventiste. Ils me respectent et me demandent conseil quand ils ont des problèmes. Je suis heureux parce que mes parents et mes frères et sœurs ont visité notre église, mais il faudra encore du temps. Avec l’aide de Dieu, ma grand-mère a été baptisée. Quel genre d’affaires faites-vous? ? Le Seigneur nous a bénis dans nos affaires. Nous avons une entreprise de construction et une de consultants immobiliers, nous possédons une imprimerie et trois écoles de musique. Nous avons aussi une agence immobilière qui gère deux gratte-ciel à Bandung. Quel est le plus grand défi que vous relevez dans votre travail?? Avez-vous l’occasion de témoigner? ? J’ai toujours des problèmes en rapport avec le sabbat. C’est un vrai challenge que de construire des immeubles sans travailler le samedi. Il nous faut convaincre le client que nous pouvons tenir les délais sans travailler le sabbat. Ainsi il arrive souvent que l’on me demande pourquoi je n’aime pas faire des affaires le samedi. Cela me donne l’occasion de partager ma foi. Pouvez-vous utiliser vos talents professionnels pour le progrès de notre Église en Indonésie?? Le Seigneur nous a permis de servir dans divers projets de construction à l’hôpital adventiste de Bandung. J’ai aussi conçu et construit plusieurs bâtiments d’écoles adventistes, une salle de conférence, le dortoir des filles d’une université adventiste, l’hôpital adventiste de Manado et d’autres projets encore. J’ai eu le privilège de concevoir plusieurs églises adventistes et d’aider à diminuer les coûts de construction. Vous semblez très occupé. Comment arrivez-vous à garder un équilibre entre votre métier, votre famille et l’Église?? C’est dur de gérer son temps, mais je remercie Dieu pour le sabbat. J’ai aussi appris à déléguer. Je prends le temps de faire de l’exercice régulièrement. Nous prenons aussi du temps pour des vacances en famille. Avez-vous entendu parler de Dialogue, revue dans laquelle cette interview va être publiée?? Oh oui?! J’ai connu Dialogue lorsque j’étais à l’université et je trouvais ce magazine très intéressant, inspiré et au cœur des besoins des étudiants adventistes. Nous espérons que sa diffusion va continuer et s’étendre. Quel conseil donneriez-vous aux étudiants adventistes inscrits dans des lycées ou des universités non adventistes?? De rejoindre l’association adventiste des étudiants universitaires. S’il n’y en a pas, d’en créer une. Cela vous aidera à rester fidèles, à grandir spirituellement et à servir. En tant que membres de l’IMAB, nous avons contribué à la mise en place de plusieurs associations d’étudiants dans d’autres villes et nous avons organisé une rencontre pour les étudiants universitaires adventistes de toute l’île de Java. Un conseil pour les dirigeants de l’Église adventiste?? Notre Église sera bien plus forte si nous apportons plus de soutien aux milliers d’adventistes qui étudient dans les universités publiques. Souvent ils doivent partir loin de leur église pour étudier et ils deviennent alors quasi invisibles où ils se trouvent. Faites un effort pour les localiser et écoutez leurs problèmes. Nommez un aumônier pour eux. Si nous leur portons attention, ils seront fidèles et ils deviendront des témoins pour leur Église sur les campus publics. Plus tard, ils seront les chefs dont notre Église et notre société ont besoin.
Jonathan Kuntaraf (doctorat de l’université Andrews) est directeur du département de l’École du sabbat et des Ministères personnels de la Conférence générale des adventistes à Silver Spring, Maryland. Courriel?: kuntarafj@gc.adventiste.org. Le courriel de Benjamin Gunawan Yonas est?: bg_yonas@telkom.net. Il a deux sites Web?: www.bandungvaluestay.com et www.allegria-music.com.
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